INSEE : l’inflation vous tracasse, à vos calculettes !

Le nouvel outil mis en ligne par l’INSEE devrait alimenter de nouvelles discussions autour de la machine à café : « tu as vu, mon inflation a pris 2 %, plus que la moyenne ! », « le pouvoir d’achat de Pierre est en baisse, il fume trop »…
A force de trop critiquer l’indice IPC (indice des prix à la consommation) qui mesure le coût de la vie d’un ménage français moyen dont fictif, l’Institut a choisi de mettre à disposition de tous les consommateurs une « calculette ». Chacun pourra désormais suivre les évolutions de son pouvoir d’achat en tenant compte de ses revenus, de sa structure de consommation et de son statut de propriétaire ou de locataire, et même de revenir sur les sept dernières années.
« L'indice des prix à la consommation est une moyenne des indices élémentaires des prix de 1 000 familles de produits suivis tous les mois, explique l’Institut sur son site web. Cette moyenne tient compte du poids de chaque famille de produits dans la consommation des ménages. Comme l'indice des prix à la consommation mesure l'évolution des prix d'un ensemble de biens et services représentant la consommation de l'ensemble des ménages, les poids utilisés correspondent à la structure de consommation moyenne.
Mais le consommateur « moyen » n'existe pas. Chaque ménage a sa propre structure de consommation, qui diffère plus ou moins de la structure générale : le loyer absorbe une part plus importante du budget des ménages locataires, les dépenses de santé pèsent en général plus lourd dans celui des personnes âgées et les dépenses de tabac dépendent de la présence de fumeurs dans le ménage.
La hausse des prix à laquelle vous êtes personnellement confronté dépend donc de ce que vous achetez : si vous consommez beaucoup d'un produit dont le prix augmente plus que la moyenne, votre « inflation individuelle » sera plus élevée que l'inflation moyenne. »
Ce nouvel outil s’inspire des simulateurs qui existent dans d’autres pays européens comme l’Allemagne.
« Le but du jeu, c’est plutôt, pour ceux qui n’ont pas de voiture, qui sont locataires ou fumeurs, de leur donner un chiffre d’inflation plus représentatif de leur propre consommation », précise Dominique Guédès, le chef de la division des prix à la consommation de l’Insee.
L’Internaute citoyen peut donc créer son profil en entrant des données dans une douzaine de postes ; logement, santé, habillement, alimentation, carburant, transport, tabac… mais il lui faut connaître sur les doigts ses dépenses et leur poids dans son budget. Presque un exercice de comptabilité. « Le simulateur calcule alors un indice personnalisé, que vous pouvez comparer avec l'indice des prix à la consommation moyen, tel qu'il est publié par l'Insee », précise l’Insee. Les résultats sont présentés sous forme de deux courbes : une fait état de l’indice moyen des prix à la consommation entre 2000 et 2006, l’autre de l’évolution de l’indice personnalisé.
Attention toutefois, prévient Dominique Guédès, « cela ne remplace pas l'indice des prix » mais cela permet tout de même de mieux appréhender son mode de consommation. Ainsi « un gros fumeur subit en moyenne depuis 2000 une inflation de 2,3 % par an contre 1,8 % » pour l’ensemble des Français, précise Dominique Guédès.

Une idée honorable mais critiquée

Le site omet également quelques postes devenus clés et onéreux dans la consommation des ménages au XXIe siècle comme la téléphonie mobile, Internet, les services bancaires, les complémentaires santé…« Ce n’était pas possible de faire une liste exhaustive et nous n’avons retenu que les postes les plus exposés aux variations », justifie l’Insee.
Les associations de consommateurs se montrent sceptiques. Pour Christian Huard, cité dans Libération et président de ConsoFrance, il s’agit d’un « gadget, une fausse réponse à une vraie question ».

Francebourse.com – Alexandra Voinchet