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Total : des résultats record et un nouveau patron

Article du 14/02/2007
La présentation des résultats annuels du groupe pétrolier, au Pavillon Gabriel, ce matin était l’occasion pour Thiery Desmarest de tirer sa révérence, après douze années passées à la présidence de Total. L’occasion également pour la major française de dévoiler des résultats en hausse, après une année 2006 marquée par le renchérissement du baril de pétrole, et en plein épisode judiciaire sur la marée noire de l’Erika.
12,6 milliards d’euros. Total a engrangé en 2006 des profits, certes en phase avec ceux de ses principaux concurrents, mais historiques pour le groupe et sans précédent dans l’histoire industrielle française.
Les résultats 2006 sont vingt fois plus élevés qu’en 1995, quand Thierry Desmaret prend la présidence. Depuis Total a grossi, racheté le belge Petrofina en 1998 et Elf-Aquitaine en 1999. Son chiffre d’affaires est passé de 20 milliards d’euros à 153,8 milliards aujourd’hui.
Le groupe n’a plus rien à voir non plus avec la Compagnie Française du Pétrole que les Anglo-Saxons brocardaient en traduisant, dans les années 1980, CFP par « Cannot Find Petroleum ».
« L’année 2006 a été marquée par la persistance de conditions de marché globalement favorables pour l’industrie pétrolière », expliquait ce matin Thierry Desmarest. Le prix du pétrole a en effet flambé en 2006, compensant de loin le recul de 5 % de la baisse de la production d’hydrocarbures.
D’ailleurs, au cours de l’année qui vient de se terminer, Total a beaucoup investi dans ses capacités d’exploration-production, près de 10,7 milliards d’euros (hors acquisition). Le groupe prévoit une augmentation de sa production de plus de 5 % par an entre 2006 et 2010.
Pour autant, la baisse de la production – due notamment aux troubles dans le Delta du Niger –, combinée au recul du dollar par rapport à l’euro et à la fiscalité, fait chuter de 10 % le résultat net ajusté de Total au quatrième trimestre 2006
Il n’en reste pas moins que la quatrième major mondiale par la production a sorti 2,4 millions de barils par jour au quatrième trimestre 2006. Et possèderait en réserve 11,1 milliards de barils (équivalent pétrole) selon la Security and Exchange Commission.
Concernant le gaz naturel liquéfié (GNL), Total prévoit une croissance proche de 13 % par an pour cette même période, après avoir beaucoup investi dans le secteur en Australie et dans le Golfe de Guinée notamment. A court terme, Total devrait réaliser 40 % de sa production dans le gaz.
En 2007, le groupe devrait consacrer plus de 12,3 milliards d’euros aux investissements, a souligné le nouveau président, Christophe de Margerie, devant la presse.
Croissance interne et non externe donc. Total ne prévoit pas d’acquisition, encore moins de méga-fusion, précisait ce matin Thierry Desmarest dans une ultime interview concédée au journal Les Echos. Et semble vouloir laisser le nucléaire de côté.
Total n’abandonne pas non plus le dossier russe, difficile d’accès compte tenu de la mainmise du Kremlin sur les compagnies pétrolières et de leur puissance. « La Russie reste et est un énorme pays pétrolier et notamment gazier. Il faut faire quelque chose en Russie. Ca n’a pas marché, ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Il n’y pas de raison pour qu’on n’y arrive pas, mais les projets sont sur du long terme », a estimé pour sa part Christophe de Margerie le « dauphin » de Desmarest et tout nouveau patron de Total.

De vives critiques contre les « superprofits »

Mais ces chiffres record ne sont pas sans susciter des critiques, notamment sur la politique de dividendes de Total. Le groupe a annoncé qu’il reverserait plus du tiers de ses bénéfices à ses actionnaires en leur proposant de « poursuivre sa politique dynamique de dividende ». Ce dernier augmentera de 1,87 euros par action au titre de l’année 2006.
Les associations de consommateurs demander à Total plusieurs centaines de millions d’euros pour dédommager les communes sinistrées par la marée noire de l’Erika en 1999 et les potentielles victimes humaines parmi les milliers de bénévoles venus aider au nettoyage des côtes.
Profitant donc de l’actualité, l’association UFC-Que Choisir se place en leader de ce combat. « Dans un pays où on trouve indécent de faire des profits, à un moment, il faut savoir ce qu’on veut. Si on veut des grands groupes français capables de se battre a l’international, il ne faut pas leur tirer dans le dos », a estimé Thierry Desmarest.
Les partis de gauche réclament également une « taxe exceptionnelle sur les superprofits ».
Autre sujet sensible à l’actif de Total : le drame d’AZF à Toulouse et les accusations de travail forcé en Birmanie.

Christophe de Margerie, l’originalité dans la continuité

Thierry Desmarest, 61 ans, cède les rênes à Christophe de Margerie et devient président non-exécutif du conseil d’administration. A 55 ans, Christophe de Margerie prend donc la présidence de la plus grande et plus riche entreprise française après un parcours sans faute dans le groupe –il rentre chez Total en 1974, après Sup de Co Paris, à la direction financière parce que le siège de la société est à deux pas de chez lui.
Christophe de Margerie, « Big Moustache » de son surnom, est le petit-fils du fondateur de la maison de luxe Taittinger par sa mère et le descendant d’une dynastie d’ambassadeurs et de chefs d’entreprise par son père. Mais il a préféré l’appel du brut à une carrière dans la diplomatie, choix osé à une époque où l’avenir n’était pas radieux pour les big oil. Il « aurait pu être le roi du brut (champagne) il a choisi à la place d’être le roi du brut (pétrole) », plaisante Pierre-Emmanuel Taittinger, directeur général du célèbre producteur de champagne, au sujet de son cousin.
En 1992, Serge Tchuruk, alors PDG de Total, lui confie la responsabilité du commerce extérieur pour la zone du Moyen-Orient. En 1999, il devient patron du secteur énergétique de l’exploration-production et réalise quelques belles performances en misant sur les huiles lourdes du Venezuela, les sables bitumeux de l’Alberta au Canada ou le gaz naturel liquéfié du Golfe…
Seul bémol : sa formation, en dehors des traditionnelles grandes écoles, laisse certains inquiets quant à l’étendue de son réseau.
Point faible : en 2006, Christophe de Margerie est mis en examen par le juge Courroye dans l’affaire « Pétrole contre nourriture » en Irak, au terme de 48 heures de garde à vue. Le juge soupçonne Total d’avoir versé des commissions occultes pour contourner le programme onusien alors que Christophe de Margerie était responsable de cette zone. « Je n’ai pas envie de polémiquer et je laisse la justice suivre son cours. Rien ne peut m’empêcher d’exercer mes fonctions de patron de Total » rassure l’homme.
Mais cet épisode n’a rien enlevé au dynamisme et à la volonté de l’homme. Ses projets à la tête de Total : investir dans la biomasse, travailler sur le charbon propre, le captage et le stockage géologique du Co2… Et pourquoi pas le nucléaire à long terme, pouvait-on lire dernièrement dans un entretien au Financial Times, en contradiction avec les positions de son désormas prédécesseur. « Il y a aussi une priorité à l’environnement », a-t-il martelé ce matin.
En quelque sorte, nettoyer l’image de pollueur qui colle à Total, d’autant plus avec ce procès de l’Erika.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet


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