Présidentielle : les resultats du premier tour vus par Jean-David Haddad

Dans sa chronique de ce lundi matin, reproduite en quasi-intégralité ci-dessous, Jean-David Haddad fait le point sur l'issue du premier tour de l'élection présidentielle.

De quoi parler d'autre que de l'élection ce matin? Parler d'autre chose vous indiffèrerait ce matin je crois... Alors, pour cette chronique, nous allons parler élection et surtout, car c'est cela que vous attendez avant tout, conséquences sur les marchés.

Le deuxième tour oppose des politiques d'une nouvelle génération, qui arrive désormais au pouvoir, la génération X née entre 1965 et 1980 en gros. On note déjà une volonté du peuple d'avoir une nouvelle génération au pouvoir.

Au delà de cela, bien sûr la défaite de Fillon (votre candidat à 65% selon notre sondage Francebourse) est décevante. J'ai moi-même voté pour lui, mais, quoi qu'on pense des affaires qui lui ont été sorties pendant la campagne, il faut savoir accepter le verdict des urnes.
Autant j'étais très interrogatif sur le partage des voix à ce premier tour et donc sur le duel final, autant je pense à présent que l'issue du second tour ne fait quasiment aucun doute. Le score final est à ce jour incertain; mais le marcheur va gagner, c'est une évidence. Avec 55% ou 75%? Peu importe finalement, du moins pour les marchés financiers. Il faut s'habituer à parler du Président Macron.
La France risque d'être difficile à gouverner par la suite, mais là encore, peu importera aux marchés financiers, car ce sera soit un gouvernement de droite si la droite parvient à gagner les législatives, soit un gouvernement d'union nationale et d'alliances qui se feront au gré des réformes si chaque parti n'a qu'une majorité relative aux législatives.
Les deux partis anti-finance, anti-libéralisme n'arriveront pas au pouvoir pour cette fois, et ce ne sera donc pas un krach en vue à l'issue de ces élections. Et dire que Mélenchon voulait supprimer le fixing et donc revenir 50 ans en arrière, de quoi faire fuir tous les investisseurs du monde de la bourse de Paris. Mais bon, n'en parlons plus, il est "out".

Les marchés vont donc aujourd'hui saluer vraisemblablement cette élection, et très vite, ils reprendront leur marche normale.
Macron et Fillon étaient les deux candidats souhaités par les marchés. D'ailleurs les patrons étaient partagés entre l'un et l'autre, les banques étant évidemment pour Macron.

Que penser du programme de Macron (qui ne sera peut-être jamais appliqué)? Là encore je ne vais circonscrire mes propos au champ économico-financier.
-Le fait de faire sortir le patrimoine financier de l'ISF est une bonne mesure pour vous qui investissez en bourse! Cela ramènera peut-être vers la bourse un certain nombre de français qui s'en étaient écartés depuis la crise de 2008. Si tant est que ces derniers finissent enfin par comprendre que rien ne vaut la gestion individuelle.
-La flat tax de 30% (incluant la CSG) proposée sur tous les revenus du patrimoine est exactement la même mesure que préconisait Fillon. C'est dans l'ensemble une bonne mesure quoiqu'avant c'était 25%, souvenez-vous. Ce sera une mauvaise mesure pour les épargnants qui ont de petits revenus et qui investissent en bourse car eux étaient avantagés par le système Hollande qui incluait tous les revenus de la même manière dans le calcul de l'IR.
-Pour les entreprises, son programme n'est pas du tout aussi libéral que le disent les médias et que le dit la gauche radicale. Macron a une vision assez colbertiste malgré tout, il veut faire des lois pour tout, en bon socialiste nouvelle génération qu'il est. C'est bien un mal français de vouloir traiter tous les problèmes, toutes les inégalités par des lois, des lois et encore des lois. Le métier d'avocat a de beaux jours devant lui. En gros, son programme pour le monde de l'entreprise sera dans la droite lignée de ce qui se fait depuis 3 ans. Dont les marchés s'accommodent puisque le CAC 40 a gagné 60% sous Hollande.
-Niveau mondialisation, Macron est un mondialiste convaincu. Tant dans sa dimension économique que dans sa dimension immigrationiste. Européen convaincu, son élection, qui sera anticipée dès aujourd'hui, risque plutôt d'avoir des conséquences positives sur l'Euro. Qui malgré tout ne montera pas bien haut, car l'Europe ne s'arrêtera pas à ce futur nouveau et très probable futur président. Les problèmes de la Grèce risquent donc de revenir sur le tapis. Je ne vais pas ouvrir le débat sur la mondialisation ce matin, mais vous le savez, il y a le pour et le contre. Le pour car elle permet à nos entreprises de s'exporter, se développer, conquérir de nouveaux marchés... Le contre car elle détruit des emplois et carrément des entreprises qui disparaissent sous la pression de la concurrence par les prix.
-Niveau fiscalité, rien de révolutionnaire. Il ira dans la lignée de celui de Hollande qu'il a d'ailleurs participé à élaborer.
Sous un nouveau nom, En Marche est tout simplement une évolution et une adaptation au monde moderne du vieux Parti Socialiste dont le pauvre candidat, qui a eu le mérite de faire une campagne digne et de poser des questions intéressantes (sans amener forcément les bonnes solutions), a fini à 6%.

Le programme du marcheur ne va pas aussi loin que celui de Fillon dans le sens du libéralisme, ni dans le sens pro-entreprises, mais il est, disons, dans l'air du temps. Il poursuit les évolutions amorcées depuis 3 ans, mais les français ne veulent pas être bousculés c'est bien connu!
Ce n'est pas un mauvais programme en soi. Et rassurez-vous il sera relativement apprécié des marchés. Sans pour autant que la bourse de Paris devienne un eldorado.

Le système fait une mue de façade, mais bien sur il reste sur ses pieds.
Et la vie reprend son cours normal.
La page politique qui perturbe le jeu des marchés depuis un an et demi arrive à son terme et c'est tant mieux car nous allons pouvoir revenir à des considérations de marché.
Et garder nos actions françaises! Voilà la bonne nouvelle du jour.
La seule bonne nouvelle en fait, pour nous investisseurs, c'est qu'il n'y a pas un duel Le Pen/Mélenchon.

Voilà c'est déjà ça.

Allez, on repart de l'avant et je vous envoie dès ce matin une recommandation par rapport à la stratégie qui a été mise en place avant les élections.

Je vous souhaite une très bonne semaine!