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Interview de Severine Jacquet, Directrice Financière de Lucibel

Article du 07/04/2017
Jean-David Haddad est heureux de réaliser l'interview d'une femme du monde des affaires, en l'occurrence la directrice financière de Lucibel, qui nous parle de l'augmentation de capital qui a lieu actuellement.

JDH : Mme Jacquet, bonjour. C’est votre première interview pour les lecteurs de Francebourse qui suivent très assidûment, je peux vous le certifier, l’actualité de la société Lucibel.

SJ : Je vous remercie de me donner ainsi l’opportunité de m’adresser à vos lecteurs de manière privilégiée et de leur livrer quelques confidences.

JDH : Vous êtes donc directrice financière de Lucibel, aux côtés du PDG Mr Granotier, que les lecteurs de Francebourse connaissent bien. Depuis quand exercez-vous cette fonction ?

SJ : J’ai été nommée Directrice Financière de Lucibel en juillet dernier.

JDH : Et auparavant, étiez-vous chez Lucibel ou bien exerciez-vous une fonction dans la finance ailleurs ? Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?

SJ : Cela fait bientôt 4 ans que je suis entrée chez Lucibel, d’abord en charge du contrôle de gestion de Lucibel SA, puis de l’ensemble du Groupe. Après un cursus à l’université de Paris IX Dauphine en finance et contrôle de gestion, j’ai commencé ma carrière en contrôle de gestion dans un grand groupe pharmaceutique suisse, Ciba-Geigy devenu Ciba Spécialités Chimiques au moment de sa fusion avec Sandoz. Responsable du contrôle de gestion de la division Additifs, je suis ensuite devenue contrôleur financier de la division Traitement des Eaux.

JDH : Un des thèmes qui s’est invité dans la campagne présidentielle, est celui de l’égalité homme/femme au travail. Pour ma part, je trouve merveilleux que ce poste, si souvent réservé aux hommes dans les entreprises, soit occupé par une femme… Comment le vivez-vous au quotidien ? Avez-vous le sentiment que le fait d’être une femme à un poste de directeur financier, impacte vos relations ? Je ne parle pas spécifiquement des collègues, mais aussi et surtout des investisseurs, des partenaires, etc… Je pense que nos lecteurs et lectrices aimeraient bien avoir votre précieux témoignage à ce sujet.

SJ : C’est vrai que les investisseurs ou les banquiers sont parfois surpris de rencontrer une femme Directrice financière d’une entreprise cotée. Même s’ils nous jugent, comme les hommes, sur nos compétences professionnelles, je pense que le fait d’être une femme peut être un vrai atout : en effet, je pense qu’une femme est, en général, plus directe, plus sincère et plus transparente qu’un homme et donc peut inspirer confiance plus facilement, ce qui est très important pour un investisseur.
Je pense que les femmes ont toute leur place dans le management des entreprises, même dans un environnement très technologique, comme c’est le cas chez Lucibel .

JDH : Venons-en plus spécifiquement à Lucibel à présent, et en particulier à cette augmentation de capital. Vous ne pouvez pas communiquer sur l’avancée de cette dernière, et c’est normal, mais pouvez-vous nous en dire plus sur l’objectif de cette levée de fonds ?

SJ :. Cette levée de fonds va nous permettre d’accélérer sur le développement de la deuxième génération de notre solution LiFi et nous permettra de saisir des opportunités de croissance externe. Il faut souligner que cette augmentation de capital s’inscrit dans un contexte de marché globalement favorable et, surtout, intervient après l’annonce de résultats 2016 en très nette amélioration par rapport à 2015.

JDH : Lors de ma dernière interview, Frederic Granotier m’a indiqué que Lucibel avait 3.8M€ de dette nette, soit un gearing que j’ai calculé à 31%. Ma question : est-ce qu’une partie des fonds qui seront éventuellement levés grâce à cette opération seront affectés à un remboursement partiel de cette dette, ou bien cela serait-il contre-productif car vous souhaitez uniquement les employer pour financer la croissance ?

SJ : Effectivement il n’est pas prévu d’effectuer de remboursement anticipé de notre dette. En revanche, nos bons résultats 2016 nous permettent de renégocier les conditions de nos principaux emprunts.

JDH : Avez-vous tendance à privilégier la croissance externe ou interne ?

SJ : Les deux ! Notre croissance organique va passer par l’accélération du LiFi, notamment avec la mise sur le marché de notre deuxième génération de luminaires LiFi au second semestre 2018. Par ailleurs, ce monde de l’éclairage en pleine révolution nous offre des opportunités de croissance externe interessantes afin de consolider nos positions sur nos segments de marché et d’améliorer encore la rentabilité de notre «Business Unit « Lighting » grâce aux synergies réalisées.

JDH : Estimez-vous que sur les années à venir, les besoins de trésorerie pour le développement vont croitre ou au contraire qu’une fois cette opération réalisée, vous allez pouvoir avancer en autofinancement ?

SJ : En 2016, l’amélioration de nos résultats combinée à une maitrise de notre besoin en fonds de roulement nous a permis de générer 2,6 M€ de cash-flow. L’objectif du Groupe est évidemment de poursuivre sur cette trajectoire, ce qui se traduira par le maintien d’une gestion rigoureuse de notre besoin en fond de roulement. Par ailleurs, comme vous le savez, les banques ne prêtant qu’aux entreprises rentables, nous allons désormais pouvoir accéder au marché de la dette. Nous comptons donc financer nos besoins futurs en priorité par nos propres cash-flow et par le recours à l’endettement bancaire, qui est non dilutif, plutôt que d’anticiper des augmentations de capital.

JDH : Question rituelle d’un économiste : pourquoi avoir choisi le marché plutôt que le crédit bancaire pour lever ces fonds ?

SJ : Pour obtenir d’éventuels nouveaux financements bancaires, nous avons choisi de renforcer nos fonds propres afin de pouvoir négocier les meilleures conditions avec nos partenaires bancaires. Par ailleurs, le LiFi ouvre des perspectives commerciales au niveau mondial et Lucibel doit être un groupe financièrement solide pour faire face à ces enjeux.

JDH : Pouvez-vous dire au marché qu’après celle-ci, les augmentations de capital c’est fini ou bien ne pouvez-vous rien dire à ce jour ?

SJ : Je peux seulement vous préciser qu’avec l’augmentation de capital que nous venons d’initier, nous nous donnons les moyens de poursuivre le développement d’innovations qui constitueront nos relais de croissance à l’horizon 2020.

JDH : Comment vous, directrice financière, percevez-vous les évolutions récentes du cours de bourse de Lucibel ?

SJ : L’évolution récente du cours de Bourse traduit l’intérêt marqué des particuliers et des investisseurs pour notre valeur. Et celui-ci ne se dément pas car nous recevons beaucoup de sollicitations pour participer à des rendez-vous investisseurs. Nous avons confirmé l’atteinte des objectifs que nous nous étions fixés pour 2016 et parallèlement nous avons tenu nos engagements sur la commercialisation de notre solution LiFi, 1er luminaire industrialisé au monde permettant d’accéder à internet par la lumière. Ces deux faits marquants ont certainement eu un impact très positif sur l’évaluation de Lucibel, et donc sur son cours. Je pense également que les investisseurs commencent à comprendre le potentiel de création de valeur lié au LiFi.

JDH : Y prêtez-vous beaucoup attention d’une manière générale ?

SJ : En tant que directrice financière, je suis nécessairement attentive à l’évolution du cours de Bourse a fortiori au moment d’une augmentation de capital. Néanmoins, le management de Lucibel n’a pas les yeux rivés sur le cours de Bourse ; nous avons notre feuille de route à moyen terme et la déployons en toute confiance et sérénité sans nous laisser distraire par les inévitables aléas qu’un cours de Bourse peut connaitre.

JDH : Enfin, puisque c’est votre première interview au micro de Francebourse, la rituelle question que je pose : quel chef d’entreprise admirez-vous le plus ou auriez-vous le plus voulu être ?

SJ : Je pourrais vous citer des patrons très emblématiques d’entreprises « techno » mais je préfère évoquer Pierre Bellon, fondateur et président directeur général de Sodexo. Pourquoi Pierre Bellon ? Tout d’abord parce qu’il a su créer et développer un groupe qui est devenu un des leaders sur son marché. Ce développement exceptionnel est lié à une capacité d’innovation et d’adaptation permanente, qui place le client et ses besoins au cœur des préoccupations de l’entreprise. Ensuite parce que Pierre Bellon est un « entrepreneur dans l’âme », un visionnaire qui a su identifier la restauration collective comme un créneau de croissance sur lequel il a bâti progressivement une entreprise mondiale. Je pense que Lucibel, avec le déploiement du LiFi, est aussi dans cette position de « précurseur » et je nous souhaite évidemment la même trajectoire que Sodexo. Enfin, parce que Pierre Bellon a créé l’association Progrès du management dont la vocation est : « Le progrès de l'entreprise par le progrès du dirigeant ». Je suis convaincue que le chef d’entreprise et les managers qui l’entourent peuvent faire évoluer une entreprise et développer le potentiel de leurs collaborateurs mais cela passe d’abord par l’exemplarité et par une réévaluation régulière de leurs propres pratiques. Je ressens chez les dirigeants de Lucibel cette capacité à se remettre en question et à associer le plus possible les collaborateurs au projet de l’entreprise. Et c’est lorsque les intérêts des collaborateurs sont alignés avec ceux de l’entreprise que l’on crée le plus de valeur !

JDH : Chère madame, merci beaucoup de cette interview

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