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Grèves : Une nouvelle journée noire dans les transports en commun

Article du 14/11/2007
Après un premier épisode réussi le 18 octobre, les syndicats remettent le couvert. La journée s’annonce difficile pour les usagers de la SNCF et des transports en commun.
« Demain, ce qui s’annonce c’est une journée de galère pour les usagers, et peut-être d’autres jours encore », prévenait hier le ministre du Travail, Xavier Bertrand, très présent dans les médias.
« Ces réformes, je les mènerai jusqu’au bout. Rien ne me détournera de mon objectif », a assuré hier le président Nicolas Sarkozy dans une allocution devant le Parlement européen. « Ces réformes, les Français les ont approuvées. Je leur ai tout dit avant les élections (présidentielles de mai) pour pouvoir tout faire après », a-t-il ajouté.
Ce matin, la grève s’annonçait forte à la SNCF mais un peu moins massive que prévu à la RATP. Inévitable RTT, bicyclette et deux roues en tous genres, roller, taxi, voiture et covoiturage, marche : toute les ficelles du « système D » ont à nouveau été mises à profit.
Ces fortes perturbations ont entraîné une augmentation de la circulation routière aux abords de la capitale où les premiers bouchons ont fait leur apparition dès 6h00 du matin selon le Centre national d’information routière de Rosny-sous-Bois (Cnir).

La SNCF a débrayé dès hier soir

Hier, à partir de 20 heures ce soir, les cheminots de la SNCF ont débrayé. Sept des huit syndicats appellent à une grève « illimitée, reconductible par 24 heures ».
Seuls les conducteurs de la Fgaac (conducteurs autonomes) ne participent pas. La Fgaac, qui représente 30 % des conducteurs, estime que la grève est « très politisée » et fait le « pari d’obtenir plus par la négociation ».
La SNCF avertissait hier que la circulation des trains serait « très perturbée dès (…) 20 heures en raison d’un mot d’ordre de grève déposé par sept organisations syndicales » et « très probablement encore perturbé(e) pour le week-end du vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 novembre ». « Les capacités des trains seront renforcées sur tous les trains de grandes lignes mais le trafic ne sera pas revenu à la normale », précisait-elle.
Ce matin, le trafic était très perturbé au plan national, mais « plus important » que lors de la grève du 18 octobre avec 20 à 25 % des trains en moyenne, contre 5 à 10 %, a indiqué la direction.
La SNCF avait prévu 90 TGV sur le réseau national, contre 700 en temps normal. Les Eurostar (Paris-Londres) et Thalys (Paris-Bruxelles, Paris-Amsterdam, Paris-Cologne), circulaient normalement mais subissaient des retards pouvant aller jusqu’à 30 minutes. Seuls dix trains Corail (grandes lignes hors TGV) devaient circuler.
Le trafic TER était très perturbé dans toutes les régions et plus de 2 000 autocars de substitution étaient proposés. En Ile-de-France, certains RER étaient prévus sur quelques dessertes et aux heures de pointes. Plus de 1 000 bus complètent le dispositif.
La SNCF a renforcé son dispositif d’information aux voyageurs. La SNCF renvoie les usagers vers ses sites Internet (www.sncf.com pour tous les trafics, www.abcdtrains.com pour les prévisions Transilien par gare), ses numéros verts (0805 90 36 35 pour Grandes Lignes et TER ; 0805 700 805 pour Transilien), son service d’information sur téléphone portable (infogare.transilien.com) et la radio France Bleu Ile de France 107.1 qui diffusera des messages sur les perturbations toutes les dix minutes de 6h00 à 21h00.
Toutefois, dès hier, la SNCF « recommand(ait) à toutes les personnes qui le peuvent de limiter leurs déplacements ».
Tout billet de grandes lignes valable sur la période sera utilisable dans tout train circulant ce jour sur la relation considérée, (sans garantie de place assise).
Les clients préférant annuler un voyage comportant une réservation pour un train de la période, pourront le faire sans frais au guichet, quel que soit le tarif, précise la SNCF.

Dans la journée, les cheminots manifesteront dans toute la France. A Paris, le défilé partira de la gare Montparnasse en direction de la Gare de Lyon.

La RATP a embrayé ce matin

La RATP prévoyait « de fortes perturbations sur l’ensemble du réseau » (métro-bus-RER-tramway) pour aujourd’hui.
Sud, les syndicats autonomes (Unsa), indépendants (FSI) ont déposé un préavis de grève reconductible à compter du 14 novembre et ce pour une « durée illimitée », sur le réseau Bus, Métro et RER.
La CFTC (2,33 %) appelle de son côté à une grève de 24 heures. L’Unsa « stations » (personnel non roulant), a en revanche indiqué avoir déposé un préavis de grève de 24 heures pour la journée de mercredi.
Au final, ce matin, le trafic, tout en étant très fortement perturbé, était « meilleur que prévu » avec notamment 1 métro sur 5 au lieu de 1 sur 10, environ 15 % de bus, mais aucun RER sur la ligne B et très peu sur la ligne A.
Dans le métro, on comptait à 9h15 une ligne sur deux sur les lignes 1 et 2, une rame sur trois sur la ligne 4, deux rames sur trois sur la ligne 7bis, une rame sur cinq sur la ligne 6. Sur les lignes 3, 5, 7, 8, 9, 11 et 13, seul un métro sur dix voire moins circulait ce matin. Le service n’était pas assuré sur les lignes 3bis, 10 et 12. Enfin, la ligne 14, entièrement automatisée, circulait normalement.
Au niveau des RER, sur la ligne A, on comptait une rame sur sept avec l’interconnexion suspendue à Nanterre Préfecture. Le service n’était pas assuré sur la ligne B avec l’interconnexion suspendue à Gare du Nord.
Enfin, 15 % des bus circulaient en moyenne ce matin. Les tramways étaient eux fortement perturbés tout comme le Tvm et Roissybus (et non l’Orlyval).
La RATP met à disposition des usagers un numéro vert (0 800 15 11 11) et son Internet.
En régions, l’Union des transports publics (patronat) ne prévoit cependant pas de perturbation dans les réseaux urbains, dont les salariés ne sont pas concernés par la réforme.

Aujourd’hui, le mouvement touchera également le secteur de l’énergie: tous les syndicats ont appelé à la grève à EDF et GDF, pouvant aller jusqu’à des coupures de courant.

L’Opéra de Paris, dont les salariés sont concernés par la réforme, cessera ses représentations. Des préavis de grève reconductibles ont également été déposés à la Comédie française.

Enfin, le calme ne devrait pas revenir dans les universités françaises, perturbées depuis fin octobre, avec 17 sites bloqués hier sur 85. Aujourd’hui, 21 sites devraient être bloqués.
Les étudiants commencent à réagir contre la loi sur l’autonomie des universités – « priorité absolue » du Premier ministre – adoptée en juillet en pleines vacances scolaires malgré la tentative de la ministre de l’Enseignement Supérieur Valérie Pécresse qui a promis quelques mesures d’aide supplémentaires.
Le mouvement s’est accompagné à Rennes et Nanterre d’incidents liés à des tensions entre étudiants. Hier, un face-à-face tendu a opposé des étudiants qui voulaient empêcher l’accès au bâtiment de droit à Nanterre et des « antibloqueurs ». Sur demande du président de l’université, CRS et gendarmes mobiles sont intervenus, délogeant les « bloqueurs » en utilisant leurs matraques, et parfois des sprays lacrymogènes.
A Rennes II, le président de l’université a parlé de « comportement terroriste » à propos de la centaine d’étudiants radicaux qui empêchait les entrées hier. Du coup, les cours ont été annulés.
Valérie Pécresse a « solennellement » et « avec vigueur » condamné devant l’Assemblée nationale « toute forme de violence et de dégradation » dans les universités.

Les négociations pourraient dépasser le point mort

Mais l’espoir d’éviter une très longue grève, comparable au conflit de 1995, est cependant apparu hier soir. Le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault a proposé au ministre du Travail d’organiser des négociations avec les directions d’entreprises et les représentants de l’Etat sur « chacun » des régimes spéciaux de retraite, au lieu d’une négociation globale, comme la CGT le demandait jusqu’ici.
L’Unsa et la CFDT ont également repris au bond cette proposition de Bernard Thibault.
Le Premier ministre François Fillon s’est immédiatement déclaré « satisfait d’entendre que Bernard Thibault et la CGT, qui pour le moment ne voulaient pas entrer dans ce cycle de négociation semblent d’accord maintenant pour le faire ». Xavier Bertrand devait recevoir ce matin l’ensemble des autres syndicats, sauf Solidaire (syndicats Sud).
De son côté, le président Sarkozy qui a reçu hier soir, les dirigeants de la SNCF, la RATP, d’EDF et de GDF a souhaité que « les négociations s’ouvrent rapidement entre les directions des entreprises et les organisations syndicales ».
A la RATP, des négociations se sont ouvertes hier soir avec plusieurs syndicats de l’entreprise et des propositions jugées « intéressantes » par le syndicat indépendant (FSI) seront soumises aux assemblées générales de salariés dans la journée, a indiqué un responsable du syndicat à l’AFP.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP



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