Immigration : Qui est responsable de l’incendie du CRA de Vincennes ?
Article du 25/06/2008
Depuis l’incendie du Centre de Rétention Administrative (CRA)de Vincennes dimanche, la polémique sur les responsabilités enfle entre un gouvernement inflexible sur sa politique d’immigration et des associations qui la tiennent pour cause première du sinistre.
Deux retenus étaient toujours en garde à vue hier dans le cadre de l’enquête ouverte par le parquet de Paris. Ils pourraient avoir « incité à l’émeute », selon une source judiciaire, après la mort samedi d’un retenu qui a conduit à l’incendie volontaire du centre qui comptait 249 personnes au moment du sinistre.
Par ailleurs, le retenu qui manquait toujours à l’appel hier a été retrouvé parmi les blessés transportés dimanche soir à l’Hôtel Dieu à Paris, selon la Préfecture de police.
Parmi les ex-retenus de Vincennes, transférés dans cinq autres CRA, 31 ont été libérés pour divers motifs (fin de rétention, décision au tribunal administratif ou tribunal de grande instance, décision de la préfecture), selon la Cimade, seule association habilitée en rétention.
Deux cents manifestants étaient rassemblés hier soir devant les décombres du CRA de Vincennes, à l’appel du Mrap, RESF (Réseau éducation sans frontières), de la CGT et du Syndicat des avocats de France pour dénoncer la « politique du chiffre » des expulsions.
Cet incident ne semble pas faire vaciller la politique migratoire du gouvernement, malgré plusieurs voix discordantes dans la majorité. Le Premier ministre François Fillon a réaffirmé hier qu’il n'avait pas l’intention de changer de politique en matière d’immigration.
Quinze jours avant le sinistre, la Commission nationale de contrôle des centres et locaux de rétention administrative et des zones d’attente (CRAZA) avait tiré la sonnette d’alarme dans un rapport aux ministres de l’Immigration Brice Hortefeux et de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie. La commission y soulignait le « climat de tension et de violence qui règne de façon permanente dans tous les CRA et spécialement à Vincennes, où un rien suffit à mettre le feu aux poudres ».