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Energie : de nouveaux débouchés pour l’agriculture

Article du 01/03/2007
Le thème est dans l’air du temps. A l’heure où la facture énergétique s’alourdit pour tous, consommateurs et industriels, (37,4 milliards d’euros en 2005, selon l’INSEE), la recherche d’énergies de substitution devient de plus en plus nécessaire et médiatique.
Le gouvernement avait fait un premier pas début janvier en inaugurant la première pompe de biocarburant de l’Hexagone.
Nouvelle étape qui marque l’avancée des mentalités, le portail du gouvernement publie un communiqué de presse, qui fait suite à la communication de Dominique Bussereau sur la valorisation de la biomasse présentée au Conseil des ministres le 28 février. Intitulé « La biomasse ouvre de nouvelles perspectives pour l’agriculture », le texte mentionne que « soutenu par le Gouvernement, le développement des biocarburants, biocombustibles et bioproduits favorise la création d’emplois tout en répondant au défi énergétique et aux exigences environnementales. » « Le bois et ses dérivés, les produits agricoles et forestiers et leurs sous-produits peuvent en effet être transformés en ‘carburants verts’ (biodiesel et bioéthanol, produits à partir de colza, tournesol, betterave, blé ou maïs), en biocombustibles permettant de fournir chaleur et électricité, ou en bioproduits et biomatériaux (dérivés du bois, bioplastiques pour des emballages ou des meubles, fibres pour des tissus...). »

Quand l’or vert se substituera à l’or noir

Une thèse que nous développions déjà dans notre Dossier Perspectives & Stratégies en novembre 2006 : « l’agriculture pourrait également s’affirmer comme un secteur essentiel à un développement économique mondial prospère et respectueux de l’environnement.
Avec les énergies renouvelables, solaire, éolien, géothermie…, vers lesquelles les sociétés se tournent de plus en plus, les biomasses pourraient bien être les carburants et les combustibles de demain. »

1 534 millions d’hectares sont cultivés dans le monde, principalement à destination de l’alimentation animale et humaine. Mais la meilleure utilisation des rejets de l’agriculture existante ou la culture d’espèces végétales spécifiques pourraient dynamiser la fabrication de biocarburants.
Pour le chauffage, le biogaz, produit grâce à la méthanisation d’effluents d’élevage et de déchets organiques, représente à la fois une solution écologique et économique. La biomasse peut servir à produire de la chaleur, de l’électricité, des carburants à partir des esthers méthyliques issus des huiles de colza, de palme, de soja ou de tournesol, de l’éthanol issu de la transformation du sucre des betteraves, des cannes à sucre ou de l’amidon des céréales…
Le retour au bois, à la paille ou aux huiles végétales pour produire de la chaleur est d’autant plus envisageable que les nouvelles technologies, comme la cogénération, permettent de produire en même temps et dans la même installation énergie thermique et énergie mécanique, à des coûts compétitifs par rapport aux énergies fossiles.
De nouvelles cultures voient le jour comme celle du miscanthus. Ce roseau géant asiatique offre de nombreux débouchés : biomasse combustible, litière, panneaux de particules, éthanol, éco-construction... Introduit en Bretagne par Bical France, filiale du britannique Biomass Industrial Crops Ltd (Bical), la totalité de la production expérimentale a été achetée par Lafarge Ciments. Ses promoteurs ne tarissent pas d’éloge à son sujet : le miscanthus possède un pouvoir calorifique de 4 700 kwt/h contre 3 300 pour une plaquette de bois. Il peut remplacer jusqu’à 50 % du charbon dans une centrale électrique ou une chaudière industrielle sans modification technique. Lors de sa combustion, la plante émet moins de CO2. Elle ne nécessite pas d’engrais et peut même croître sur des terrains pollués. D’autres champs expérimentaux ont été plantés en Ile-de-France.

Des énergies moins lourdes pour la planète…

Car ce sont bien là les avantages des biocarburants, biogazole ou Diester issu d’huiles d’oléagineux et le bioéthanol (mélangé à l’essence). Le coût moyen de production d’un litre d'essence est de 0,40 euros, celui d’un litre de biocarburant de 0,45 à 0,55 euros. Mais dès que le baril flambe, le coût pour l’essence passe à 0,45 euros le litre. Dès lors, le diester s’avère plus rentable, le seuil de l’éthanol étant un peu plus élevé.
Ecologiques et économiques, ces nouvelles énergies s’inscrivent pleinement dans le vœu européen de substituer le pétrole par des carburants alternatifs à hauteur de 20 % d’ici 2020.
Et « la France s’est donnée des objectifs ambitieux en matière de biocarburants : parvenir à incorporer 7 % de ces produits dans l’essence et le gazole d’ici à 2010 », précise le communiqué du gouvernement. Objectifs : s’inscrire dans la lutte contre le réchauffement climatique, favoriser la recherche et l’utilisation de ressources énergétiques autres que fossiles et modifier les comportements des consommateurs en conservant des prix abordables.
« Au plan biocarburant lancé en 2002, se sont ainsi ajoutés d’autres programmes : le plan biocombustibles qui vise à multiplier par trois la production d’électricité provenant de la biomasse, tout particulièrement de la ressource forestière ; le plan stratégique pour la chimie du végétal et les biomatériaux dont certains pôles de compétitivité se font une spécialité... »
Premiers visés par le gouvernement : les automobilistes. « Avec l’annulation de toutes les taxes sur la partie verte (85% maximum) du produit, la fiscalité du superéthanol (33,43 euros/hl) permet à ce carburant d’être compétitif par rapport à l’essence, voire par rapport à la filière diesel », précise le ministère de l’Economie. Dans un pays comme le Brésil, rouler à l’alcool de canne à sucre est devenu banal. 70 % des voitures produites sont équipées de moteurs “bi-combustibles” dit “flex-fuel”.
Des mesures incitatives ont été prise à destination des automobilistes français : amortissement sur 12 mois des véhicules de société, exonération à 100 % de la taxe sur les véhicules de société, exonération de 50 à 100 % selon les régions de la taxe proportionnelle sur les certificats d’immatriculation (carte grise), réduction de 50 % du montant de la taxe additionnelle à la taxe sur les certificats d’immatriculation.
Même Renault s’y met puisque le constructeur français prépare le lancement d’une Mégane bioéthanol E85. Il faut dire que Renault commercialise déjà des véhicules acceptant le bioéthanol au Brésil. Le groupe espère bien qu’à « l’horizon 2009, 50 % de ses véhicules à moteurs essence offerts à la vente en Europe puissent fonctionner avec un mélange d’essence et d’éthanol jusqu’à 85 % ».
L’autre constructeur français, également présent au Salon de l’Agriculture qui ouvre ses portes le 3 mars prochain, présentera également des petites citadines hybrides et ses nouveaux moteurs qui offrent, selon Citroën, « une meilleure prise en compte de l’environnement et une plus grande efficacité énergétique ».
L’E85 devrait être disponible dans les stations-service classiques dès septembre. En tout, ce sont près de 500 à 600 pompes qui devraient être installées d’ici la fin de l’année, selon le ministère.

… et créatrices d’emplois

Cette nouvelle industrie pourrait également être synonyme de création d’emplois. Pour l’heure, la filière biocarburant fait vivre 3 900 personnes en France. D’ici 2008, ce sont près de 20 0000 emplois qui pourraient être créés dans 21 usines de fabrication d’éthanol. « C’est une manne qui s’offre ainsi aux agriculteurs dont les productions, ou les déchets de ces productions, peuvent trouver de nouveaux débouchés au bénéfice de l’environnement et du maintien ou de la création d’emplois locaux : près de 40 000 pourraient être créés d’ici à 2015 », précise même le gouvernement dans son communiqué.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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