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Alger meurtri par le terrorisme

Article du 12/04/2007
Au moins 24 morts, plus de 220 blessés, des dégâts matériels considérables, une ville meurtrie, la communauté internationale sous le choc. Mais surtout une signature : Al-Qaida.
Les attentats perpétrés hier dans la capitale algérienne par des voitures suicide remplies d’explosifs ont brusquement rappelé la vigueur du mouvement terroriste islamique qui, empêché dans ses bastions originels, cherche à gagner du terrain au Maghreb. Après ces deux attentats à la bombe commis par trois kamikazes en plein cœur d’Alger – à proximité du Palais du gouvernement dans le centre de la capitale et d’un immeuble de la police dans la banlieue est, sur la route de l’aéroport international, difficile de ne pas songer à ceux commis la veille même au Maroc voisin.

La signature d’Al-Qaïda

Les deux attentats d’Alger auraient été revendiqués par un porte-parole de l’Organisation d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, à travers un appel téléphonique à la télévision panarabe par satellite Al-Jazira. Sur un site Internet islamique, des photos des trois kamikazes ont été diffusées. Dans sa revendication, le mouvement affirme que les trois véhicules transportaient respectivement 800, 700 et 500 kilos d’explosifs
Cette organisation n’est autre que la branche d’Al-Qaïda dans cette région plus occidentale, branche qui est venue se greffer sur une organisation bien connue pour ses crimes, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat. Auteur de la prise d’otages de touristes occidentaux en 2003 au Sahara algérien, ce groupe terroriste a commis nombre d’attentats terroristes en Algérie.
En septembre 2006, le GSPC a changé de nom pour montrer son allégeance à Ben Laden en devenant la « Branche armée d’Al-Qaïda au Maghreb ».
Le mois dernier, le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière avait estimé que le GSPC avait vocation à fédérer et coordonner l’ensemble des mouvements djihadistes radicaux du Maghreb, le GICL libyen, le GICM marocain, le GICT tunisien. Voire même de certains pays d’Afrique noire comme la Mauritanie.
D’ailleurs, dans un document intitulé « La conquête Badr du Maghreb islamique » et signé « Le Mouvement d’Al-Qaïda dans les pays du Maghreb islamiques - Commission d’information », le groupe s’engage à commettre davantage d’attentats et affirme avoir mené depuis le 1er avril plusieurs autres actions anti-gouvernementales en Algérie.
La date de ces attentats est également le signe de la main d’Al-Qaïda. Les attentats de New York contre le Wall Trade Center avaient été commis un 11 septembre (2001), ceux de Madrid un 11 mars (2004), celui contre une synagogue de Tunisie un 11 avril (2002), celui dans un café Internet à Casablanca un 11 mars (2007). Nous étions hier le 11 avril.

Une recrudescence de la violence dans la région

La veille, au Maroc, trois terroristes s’étaient fait exploser alors qu’ils étaient traqués par la police, faisant moins d’une dizaine de blessés. Al-Qaïda aurait également revendiqué ces attaques terroristes dans la capitale économique marocaine, Casablanca.
Selon le cabinet d’études économiques Asterès, ces attentats pourraient affecter les économies de la région, en entraînant un recul de la confiance des agents économiques, et notamment des investisseurs étrangers qui soutiennent en grande partie l’activité économique des pays du Maghreb. L’accroissement des dépenses militaires pourrait augmenter leurs déficits publics, au risque de freiner le passage de ces économies émergentes au statut d’économies développées.
La région d’Alger n’avait pas connu pareille attaque depuis 2002. L’explosion d’une bombe sur un marché de la banlieue d’Alger avait alors fait 38 morts et 80 blessés. L’attaque contre le Palais du gouvernement est le premier attentat d’envergure depuis les années 1990. Le pays avait sombré dans la violence en 1992 à la suite de la décision du gouvernement, soutenu par l’armée, d’annuler des législatives que le Front islamique du salut (Fis) était en passe de remporter. Les violences qui avaient suivi avaient fait près de 200 000 morts.
Depuis l’affiliation à Al-Qaïda, les violences ont, semble-t-il, repris. Le 13 février dernier, plusieurs postes de police avaient été visés par des attentats à la bombe à l’est d’Alger. Bilan : six morts et une douzaine de blessés. Depuis début avril, au moins 33 personnes ont été tuées dans des violences attribuées aux islamistes, selon un décompte établi d’après des bilans officiels et de presse. Les commissariats sont une des cibles privilégiées des rebelles islamistes algériens.
Face à cette recrudescence, le gouvernement a décidé d’agir. Depuis plusieurs jours, les autorités algériennes tentent de mettre la main sur des combattants du groupe islamiste en Kabylie (est de la capitale), où les accrochages avec l’armée sont fréquents et violents (neuf militaires sont morts il y a cinq jours lors d’un raid).

Une condamnation internationale

Le chef du gouvernement algérien, dont le quartier était visé, a qualifié de « criminels et lâches » ces deux attentats. Il a dénoncé « un acte criminel qui relève de la pure lâcheté et de la trahison, au moment où le peuple algérien revendique la réconciliation nationale ».
Réconciliation qui doit passer par les urnes avec des élections législatives le 17 mai prochain et que tente de saboter le GSPC.
En France, le président Jacques Chirac a exprimé la « profonde solidarité » des autorités françaises dans la lutte de l’Algérie contre « le terrorisme international ».
Le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, a exprimé son « horreur » et son « indignation » et a assuré aux autorités algériennes sa « pleine solidarité dans leur lutte contre le terrorisme », dans un communiqué diffusé par le Quai d’Orsay.
Deux hauts responsables de l’Union européenne, le Haut représentant de l’UE pour les Relations extérieures, Javier Solana, et la commissaire européenne aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, ont dénoncé « avec la plus grande fermeté les attaques sanglantes », « ces actes odieux et lâches » et « ce type d’actes barbares qui ne mènent à rien ». « L’Algérie peut compter sur le soutien de l’Europe dans la lutte contre le terrorisme, qui est aujourd’hui un problème mondial », a indiqué Benita Ferrero-Waldner.
Les Etats-Unis ont dit qu’ils coopéraient avec les autorités algériennes pour identifier les auteurs. Le département d’Etat a parlé « d’atrocités » et « d’actes épouvantables (qui) ont tué sans discrimination des membres des forces de sécurité et des civils ».
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a de son côté condamné avec force « les déplorables attentats terroristes ».

Des menaces sur la France ?

La sécurité nationale française serait-elle menacée ? Après les attentats meurtriers commis à Madrid et à Londres et au lendemain de ces attaques en Algérie, le ministre de l’Intérieur a décidé de renforcer les mesures de sécurité des meetings politiques, alors que la campagne électorale bat son plein.
« L’actualité récente montre qu’il faut être d’une extrême vigilance. La France est sous une menace réelle, variée, plurielle », a averti François Baroin lors d’un déplacement à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or.
La France se situe déjà au niveau de vigilance rouge - soit un niveau 3 sur 4 - dans le plan « Vigipirate ».

Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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