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Municipales 2008 : Bertrand Delanoë se lance dans la bataille

Article du 07/09/2007
Bertrand Delanoë a mis fin mercredi à un suspens qui n’en était pas un. « Oui », le maire de Paris sera candidat à sa propre succession lors des prochaines élections municipales en mars 2008.
« Ce n'est pas une décision qui va de soi, après un mandat qui aura duré sept ans. Donc j'ai bien réfléchi. Mais si j'ai décidé de m'engager à nouveau, c'est pour impulser une dynamique nouvelle. Mon projet consiste, avec les Parisiens, avec une équipe, à donner un temps d'avance à Paris », a-t-il déclaré dans une interview accordée au Parisien.
Ce week-end à la Rochelle, Bertrand Delanoë était l’une des figures phares de l’université d’été du PS. Le maire de Paris, s’il est réélu, pourrait bien succéder à François Hollande à la tête du parti, même s'il estime aujourd’hui que « cette question n'est pas d'actualité ». « Réélu demain, je ferai mon travail de maire à 100% », affirme-t-il dans Le Parisien.
Comme ce fut le cas pour Jacques Chirac qui s'était lancé à la conquête de la présidence en 1995, son éventuelle réélection à Paris pourrait lui ouvrir des perspectives nationales en 2012. Même si son étiquette « parisienne » pourrait être un frein dans le pays comme dans le parti.
A gauche, Denis Baupin, son adjoint aux transports, portera face à lui les couleurs des Verts aux municipales. « C’est la fin d’un insoutenable suspense », a aujourd’hui ironisé son adversaire après l’annonce de la candidature de Bertrand Delanoë.
« Je souhaite une campagne digne, sans attaques personnelles, mais concentrée sur le fond et les propositions, car c'est cela qui intéresse les citoyens », a déclaré le maire sortant.

Bilan et projet innovant

Bertrand Delanoë a été élu en mars 2001 à la faveur de la désunion de la droite entre Jean Tiberi, maire sortant, et Philippe Séguin. A 57 ans, le premier maire de gauche de la capitale compte évidemment sur son bilan pour l’emporter. Il peut s'enorgueillir de quelques belles réussites telles que le lancement du tramway des Maréchaux ou le succès du Vélib' lancé cet été. Betrand Delanoë avait débuté son mandat en fanfare avec l’annonce en 2002 du lancement de Paris Plages aujourd’hui ancrée dans le paysage parisienne. La Nuit-blanche est devenue un rendez-vous nocturne de l'art contemporain, incontournable tous les ans au mois d'octobre.
Mesure phare de sa campagne lors des municipales de 2001, le rachat d'immeubles, notamment dans les quartiers aisés de l'Ouest parisien, a permis de créer chaque année 4 500 logements sociaux.
Bertrand Delanoë a également agi pour réduire la pollution et diminuer la circulation dans la capitale, en créant de nombreux de couloirs de bus et de vélos, souvent objets de critiques de la part des automobilistes parisiens.
En revanche, le maire de Paris a du faire face à l’échec de la candidature aux JO de 2012, en raison d’un dossier moins séduisant que celui de Londres. Et d’autres projets d’urbanisme, comme la réhabilitation du quartier des Halles, apparaissent peu séduisants.
Le maire a néanmoins conscience qu’une élection ne se gagne pas uniquement sur un bilan et compte séduire les Parisiens avec « un projet innovant ».
Dans le domaine de l'environnement, il affiche un objectif de baisse de 25% des gaz à effet de serre lors de la prochaine mandature (ils ont déjà baissé de 9%, selon la mairie, depuis 2001). Le maire de Paris propose d'atteindre dès 2014 l'objectif de la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbains) de 20% de logements sociaux, ce cap étant prévu pour 2020 dans la loi.
Dans Le Parisien, il souligne que c'est son futur projet qui « déterminera les alliances futures », estimant qu'au Conseil de Paris, les élus du Modem « ont souvent des votes disparates ». Au sujet de ses turbulents alliés Verts, composante de la majorité, il affirme que ce sont les Parisiens qui « par leur vote au premier tour », détermineront « la représentativité de chacun à l'avenir ».

Un site ouvert au débat

Enfin, le candidat socialiste a ouvert mardi son site de campagne bertranddelanoe.net, où il demande aux Parisiens de débattre et de lui faire des propositions.
Dans une vidéo, il indique qu'il est candidat à sa propre succession non pour « prolonger » son mandat mais « pour une nouvelle dynamique démocratique, sociale, culturelle, urbaine, économique ». « Il fallait d'abord que Paris se retrouve, que Paris retrouve (...) sa dignité, son plaisir d'être dans une vie collective et démocratique, où il n'y a pas de faux électeurs, où il n'y a pas d'emplois fictifs ». « La démocratie est le principal acquis de tous les Parisiens ces dernières années », affirme-t-il, estimant aussi que Paris « a rattrapé beaucoup de retards en matière de solidarité, de logement ». Sur la base de ce qui a été déjà fait, il veut « construire quelque chose de neuf, quelque chose de cohérent avec le passé mais qui se projette complètement dans les temps qui viennent, dans 2008-2014 ». A cet égard, il souhaite que tout un chacun s'exprime sur son site, propose, débatte. « Même si vous ne votez jamais pour moi, j'ai besoin de toutes les opinions de Paris, j'ai besoin de toutes les expériences, des souffrances, des insolences, j'ai besoin de la vitalité, de notre créativité collective ». « Je vous propose (...) de faire avec moi et avec l'équipe qui m'entoure le dessin du Paris que nous aimons, du Paris pour lequel nous avons de l'ambition, mais pour lequel aussi nous voulons agir concrètement avec aussi un certain sens de la gestion », ajoute le maire de Paris. Tout en se disant « très fier » de l'équipe qu'il a animée depuis 2001, dont il reconnaît les résultats « tout à fait honorables » mais aussi les « insuffisances », il dit vouloir l' « enrichir » et « assembler des femmes et des hommes qui représentent vraiment Paris » avec une « diversité d'origine, de culture, d'inventivité, de passion » Avant la fin de l'année, il tiendra une réunion publique dans chacun des 20 arrondissements de la capitale.
L’annonce de la candidature de Bertrand Delanoë, aujourd'hui au sommet dans les sondages, n’est une surprise pour personne. Dans la majorité municipale, on se montre confiant : « Sa situation n'est pas la plus délicate, surtout quand on voit l'état de la droite parisienne ! »
Et la gauche, qui a raflé 13 circonscriptions sur 21 aux dernières législatives, dont celle, stratégique, du XIIe arrondissement, part en position favorable pour 2008.

Bisbilles à droite

A l’UMP, le siège de l’Hôtel de ville fait des envieux et malgré le choix des adhérents UMP de la capitale, qui ont voté en février 2006 pour une candidate en la personne de François de Panafieu, certains n’ont toujours pas dit leur dernier mot.
Avant même de se lancer dans la course aux municipales, François de Panafieu doit déjà rassembler la droite et faire taire les dissonances de quelques grandes personnalités UMP qui peuvent lui porter préjudice et empêcher l’UMP de gagner la mairie de Paris.
L’UMP, consciente que la bataille à mener sera difficile face au maire PS sortant Bertrand Delanoë, n’a donc cesse de rappeler, depuis les plus hautes instances, qu’il faut serre les rangs derrière Françoise de Panafieu. « Françoise de Panafieu est un choix définitif », affirmait récemment Alain Marleix, vice-président de la commission électorale de l’UMP.
N’en déplaise à Pierre Lellouche, député des VIIIe et IXe arrondissements, opposant à François de Panafieu lors des primaires de 2006, un processus alors décidé par Nicolas Sarkozy.
N’en déplaise à Bernard Debré, le député du XVIe arrondissement, qui est allé jusqu’à demander à François de Panafieu de se retirer de la course et opiner tout haut qu’un « accord » pourrait avoir été passé pour laisser Paris à la gauche et pour réserver la région Ile-de-France à la droite aux régionales de 2010. Devant les critiques de Bernard Debré « d’erreur de casting », la députée-maire du XVIIe arrondissement rappelle qu’elle a été désignée « sans ambiguïté et dès le premier tour » par les adhérents de la « première fédération UMP ». Et lui a tendu la main, peu rancunière : la mairie du XIIe en échange de son apaisement.
N’en déplaise à Jean Tiberi qui entend bien être candidat à sa propre succession à la mairie du Ve arrondissement de Paris. Alors que c’est David Martinon, porte-parole de l’Elysée, proche de Nicolas Sarkozy, qui y est pressenti.
Pour la tête de liste UMP pour 2008 à Paris, un seul slogan pour l’heure : l’union fait la force.
D’autres à l’UMP rappellent à qui veut l’entendre pour calmer le jeu qu’en 2001 la défaite de la droite était due aux dissensions entre les deux candidats RPR, le dissident Jean Tiberi et l’officiel Philippe Séguin.
Et quand Françoise de Panafieu parle d’union, elle pense aussi aux voix du Modem qui pourrait lui permettre de peser face à Bertrand Delanoë. Aussi, la candidate de droite n’hésite-t-elle pas à séduire au centre, évoquant même les points communs de leur vision. Françoise de Panafieu aurait même déjeuné récemment avec Marielle de Sarnez, candidate du Modem dans la capitale.

Francebourse.com – Manuelle Tilly et Alexandra Voinchet, avec AFP
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