Royal aura été le nom de sa coriace adversaire…
Royal est aussi son destin, puisque Nicolas Sarkozy monte sur le trône républicain, et devient par la même co-Prince d’Andorre, élu avec une large majorité de 53,06% des électeurs français.
Retour sur un destin hors du commun, façonné sous les caméras depuis plus de 30 ans.
Né en janvier 1955, enfant d’un père venu plus tôt de Hongrie (fuyant le communisme) et d’une mère issue elle-même de l’immigration (père grec de confession juive), Nicolas Sarkozy s’engage très tôt dans le militantisme politique.
Pour autant, il n’en vient pas moins de la société civile. Ni énarque, ni haut-fonctionnaire il passe son CAPA en 1981 et devient alors avocat. Il entre au cabinet de Guy Danet.
Mais auparavant, en parallèle à sa vie estudiantine, le jeune Nicolas est un fervant militant gaulliste. En 1975, le jeune homme passe à la télévision, sur FR3, et parle (déjà!) du chômage!
Les médias retiendront du début de sa carrière une image et une phrase : « être jeune, gaulliste, c’est être révolutionnaire, révolutionnaire pas à la manière de ceux qui sont des professionnels de la manif ». Nous sommes à Nice, les 14 et 15 juin 1975. Nicolas Sarkozy est convoqué pour « incarner la jeune garde devant un parterre de barons qu’unit une même détestation de Giscard », écrivent Elise Karlin et Pascale Nivelle, dans l'ouvrage Les Sarkozy, une famille française. Nicolas Sarkozy tient son premier discours politique : « il n’a jamais parlé dans un micro, il n’a jamais eu de public ». Mais au bout de quelques minutes, la salle se tait : c’est un succès.
En 1983, alors qu’il est avocat et au conseil Municipal de Neuilly-sur-Seine, « sa » ville, il en devient maire à 28 ans, après la mort d’Achille Peretti, et tandis que Charles Pasqua, alors hospitalisé, devait prendre le fauteuil.
Ce poste, dans la ville la plus riche de France, lui permet de se constituer un carnet d’adresse hors pair (quasiment tout le gratin des affaires, des médias et du show-biz y réside).
Député à 34 ans, ministre d’Edouard Balladur à 38, il devient alors incontournable dans le paysage politique français.
En 1993, Nicolas Sarkozy occupe les chaînes de télévision durant une journée. Cette année-là, il est confronté à la prise d’otages d’une classe de maternelle du groupe scolaire Charcot à Neuilly, sa municipalité. Devant les difficiles négociations avec « Human Bomb » - nom donné au preneur d’otages -, il ose et entre dans la salle de classe sans aucune protection en proposant de se substituer aux enfants. Grand coup médiatique mais qui aurait pu virer au drame. Le public apprécie son courage.
Mauvais choix : en 1995 il soutient Edouard Balladur contre Jacques Chirac. Suite à la victoire de ce dernier, il est écarté du pouvoir. Commence pour lui une traversée du désert qui durera quelques années.
On dit que c’est la première fois que Sarkozy se présente devant le peuple français au niveau national… C’est faux ! En 1999, il est tête de liste aux élections européennes. Sa liste fait un peu plus de 12%, moins que celle de François Hollande. Nouveau revers… nouvelle traversée du désert.
Sarkozy connait l’échec, mais cela ne l’empêche pas, en 2002, de revenir sur le devant de la scène, avec la ré-élection de Jacques Chirac qu’il a cette fois totalement soutenu. Il est alors nommé ministre de l’intérieur dans le gouvernement Raffarin. Son credo : lutter contre l’insécurité. La presse lui ouvre ses colonnes ; son discours ainsi que ses actes plaisent.
En 2004, Nicolas Sarkozy devient ministre l’Economie et des Finances.
Les actionnaires individuels apprécieront son combat pour sauver Alstom. Combat victorieux. Mais, nouveau coup dur pour l’homme politique habilement transformé en succès médiatique : son élection à la présidence de l’UMP le contraint – comme Jacques Chirac l’a exigé - de démissionner de son poste de ministre des Finances. L’UMP devient le premier parti politique français avec plus de 300 000 adhérents.
En 2005, après l’échec du référendum européen, Nicolas Sarkozy rentre à nouveau Place Beauveau au ministère de l’Intérieur et remet en selle le thème de la sécurité. C’est à ce poste que Nicolas Sarkozy expose pleinement son nouveau style, la culture du résultat notamment, et ses qualités d’orateur. Les mots « racaille » et « karcher » alors prononcés par le ministre auront fait le tour du monde et lui auront valu d’être diabolisés par la gauche et par une partie des média.
Sans surprise, en janvier 2007, il est officiellement le candidat a la Présidence de la République.
Il remonte dans les sondages, tandis que sa rivale, Ségolène Royal a quant à elle dès novembre remporté une adhésion quasi-totale de son parti.
Dépassant les 31% de voix au premier tour, il y a tout juste 2 semaines, Nicolas Sarkozy, souvent présenté comme un excité, sait faire preuve de calme et de sang-froid face aux attaques répétées de sa rivale socialiste lors du débat télévisé du 2 mai.
Les tout derniers sondages lui sont alors très favorables.
Ce soir, c’est un nouvel acte de l’histoire de France qui commence…
Jean-David Haddad
Directeur des Publications et de la Rédaction
Francebourse.com