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Focus sur l’emploi des cadres

Article du 24/04/2008
La publication par l’APEC (Association pour l’emploi des cadres) d’une étude sur l’emploi des cadres est l’occasion de faire le point sur cette niche du marché du travail.
Premier constat : le spectre du chômage s’éloigne des cadres. Les quelque 3,1 millions de cadres du privé connaissent « une situation de plein emploi » avec un taux de chômage estimé à 3,8 %, soit « deux fois moins que l’ensemble des salariés », souligne cette étude. Le chômage de longue durée concernerait chez les cadres 40 000 à 45 000 personnes, selon l’Apec.
Attention toutefois, la situation diffère selon les âges. Et le taux de chômage des cadres est croissant avec l’âge : de 1,6 % pour les cadres de moins de 30 ans, à 2,9 % pour les 30-49 ans, et 6,4 % à 50 ans et plus. Il reste difficile de trouver ou de retrouver du travail pour les jeunes diplômés de certaines disciplines et à partir de 55 ans, quand les préjugés sur l’âge pèsent le plus, note l’Apec. « Les seniors n’alimentent pas un flux particulier d’inscriptions au chômage mais ceux qui ont perdu leur travail peinent plus que les autres » à en retrouver, souligne le président de l’Apec, Gabriel Artero.
Conséquence, dans trois cas sur dix, pour un cadre de plus de 50 ans, l’emploi retrouvé est précaire (CDD, intérim). Dans deux cas sur trois, il s’accompagne d’une baisse de sa rémunération et, dans quatre cas sur dix, le cadre a accepté une baisse des responsabilités exercées voire une perte de son statut de cadre.
Si, depuis 2004, le taux de retour à l’emploi s’est amélioré pour les cadres de plus de 50 ans, cela reste « problématique » pour les plus de 55 ans. La durée du chômage pour les cadres ayant dépassé la cinquantaine tient notamment à « un état psychologique », selon Isabelle Bertrand, consultante Apec à Dijon et animatrice de séminaires pour des cadres au chômage de longue durée. Certains cadres sont « en panne », dit-elle, après une rupture professionnelle sans lien avec leur âge et davantage liée à la pression croissante sur les résultats dans les entreprises, ainsi qu’à la pression des actionnaires qui, souligne Gabriel Artero, « rentrent de plus en plus violemment dans le jeu ».
A l’opposé, les jeunes cadres connaissent eux aussi des difficultés d’embauche. L’Apec note une insertion des Bac+4 variable selon les disciplines. Dans les télécoms ou l’informatique, deux ans après le diplôme, plus de neuf jeunes sur dix ont du travail et seuls 2 % cherchent leur premier job. A l’opposé, plus de 10 % des diplômés de physique, d’agronomie mais aussi de plusieurs disciplines des sciences humaines sont encore à la recherche de leur premier emploi au bout de deux ans.
Si 11 % des cadres quittent leur emploi avec le projet de se mettre à leur compte, seuls 3 ou 4 % vont réellement au bout, ce qui fait dire au directeur général de l’Apec, Jacky Chatelain, qu’orienter ces personnes uniquement vers un accompagnement de leur projet est une « ânerie ».
« L’assimilation du recrutement à un risque et le refus de toute prise de risque aboutit au ‘clonage’, les recruteurs voyant un gage de sécurité dans le fait d’embaucher de préférence un candidat qui soit la copie conforme d’un profil déjà connu. Cette pratique tend évidemment à réduire la fluidité du retour à l’emploi », note l’Apec dans son étude.

La difficile question des seniors au chômage

L’Agence a profité de cette publication pour inviter mercredi le gouvernement et les partenaires sociaux à se pencher sur le sujet alors que la question des seniors au chômage se pose. Le taux d’emploi des seniors (55 à 64 ans) n’est que de 38 %.
L’APEC a demandé au gouvernement de se garder de « toute mesure qui fragiliserait économiquement » les cadres au chômage de longue durée, en particulier les plus de 50 ans,.
Jacky Chatelain fait valoir l’exemple de l’Allemagne qui a récemment dû faire marche arrière et rallonger la durée d’indemnisation prévue pour les cadres de plus de 50 ans, dont le retour à l’emploi, en cas de chômage, est plus laborieux. Cette demande de l’APEC fait écho aux récents propos de la ministre de l’Economie.
En effet, Christine Lagarde a laissé entendre la possibilité d’une révision de la dispense de recherche d’emploi (DRE). Depuis 1985, les demandeurs d’emploi de plus de 57 ans et demi (ou plus de 55 ans sous certaines conditions) peuvent conserver leurs droits à indemnisation sans avoir à effectuer les démarches régulières demandées aux autres chômeurs. Or le gouvernement pourrait lever cette dispense.
Fin décembre 2007, 383 117 chômeurs étaient officiellement dispensés de recherche d’emploi (DRE), contre 405 800 fin 2006 et 408 703 fin 2005, selon des chiffres du régime d’assurance chômage (Unedic). Ils ne sont pas comptabilisés dans la liste ANPE des demandeurs d’emploi en fin de mois (DEFM) de catégorie 1, qui sert de baromètre officiel au chômage. La suppression des DRE ferait donc mathématiquement fortement grimper le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE.
Améliorer l’employabilité des seniors en mettant en place des quotas dans les entreprises ? Cette piste a très vite suscité une vive polémique. Mardi, le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a expliqué qu’il ne croyait pas aux quotas, donnant un avis similaire à celui du Medef qui n’a pas manqué de réagir à la question. Le ministre travaillerait à d’autres pistes pour améliorer l’employabilité des seniors. Un projet de loi doit être présenté avant la fin de l’année.


Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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