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Interview de Jean-Pierre Crinelli, co-fondateur de Novacyt

Article du 20/05/2016
Jean-David Haddad a rencontré Jean-Pierre Crinelli, co-fondateur et Secrétaire général de la société Novacyt cotée sur Alternext, dont le titre a perdu plus de 50% depuis le 1er janvier. La publi-interview menée par JDH devrait aider nos lecteurs à se faire une opinion


Jean-David Haddad : Mr Jean-Pierre Crinelli, vous êtes le co-fondateur de la société Novacyt, cotée sur Alternext. En quelques mots, quelle est la fonction que vous occupez aujourd’hui dans cette société ?

Jean-Pierre Crinelli : Eric Peltier et moi-même avons créé en 2006 Novacyt. Jusqu’à l’acquisition de Lab21 en Juin 2014, Eric et moi avons codirigé la société. Je fus pour ma part plus impliqué dans la partie financière et administrative. Après ladite acquisition, je me suis concentré sur la partie Opérations du nouveau groupe tout en gardant une responsabilité sur la Finance et l’Administratif pour la partie française. Depuis quelques semaines, je suis Secrétaire Général de Novacyt pour gérer au plus près notre action tant au plan financier qu’administratif en France. Je souhaite aussi donner un nouveau souffle sur notre communication au marché.

JDH : Qui sont aujourd’hui les autres actionnaires qui comptent ?

JPC : les fonds historiques qui ont soutenu aussi bien Novacyt que Lab21.

JDH : Quelques noms ?

JPC : Aurinvest pour Novacyt et Merlin Investment pour Lab21. Plus récemment sont arrivés des fonds français comme Alto Invest, Vatel Capital, La Française Group ; mais aussi des fonds étrangers comme Nyenburgh. A l’occasion du très récent achat de Primerdesign, le principal actionnaire de cette société deviendra le second actionnaire de Novacyt.

JDH : Et qui est aux commandes opérationnelles de l’entreprise ?

JPC : depuis l’acquisition de Lab21 par Novacyt en Juin 2014, à côté d’un conseil d’administration de 7 membres dont 4 non opérationnels, la société est organisée avec un Directeur général, Mr Graham Mullis, un directeur financier, Mr Anthony Dyer, un secrétaire général, à savoir moi-même, et un directeur de l’Innovation, à savoir mon ami Eric Peltier. Cette équipe étant désormais complétée avec un directeur commercial ainsi qu’un responsable Affaires réglementaires et Qualité.

JDH : En quelques lignes, quelle sont les activités de Novacyt ?

JPC : Le Groupe Novacyt est un leader dans le secteur du diagnostic médical et dispose d’un portefeuille de produits et services pour le cancer et les maladies infectieuses. Grâce à sa plateforme technologique propriétaire NOVAprep® et à un vaste réseau international, Novacyt est capable de mettre à disposition une offre produits très large et très innovante dans le domaine de l’oncologie et des maladies infectieuses, par la commercialisation de réactifs utilisés en oncologie, microbiologie, hématologie et sérologie.

JDH : Vous définissez-vous comme une biotech ?

JPC : Absolument pas, il y a quelques années, on ne parlait que de biotech, puis est arrivée la distinction entre biotech et medtech, maintenant une troisième catégorie est apparue : la catégorie Diagnostic, catégorie dans laquelle s’inscrit Novacyt. Une des grandes différences avec le secteur de la Biotech, c’est que nous commercialisons nos produits sur des marchés existants ; à titre d’exemple, sur le marché du dépistage du cancer du col de l’utérus, nous avons vendu plus de 2 millions de tests depuis 6 ans.

JDH : Sur Francebourse, nous avons recommandé à nos abonnés, cela ne fait aucun secret, la société Diagnostic Medical, dite DMS. Vous estimez-vous en concurrence ou en complémentarité avec cette société ?

JPC : Ni l’un ni l’autre, cette société est une société active dans le secteur medtech, et même si nous vendons ou mettons à disposition des automates pour notre activité oncologie, c’est accessoire par rapport à l’ensemble de notre activité. Notre chiffre d’affaires provient essentiellement de la vente de réactifs, de consommables. Non de matériel médical.

JDH : Réactifs… consommables… Un peu comme des tests de grossesse mais dans d’autre domaines comme l’oncologie… Est-ce une bonne image ?

JPC : Pas exactement. Nos réactifs sont bien plus complexes que des tests de grossesse mais je comprends votre parallèle. Il a du sens pour expliquer que nous ne sommes pas dans le matériel médical ni les biotechnologies !

JDH : Vos réactifs sont-ils distribués en pharmacie ?

JPC : Absolument pas. Uniquement en laboratoires et milieux hospitaliers.

JDH : Le titre Novacyt constitue à ce jour l’une des plus mauvaises performances de l’année 2016 puisqu’il perd plus de 50% depuis le 1er janvier. Etes-vous attentifs à ce genre de choses ? Et qu’est-ce que cela vous inspire ?

JPC : Evidemment. Nous ne pouvons qu’être attentifs à cette situation qui est de notre point de vue totalement injustifiée. Au début de 2016, nous avons communiqué notre CA pour 2015 qui est en croissance de 14%. Puis avons courant janvier, annoncé l’acquisition de Primerdesign, société leader dans un secteur porteur, celui de la biologie moléculaire, avec un chiffre d’affaires en croissance moyenne de 30% sur ces dernières années, un EBITDA de plus de 30% du CA… Et malgré toutes ces annonces positives, notre cours est en forte baisse ! Il est très difficile pour nous de comprendre la réaction du marché.

JDH : Peut-être un déficit de communication ?

JPC : Oui, tout à fait. Nous sommes aperçus depuis quelques mois d’un déficit de communication de notre société vis-à-vis du marché d’où une décision de changer d’agence de communication, de changer notre site web à l’occasion d’un changement d’image qui reflète l’intégration du Groupe, de travailler avec des journalistes comme vous-même proche des actionnaires individuels, pour mieux communiquer vers le marché et en particulier vis-à-vis des actionnaires individuels qui sont très importants à nos yeux.

JDH : Vous avez communiqué récemment sur l’acquisition de Primerdesign. Dont vous avez parlé plus haut. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette société ?

JPC : Primerdesign est une société anglaise de diagnostic moléculaire spécialisée dans la conception, la fabrication et la vente de kits de PCR en temps réel et d’une plateforme technologique propriétaire Genesig. Cette société est basée à Southampton, a été créée en 2006, elle emploie 25 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires de 5,9 M€ en 2015 avec un EBITDA de 35%. La société dispose d'une base importante de clientèle au Royaume-Uni et exporte aussi vers plus de 100 pays dans le monde. La gamme de produits comprend plus de 450 kits de PCR en temps réel pour la détection d'agents pathogènes.

JDH : Envisagez-vous à l’avenir d’autres acquisitions ? Si oui, par quel moyen de financement ?

JPC : A ce jour, aucune acquisition n’est prévue ; mais comme nous l’avons indiqué, nous souhaitons accélérer la croissance du groupe, bien entendu par une croissance d’abord interne, mais si nécessaire par croissance externe, en particulier si cette acquisition vient compléter notre offre produit et/ou si elle nous permet de renforcer notre présence commerciale.

JDH : Oui mais… les actionnaires individuels détestent les augmentations de capital répétées qui les diluent à chaque fois. Que cela vous inspire-t-il ?

JPC : Nous sommes conscients que les actionnaires individuels ne sont pas favorables à des augmentations de capital répétées. C’est pour cela que, par exemple, nous avons recours à la dette mais notre objectif est d’accélérer la croissance du groupe et de retrouver notre rentabilité le plus rapidement possible, et si pour cela il nous faut faire appel au marché, nous ne pourrons pas en faire l’impasse. Mais il faut aussi intégrer que notre cours a été massacré ce qui a pénalisé nos actionnaires actuels dans le cadre de ces levées de fonds.

JDH : Novacyt pèse en bourse 17 millions d’euros. Quel est son chiffre d’affaires ? Son résultat opérationnel, son résultat net, et son endettement net à fin 2015 ?

JPC : Notre résultat opérationnel courant est négatif de 3,2 millions d’euros, ce qui est lié aux investissements dans la structure, principalement commerciale comme nous l’avions indiqué dès 2014. Notre résultat net total est une perte de 13,9 millions d’euros mais je précise que cela n'est qu'un effet d'optique comptable car nous avons procédé à environ 10 millions de dépréciation des actions Lab21 suite au repli de notre titre ces dernières semaines et notre passage aux normes IFRS. L'ampleur de cette perte est donc purement liée à un jeu d'écriture comptable. Le chiffre d’affaires consolidé a quant à lui quasiment doublé à 8.9 millions d’euros.

JDH : Considérez-vous que votre société soit une société anormalement endettée ?

JPC : Je vous laisse juge…

JDH : Donnez-moi des chiffres ! Dette, trésorerie, capitaux propres…

JPC : A fin Décembre 2015, nous avions 3,3 millions de dettes, 1,7 million de trésorerie et 10,5 millions de capitaux propres.

JDH : Ce qui fait une dette nette d’environ 1,6 million pour des capitaux propres de 10,5 millions. Le gearing, de l'ordre de 15%, classe votre entreprise dans les sociétés très peu endettées.

JPC : Ravi de vous entendre le dire !

JDH : A partir de quand envisageriez-vous le point mort opérationnel et le point mort en net ?

JPC : Grâce à l’acquisition de Primerdesign, nous devrions arriver au point mort opérationnel pour la fin de 2016 et l’ensemble de l’activité devrait nous permettre de viser un point mort net pour la fin de 2017.

JDH : Pour finir cette interview, une question moins convenue. Quel est le chef d’entreprise que vous admirez le plus et/ou que vous auriez aimé être ?

JPC : A une question moins convenue, peut être une réponse moins convenue. Comment dire… J’admire non pas un chef d’entreprise mais des milliers de chef d’entreprise de TPE/PME qui se battent chaque jour dans un environnement économique de plus en plus compétitif, dans un environnement réglementaire de plus en plus contraignant et fluctuant, avec un système bancaire qui , très rarement, aide ces entreprises dans leur financement, nerf de la guerre, même pour des entreprises en forte croissance.

JDH : Belle réflexion ! Merci beaucoup d’avoir éclairé nos lecteurs sur votre société

JPC : C’est moi qui vous remercie.

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