Un nouveau patron, un nouveau style, de nouvelles ambitions. L’Assemblée Générale de PSA Peugeot-Citroën qui s’est tenue hier a été l’occasion pour Christian Streiff, cent jours environ après sa nomination à la tête du constructeur automobile français, d’imprimer sa marque.
Alors que le contexte n’aide pas à la vente de véhicules en Europe, que les constructeurs mondiaux se réorganisent face aux difficultés – comme en témoigne la cession de Chrysler par Daimler -, le français entend bien passer à la vitesse supérieure. « Nous allons nous battre pour que (...) 2007 soit l’année où l’on commence à remonter la pente sur le plan des résultats », a lancé Christian Streiff aux actionnaires du groupe. Le ton est donné.
41 nouveaux modèles
Objectif numéro un : relancer les ventes en offrant de nouveaux véhicules après un recul des ventes mondiales qualifié de « léger ». La part de Peugeot Citroën dans le marché européen de l’automobile est passée de 15,5 % en 2002 à 13,3 % en 2007. Le bénéfice de PSA a fortement chuté en 2006. « Nous sommes à la limite du rouge : la situation est sérieuse, a expliqué le président du directoire hier. Il nous fallait réagir. »
Le « programme opérationnel de croissance et de compétitivité » Cap 2010 présenté par Christian Streiff prévoit de commercialiser 41 nouveaux modèles, soit 6 de plus que prévu initialement.
Le patron veut non seulement reconquérir des parts de marchés en Europe avec 21 nouveaux modèles dont « un tiers constitué de renouvellements de modèles existants, un tiers de nouvelles déclinaisons de véhicules et un tiers de nouveautés ». Il mise aussi sur l’international. Les 20 autres nouveautés seront conçues et commercialisées dans les seuls marchés de la Chine et du Mercosur. En 2006, les ventes de PSA Peugeot-Citroën ont augmenté de 23 % au Brésil et de 43 % en Chine. « Là-bas, le marché n’arrête pas de bouillonner, et l’enjeu est d’arriver à tenir le rythme », commente le successeur de Jean-Martin Folz. « Le déploiement en Chine, au Brésil, en Argentine et sur d’autres marchés internationaux est en cours d’élaboration par les équipes nouvellement créées des « business units » correspondantes et sera présenté en septembre », avance plus diplomatiquement la société.
Cette année, les nouveaux produits phares seront le 4x4 lancé cette été et la 308, à l’automne 2007, un modèle à fort volume et à forte marge. La Peugeot 308 s’adressera prioritairement à la clientèle allemande, réputée difficile.
Le groupe vise le « top-5 » des marques les plus fiables du classement de référence établi par le JD Power. « La qualité de produits et de services doit se situer au niveau des concurrents les mieux placés, note la direction de PSA Peugeot-Citroën. Nouvelle méthode de conception, travail avec les fournisseurs, partage des meilleures pratiques entre les marques Peugeot et Citroën, réorganisation et mise en commun des processus d’après-vente sont quelques unes des actions lancées. L’objectif est de diviser par deux le nombre d’incidents et les coûts de garantie d’ici 2010. » Et Christian Streiff de préciser : « la pression sera terrible sur le plan de la qualité. » « Par ailleurs, l’effort d’innovation est recentré sur ce que le client demande et est prêt à payer ainsi que sur les technologies environnementales », explique un communiqué du groupe. PSA mise sur le luxe mais pas sur le low-cost. « Il n’y aura pas de Logan PSA, mais on proposera des solutions d’entrée de gamme, surtout aux pays en voie de développement, confie le grand patron. Simplement, le style sera de la qualité des Peugeot et des Citroën. On veut faire de beaux objets. »
Réduire les coûts de développement
« Dans une période où les gammes s’enrichissent énormément, l’agressivité de la concurrence interdit d’arriver avec un modèle 5 % plus cher que le précédent. Cela oblige à repenser les bases de coûts de nos véhicules », expliquait Christian Streiff dans un entretien au journal Le Figaro en mars dernier.
Cette dynamique de réduction des coûts implique donc certaines restructurations. Or, le pari pourrait s’avérer difficile à tenir puisque Christian Streiff parle de « réduire d’un tiers les coûts et les délais de développement » et « les projets déjà lancés sont accélérés de 3 à 6 mois », précise un communiqué du groupe. Ces réductions de frais de structures devraient s’ajouter aux 600 millions d’euros d’économies par an dégagées par des mesures d’efficacité dans les usines.
Parmi les autres « projets d’amélioration des pratiques » mis en avant par le programme Cap 2010, le constructeur veut réduire de 6 % par an le coût des achats en obtenant « des gains supplémentaires sur les achats par accélération de la globalisation, par relance des économies techniques en vie série et par des actions de reengineering des véhicules avec partage des gains avec les fournisseurs. » Les composants représentent environ les deux tiers du prix de revient d’un véhicule.
Cap 2010 prévoit aussi une « baisse des coûts logistiques par simplification et réorganisation des flux amont et aval. » Cela pourrait passer par une nouvelle géographie de la production des véhicules. Pour l’heure, 88 % des pièces de série sont produites dans cinq pays européens.
Le plan a pour objectif d’aider le groupe à faire des économies et reconquérir des parts de marché. Mais PSA Peugeot-Citroën pâtit d’un facteur sur lequel il n’a pas la main. « L’euro fort est un handicap pour l’exportation. Mais la situation actuelle du dollar et du yen est terrible pour le marché européen car c’est la porte ouverte à toutes les importations à des prix imbattables. La politique monétaire européenne va à l’encontre du maintien d’un tissu industriel en Europe », a invectivé Christian Streiff.
4 800 emplois en moins
Pour autant, Christian Streiff a écarté toute fermeture d’usines. « Chaque directeur d’usine a pour tâche de mettre ses frais fixes au niveau de sa production, a expliqué Streiff. C’est plus efficace que d’arrêter une usine. »
La soupape devrait donc concerner l’emploi comme l’a confirmé le PDG hier. « Le dispositif d’incitation aux départs volontaires visant à réduire les effectifs de 4 800 personnes en France en 2007 s’inscrit dans ce cadre », précise la direction du groupe. L’idée : favoriser les départs volontaires et le non remplacement de salariés partant en retraite de façon à se séparer de 4 800 postes en 2007. Un dispositif d’accompagnement social et des incitations financières devraient être proposés aux salariés.
Une mesure déjà débattue par le Comité Central d’Entreprise de PSA Peugeot Citroën convoqué en séance extraordinaire le 9 mai 2007.
Le groupe PSA emploie en tout 210 000 personnes, dont près de 130 000 en France.
L’Assemblée Générale du 23 mai 2007 a validé le versement d’un dividende fait aux actionnaires de 1,35 euro par action.
