Présidentielle : Le « parachute doré » de Forgeard continue de faire des vagues
Article du 12/04/2007
Le « parachute doré » de Noël Forgeard continuait à faire des vagues jeudi dans la classe politique, plusieurs candidats à la présidentielle estimant que l’ex-dirigeant d’EADS devrait rendre les millions qu’il a touché à son départ du groupe.
Nicolas Sarkozy, candidat UMP, a indiqué qu’il rendrait illégaux les parachutes dorés pour les chefs d’entreprise, « n’acceptant pas qu »on ait à la fois la grosse rémunération et le gros parachute ».
Il a souligné qu’il lui « semblerait normal » que Noël Forgeard, ex-PDG d’Airbus et ancien co-président exécutif d’EADS, rende les indemnités reçues à son départ d’EADS, qui se sont élevées au total à 8,4 millions d’euros.
La candidate PCF Marie-George Buffet a exprimé une opinion semblable. « Il devrait les rendre, on dit qu’il y a besoin d’argent à EADS et pour cela on prévoit un plan de milliers de suppressions d’emplois, et pendant ce temps-là non seulement les actionnaires comme le groupe Lagardère ou le groupe Daimler continuent à percevoir tranquillement leurs dividendes, mais M. Forgeard part avec le pactole, mais où est l’intérêt de l’entreprise ». « Que quelqu’un qui a conduit l’entreprise à un échec, qui s’en va avec le paquet, cela me paraît être du gangstérisme mondain », a estimé de son côté le candidat FN Jean-Marie Le Pen. Mais il a écarté le recours à la loi, estimant qu’il revient aux entreprises « de se protéger contre ce genre de prédateurs et aux actionnaires d’agir pour défendre leurs intérêts ».
Jugeant aussi que Noël Forgeard « devrait rendre » ses indemnités, le premier secrétaire du PS, François Hollande, a estimé que le ministre de l’Economie et des Finances, Thierry Breton, devait s’expliquer sur le montant de ces indemnités. « Voir un PDG qui a échoué gagner plus de 8 millions d’euros, alors que d’autres vont devoir quitter l’entreprise, fait naître un sentiment d’injustice voire des risques de violence », a estimé M. Hollande.
Pour autant, « ce n’est pas Forgeard qu’il faut mettre en cause, il n’est pas parti avec la caisse: les responsables ce sont les actionnaires, c’est-à-dire l’Etat qui doit prendre toutes les responsabilités », a-t-il ajouté.
Le chef de file des députés communistes Alain Bocquet a demandé la « convocation en urgence » de l’Assemblée nationale afin de « prendre des mesures concrètes ». Il a estimé qu’une « loi peut et doit être examinée et adoptée pour dépasser l’indignation vertueuse, quelque fois de façade, (...) particulièrement de la part de ceux dont les décisions ont depuis 5 ans encouragé et soutenu ces dérives ».
Le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, s’en est de son côté pris à François Bayrou, qui avait promis mercredi une loi de moralisation de la vie économique s’il est élu à l’Elysée, se disant « étonné » que le candidat centriste « découvre le problème ».
Il a rappelé que les députés PS avaient tenté en vain de faire adopter en 2004 une proposition de loi destinée à reconnaître la responsabilité individuelle des dirigeants d’entreprises et à les poursuivre en cas de « faute ».
Cette proposition avait été repoussée avant l’examen de ses articles, l’UMP votant contre, l’UDF s’abstenant, PS et PCF votant pour.