Alors que peu d'observateurs misaient sur une candidature de Jacques Chirac à sa propre succession, le voilà qui, depuis le 31 décembre, semble être en train d'élaborer un programme électoral.
A chaque fois, depuis dimanche, que Jacques Chirac présente ses voeux, c'est, dirait-on, autant d'occasions de présenter une partie de son futur programme.
Retour sur une semaine décidément très offensive pour le Président de la République :
Les voeux aux français
Le décor, traiditionnellement constitué par les jardins de l'Elysée, était ce 31 décembre constitué par un drapeau français en mouvement, avec dans le coin gauche un drapeau européen.
Sans établir un programme électoral, un certain nombre de petites phrases ont pu laisser penser que l'envie d'être candidat à l'élection présidentielle ne lui fait pas défaut :
Relevons en particulier :
"N'écoutez pas les apprentis sorciers de l'extremisme"
"Faire du droit au logement une réalité"
"Aider les pays les plus pauvres, c'est prévenir l'afflux à nos frontières de ceux qui quittent leur pays car ils n'ont plus d'espoir"
"Nous pouvons être fiers d'être français"
"Ne cherchons pas à imiter"
"Se méfier des recettes qui ne marchent pas"
Jacques Chirac a insisté à deux reprises sur l'enjeu écologique en environnemental. Il appelle à un "changement en profondeur de nos comportements et nos politiques". Il faut, dit-il, inventer une économie respectueuse de l'environnement, une économie du développement durable qui sera source de croissance et d'emploi.
Les voeux aux forces vives de la Nation
C'est peut-être là, devant la presse, que le Président Chirac a le plus donné le sentiment de se transformer en candidat Chirac. Il a en effet annoncé d'importantes réformes aux allures de programme électorale. Des réformes qui, de toute évidence, demandent comme par hasard un quinquénnat, et qui ne pourraient de toutes façons pas être mises en oeuvre d'ici la fin de son mandat :
-La fusion ANPE-UNEDIC : "il nous faut une scurité sociale professionnelle. Et bâtir un nouvel instrument de combat contre le chômage".
-La baisse de l'impôt sur les sociétés. Jacques Chirac a proposé de ramener le taux actuel (33%) à 20% en 5 ans. Il a en particulier insisté sur des faveurs vis-à-vis des sociétés qui distribuent aux salariés autant qu'aux actionnaires.
-La fusion Suez-GDF : "il nous faut un acteur majeur dans le gaz"
Les voeux au corps diplomatique
Lors de ses voeux au corps diplomatiques, hier, Jacques Chirac n'a pas manqué de mettre en évidence sa vision plus expérimentée que celle de Nicolas Sarkozy et Segolène Royal en matière de politique internationale, un domaine où le Chef de l'Etat a toujours su faire preuve d'excellence, ce qui lui est d'ailleurs reconnu de l'étranger.
Il a placé le Proche-Orient, "aux portes de l'Europe", parmi les priorités de ce qui semble être désormais un vrai programme électoral.
Il a ainsi déclaré : «Dans notre univers globalisé, les crises, autrefois circonscrites, diffusent leurs effets déstabilisateurs bien au-delà de leur foyer d'origine. Aux portes de l'Europe, le Moyen-Orient est devenu l'épicentre des tensions internationales. Les crises s'y accumulent et s'y diffusent. Le conflit israélo-palestinien entretient dans le monde musulman tout entier un sentiment d'incompréhension et d'injustice, comme si le nouvel ordre international comportait, en quelque sorte, deux poids et deux mesures."
Jacques Chirac a également placé le Liban au coeur de ses préoccupations : "La France n'a pas d'autre ambition qu'un Liban souverain" a-t-il déclaré
Les voeux en Corrèze
Aujourd'hui, lors de ses voeux en Corrèze, dans une caserne de pompiers, Jacques Chirac a insisté sur la nécéssité du maintien et du développement des services publics.
Faisant allusion à une proposition de la Commission Européenne qui vise à libéraliser d'ici à 2009 la distribution des lettres de moins de 50 grammes (ce qui mettrait fin de facto au monopole de la Poste), Jacques Chirac a dit solenellement : "la France s'opposera à toute initiative qui conduirait à mettre en cause la qualité du service public postal".
Ne parlant ni au nom de Nicolas Sarkozy, ni en celui de Segolène Royal, Jacques Chirac s'est posé, une fois de plus, en candidat.
Si Jacques Chirac venait à faire acte de candidature, il en serait à sa cinquième.
Il a en effet été candidat en 1981 (battu au premier tour), en 1988 (battu au second tour), en 1995 (élu), en 2002 (élu).
Nous rappelons à nos lecteurs que Francebourse.com, en tant que média responsable dans le paysage de l'actionnariat français, prendra parti pour un candidat, après que nous ayions examiné les différents programmes électoraux.
Jean-David Haddad
Rédacteur en Chef
Francebourse.com
