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Conflit USA/Iran fin mars à cause d'une bourse du pétrole en euros : info ou intox?

Article du 23/02/2006
«L’effroyable imposture» deuxième round

Après le bug Internet de l’an 2000, la vache folle, la grippe aviaire et le canard « enragé », attention au crash économique du nouveau millénaire. Jeu, set et match. Avec l’analyse « 20-26 mars 2006 : Iran-USA - Déclenchement d’une crise mondiale majeure » en ligne sur www.agoravox.fr, Franck Biancheri utilise les mêmes artifices que le désormais célèbre Thierry Meyssan, et ça marche ! Décryptage et analyse d’un débat qui fait rage sur les forums.

Le best-seller de T. Meyssan « L’effroyable imposture » prétend qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le pentagone. Ce livre aussi fantaisiste qu’improbable a été traduit en plus de 20 langues et le site Internet de l’auteur (le fameux « Réseau Voltaire ») n’a jamais été aussi bien fréquenté.

Comme l’explique avec brio Florence Aubenas dans l’ouvrage «La Fabrication de L’information » (Florence Aubenas et Miguel Bensayag, La fabrication de l’information, Paris, La Découverte, 2005,), les quidams sont extrêmement demandeurs des thèses du complot.

Médias, Etats et Hommes d’influence se voient cloués au pilori d’un accord commun et tacite. De plus, notre société est obsédée par le culte de la transparence, nous voulons tout savoir. Or les citoyens, vous et moi, n’avons jamais été aussi bien informés même si l’on peut contester le traitement médiatique de certains groupes de presse. Des intellectuels ont instrumentalisé la vague de la transparence affichée pour asseoir le postulat suivant sur la seule base de l’argument d’autorité : attention cette clarté de façade masque de sombres stratégies. Plus simplement le bon sens populaire veut « qu’il n’y ait pas de fumée sans feu. »

Beaucoup de bruit pour rien

Franck Biancheri fonde l’essentiel de son scénario catastrophe sur une intervention militaire américaine contre l’Iran. Or d’une manière extrêmement terre à terre les USA n’ont pas les moyens de déclarer une nouvelle guerre. En effet le déficit budgétaire 2006 des USA est estimé à 423 Milliards de dollars, marquant ainsi un nouveau record historique.(cf l’article La Maison Blanche révise à la hausse le déficit budgétaire record de 2006, Eric Chalmet, La Tribune, le 07/02/06, p6).

De plus le budget du pentagone en hausse pour la septième année consécutive augmente de 6,9 % à 439,3 Milliards de dollars ceci sans compter l’enveloppe de 120 Milliards de dollars nécessaire à financer les opérations militaires en Irak et en Afghanistan. Malgré ces dépenses faramineuses, l’équipe Bush prétend toujours vouloir diviser par deux le déficit budgétaire d’ici 2009 pour le faire passer de -423 à -208 Milliards de dollars. Mathématiquement, comment tenir cet objectif si d’autres frais devaient être engagés dans une nouvelle guerre ? Sans compter que l’armée iranienne n’a pas souffert de l’embargo et est incomparable à l’Irak sans entrer dans la problématique du nucléaire.

De plus, les Américains soutiennent de moins en moins la politique extérieure du Président, le 11 septembre ne suffit plus à mobiliser l’opinion publique. D’après Joseph Stilitz (prix Nobel d’Economie 2001), le coût total de la guerre oscillera entre 1000 et 2000 Md$ à charge des contribuables. Et pour pouvoir financer la présence armée des USA en Irak et en Afghanistan George.W.Bush a demandé au Congrès (plutôt mécontent) de réduire de 65 Md$ les principaux budgets sociaux. Dans cette optique qui pourrait suivre le Président sans l’approbation de la population et surtout du Congrès ?

Par ailleurs, le FMI a également mis en garde les Etats-Unis face à l’explosion du déficit extérieur américain puisqu’un déficit budgétaire à long terme pourrait déboucher sur une chute vertigineuse du dollar. Quelle guerre mériterait aux yeux des USA de mettre en péril leur économie et par extension l’économie mondiale ?

D’autre part comment l’hégémonie du dollar pourrait-elle être remise en cause du jour au lendemain alors que le dollar reste l’unité monétaire de référence au niveau mondial ? Toutes les matières premières ne sont-elles pas cotées en dollar ? Quant à la suprématie de l’euro sur le dollar, il est plus vraisemblable de dire que nous allons vers une parité des deux monnaies puisque l’euro évolue ces derniers mois autour du seuil des 1,19$ et que la parité sera efficiente à 1,15$. De plus le dollar n’a monté aucun signe d’affaiblissement.

Quant à la prétendue « décision iranienne d’ouvrir à Téhéran le 20 Mars 2006 la première bourse pétrolière en euro, ouverte à tous les producteurs de pétrole de la région » relevée par Franck Biancheri, nul professionnel de la finance n’en a entendu parler. Cependant le nouveau ministre du pétrole iranien Kazem Vasiri Hamane et le gouvernement ont annoncé la création prochaine d’un Conseil du Pétrole comme en témoigne cet extrait issu du site des Missions Economiques de l’Ambassade de France (/www.missioneco.org/iran/).

« Il convient de noter la déclaration de l’agence publique de presse Fars news du 28 décembre annonçant la décision du gouvernement de créer un « Conseil du Pétrole » dont les membres sont le président de la République, le directeur du MPO (management and plan organization), le ministre de l’économie et des finances, le ministre du pétrole, le chef de cabinet du Président de la République et le gouverneur de la banque centrale. Le ministre du pétrole devrait présider les séances de ce conseil chargé de faire évoluer les contrats de buy-backs, de revoir les contrats existants, de se prononcer sur les nouveaux contrats à venir et superviser leur exécution. »

Si jamais cette première bourse pétrolière venait à voir le jour, son impact serait uniquement régional puisque le marché du pétrole fonctionne grâce à l’équilibre établi entre les pays vendeurs dont ceux de l’OPEP et les acheteurs tels que les Etats-Unis ou l’Europe.

Enfin la décision de la « Réserve fédérale américaine d’arrêter à partir du 23 Mars 2006 de publier les chiffres de M3 (l’indicateur le plus fiable sur la quantité de dollars circulant dans le monde). » annoncée par Franck Bianchieri reste des plus incertaines. Toutefois, il est invraisemblable que les économistes ne puissent plus calculer le cours du dollar en se servant d’autres indices, comment la bourse mondiale pourrait-elle perdurer sans la cote du dollar ?

Pour conclure, ce scénario catastrophe, largement relayé sur Internet principalement sur des sites dits alternatifs, donne lieu à des débats passionnés par forum interposé. Nul inquiétude à avoir, il ne s’agit pas de liquider votre portefeuille le 19 mars prochain.

Aurélie Noailly
Rédactrice
Francebourse.com
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