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Cacao : menaces sur la fève ivoirienne

Article du 18/10/2006
Protéger la filière cacao à tout prix. Même en accordant un sursis d’un an à Laurent Gbagbo, le président ivoirien, décrié par plusieurs années de tensions civiles. C’est en tout cas le compromis que vient d’accepter l’Union africaine qui a décidé hier d'accorder une année supplémentaire à la Côte d'Ivoire pour préparer ses élections, qui ne pouvaient avoir lieu comme prévu dans 15 jours. Reste également à son poste le Premier ministre, Konan Banny, dont les pouvoirs vont être renforcés afin qu'il puisse mettre en œuvre le programme de transition, avec pour but la délivrance de cartes d'identité nationales, l'inscription des électeurs, le démantèlement des milices, la restructuration des forces armées et le rétablissement de l'autorité de l'Etat de par le territoire ivoirien.
L’ancienne colonie française est divisée en deux depuis 2002, avec environ 10.000 casques bleus et soldats français de l'opération Licorne patrouillant une zone tampon entre les deux camps, le nord aux mains d'une rébellion et le sud contrôlé par le gouvernement. Ces derniers s'accusent mutuellement d'être responsables de la non organisation des élections, censées garantir la paix et réunifier la Côte d'Ivoire. L'impasse porte sur deux points essentiels : le désarmement des rebelles et un programme national d'identification destiné à aider ceux qui n'ont pas de papiers d'identité à s'inscrire sur les listes électorales.

Le premier producteur mondial de cacao
De fait, l’économie ivoirienne survit tant bien que mal depuis près de quatre ans. La production de cacao, 1,3 million de tonnes par an, principalement située dans cette fameuse zone tampon instable, a été particulièrement touchée. Excédées, l’Association nationale des producteurs de café-cacao de Côte d’Ivoire et l’Union des coopératives exportatrices de Côte d’Ivoire ont lancé la semaine dernière un mouvement de grève illimitée, largement suivi. Des producteurs de la région d’Anyama, située à la périphérie d’Abidjan, ont même brûlé, de façon symbolique, plusieurs tonnes de fèves. Les routes principales d’approvisionnement de la brousse vers Abidjan ont été bloquées. Les associations réclament de meilleurs prix payés aux producteurs et davantage de financements pour les coopératives.
Le cacao reste la culture principale du pays. Selon l'Organisation internationale du cacao (Icco), la récolte totale devrait avoisiner 1,216 million de tonnes, représentant 38 % de l'offre mondiale. Comme beaucoup de matières premières cette année, les prix du cacao ne cessent de croître. A Londres, la tonne de cacao pour une livraison en septembre flirtait avec les 980 livres sterling, affichant une progression de 13,5 % depuis le début de juin et son meilleur cours depuis janvier. Toutefois, la récolte ivoirienne pourrait être revue à la baisse, et donc faire augmenter les cours, en raison d’une maladie virale des cacaoyères. C'est ce fléau qui avait décimé en partie les plantations du Ghana voisin et lui avait fait perdre à l'époque son statut de leader mondial du produit de base du chocolat.
Reste que la grève en Côte d’Ivoire ne devrait guère durer. Le besoin d'argent pour le paiement des frais de scolarité des enfants ainsi que les fournitures scolaires en cette période de rentrée des classes devrait forcer les planteurs ivoiriens à reprendre la vente du cacao.

Le Ghana fait son beurre avec le cacao
Longtemps, le cacao a représenté une formidable source d’enrichissement pour les élites ivoiriennes. Pour autant, il n'y a pas de fatalité, comme l'illustre l'amélioration de la situation dans un des pays les plus pauvres du monde, le Ghana, qui affiche un taux de croissance économique de près de 8 %. Signe que lorsque la violence et la corruption reculent, l'économie redémarre. Tirant de gros revenus de sa production de cacao ((837 millions de dollars de recettes à l'exportation entre 2000 et 2005) et d'or, le Ghana, deuxième producteur mondial, veut en réinvestir une part dans l'éducation et la santé. Selon le Cocobod (Ghana Cocoa Board), ce secteur est d'autant plus vital pour le pays qu'il permet de freiner un exode rural galopant. Ainsi, l'industrie octroie des bourses en fonction du mérite scolaire pour que les enfants des planteurs puissent effectuer des études secondaires.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet (avec La Tribune)
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