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La grippe aviaire menace à nouveau

Article du 09/07/2007

Un mauvais « cygne ». Les trois oiseaux retrouvés morts début juillet sur un étang de la commune d’Assenoncourt, en Moselle, ont bel et bien été victime du virus hautement pathogène de la grippe aviaire.
Cette découverte, ainsi que celle encore plus récente en Allemagne (cf encadré) est de mauvais augure à l’aube d’un été, traditionnellement une des meilleures saisons pour la consommation de viande volaille, lesquelles volailles sont au premier rang des victimes potentielles en cas d’épizootie aviaire.
On se rappelle que début 2006 la découverte de plusieurs foyers infectieux en Europe mais surtout le battage médiatique opéré autour du virus H5N1 avait drastiquement fait chuter la consommation de poulet et ce malgré les appels à la raison.
La peur de manger du poulet peut-elle à nouveau envahir les consommateurs européens ? Si Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, s’est tout récemment voulue rassurante, il n’est pas impossible que ses propos tenus sur LCI éveillent des soupçons : « La France n’est pas menacée par une épidémie de grippe aviaire puisqu’il n’y a pas de contamination interhumaine, pour l'instant, avec le virus H5N1, mais il faut être vigilant car la grande pandémie grippale qui a suivi la guerre de 1914, la grippe espagnole, était d’origine aviaire ».
Pour l’heure, il n’y a, selon les scientifiques, aucun réel danger pour l’homme. Les seuls cas de décès du à l’influenza aviaire, notamment dans les pays asiatiques et dans quelques pays moyen-orientaux, ont concerné des personnes qui avaient été en contact prolongé et direct avec des animaux malades, et ce dans des conditions d’hygiène très minces. Aucune preuve n’est faite que le virus puisse se transmettre directement à l’homme. Et les chercheurs essaient de comprendre le virus qui pourrait en revanche s’avérer plus dangereux en cas de mutation.
Qui plus est, le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, a renforcé son dispositif de prévention et de surveillance des volailles et des oiseaux sauvages, pour éviter tour risque de contagion accidentelle. Le niveau d’alerte passe donc de « modéré » à « élevé ». Comme prévu dans la grille d'évaluation annexée à son avis du 12 septembre 2006, la France est dotée d’une échelle de six niveaux pour les mesures de protection et de surveillance : négligeable 1, négligeable 2, faible, modéré, élevé, très élevé.
Dans les exploitations agricoles voisines du point d’eau touché en Moselle, les animaux et particulièrement les volailles ont été confinés et leur transport a été interdit. Les détenteurs de volailles et d’oiseaux d'agrément doivent mettre en oeuvre plusieurs mesures de protection.
Les volailles et les oiseaux doivent être protégés afin de prévenir tout contact direct ou indirect avec les oiseaux vivants à l’état sauvage, être confinés ou protégés par des filets, ou faire l’objet des mesures alternatives avec une visite vétérinaire d’évaluation.
Les rassemblements de volailles et d’oiseaux et les compétitions de pigeons sont interdits.
Enfin, les autorités tentent de rassurer le consommateur : le virus H5N est détruit pas une cuisson à 70 °C. Généralement, les poulets cuisent au four aux alentours de 200°C.

La filière s’est bien remise de la crise aviaire de 2006

L’an dernier, au plus fort de la crise, la consommation de volaille a chuté de presque 30 %, mettant à mal toute une filière agricole française qui produit 900 millions de volailles par an, dont 700 millions de poulets, et représente 80 000 emplois.
Les aides débloquées par le gouvernement mais surtout le retour à la raison des consommateurs ont permis de renouer avec des niveaux de vente de viande de poulet presque normaux. Malgré tout, cet épisode a marqué financièrement nombre d’éleveurs spécialisés.
Chez Duc, septième volailler français, on élève des poulets labellisés, en plein air, avec une alimentation 100 % végétal et sans OGM. Si le label a pu aider la société a redressé ses comptes, étant un signe de qualité et une garantie de traçabilité, l’élevage en plein air des animaux a un temps dérouté le consommateur, effrayé par la possibilité de la transmission de la maladie d’un oiseau sauvage à un animal destiné à la consommation. Début 2006, la baisse d’activité a connu une chute de près de 70 % pour Duc. Aujourd’hui, la société semble remise. L’éleveur de volaille a réalisé un chiffre d’affaires pour le premier trimestre 2007 en hausse de 82,23 % à périmètre actuel, à 34,49 millions d’euros.
Duc explique avoir tiré tous les bénéfices de la reprise de la consommation de viande blanche grâce à une « nouvelle dynamique commerciale » et au dynamisme de la marque Volaven, dédiée aux produits carnés panés.
Producteur intégré, pour multiplier les variations autour de son produit phare – le poulet constituait en 2003 76 % de son chiffre d’affaires -, Duc joue aussi sur de nouvelles gammes, comme le « Passeport des saveurs », qui propose une saveur par mois, la gamme halal, qui obéit aux rites religieux, ou encore des produits innovants tels que Facil’Découp ou Facil’Cuisson qui portent bien leur noms.
La société de François Gontier estime désormais que la « bonne orientation des ventes accompagnée d’une exploitation positive devrait se poursuivre sur le deuxième trimestre avec un démarrage très encourageant des gammes de produits d’été ». A moins d’une nouvelle chute de la consommation.
Chez LDC, les poulets s’élèvent en batterie, à l’abri de tout contact avec des oiseaux sauvages. Malgré l’épisode du H5N1 en 2006, la société qui commercialise ses produits notamment à travers les marques Le Gaulois et Loué, a réalisé un chiffre d’affaires de 1 576 millions d’euros. La reprise de la consommation de viande au deuxième semestre de l’année a permis de compenser la chute du premier semestre (- 7,2 %). L’activité de Volaille France de LDC est même en hausse au premier trimestre 2007 (+ 20,8 %).
Comme Duc, LDC mise sur l’innovation dans ses produits élaborés pour séduire les clients, les acquisitions pour accroître ses parts de marché et l’international pour se développer. Au final, en France, une volaille sur 4 est produite par LDC. Enfin, LDC habille tous ses emballages d’une étiquette qui présente la composition nutritionnelle de l’aliment et d’une autre – souvent sur le devant du produit – qui donne des informations sur l’animal (son pays de naissance, d’élevage et de préparation, son type d’alimentation). Un guide traçabilité complet pour rassurer le consommateur.

Un foyer en Allemagne

Le virus de la grippe aviaire découvert en Allemagne sur une oie domestique, dans le land de Thuringe. Neuf autres volatiles de la ferme ont été abattus par précaution.
Par ailleurs, 38 oiseaux sont morts près de Sangerhausen, à l’est. Ce qui porte à plus de 50 le nombre d’oiseaux sauvages porteurs du virus retrouvés morts depuis la semaine dernière.
Les pays limitrophes ont eux aussi pris des mesures de sécurité et de confinement.



Chronologie de la grippe aviaire en France
2006

13 janvier : extension des mesures de confinement à 58 départements.
19 janvier : interdiction, pour la première fois, des volailles vivantes au Salon de l’agriculture de Paris.
15 février : confinement de toutes les volailles élevées en plein air.
18 février : confirmation officielle du premier cas de virus H5N1 sur un canard trouvé mort le 13 février dans l’Ain. Mise en place de mesures contre la propagation du virus.
22 février : deuxième cas de virus H5N1 décelé sur un canard sauvage mort dans l’Ain.
23 février : la présence du H5N1 est suspectée dans un élevage de dindes à Versailleux (Ain). 400 volailles sont mortes de maladie, les autres animaux sont euthanasiés.
5 mars : la grippe aviaire gagne du terrain en France. La présence du virus est confirmée sur un cygne sauvage dans les Bouches-du-Rhône. Soit 31 oiseaux sauvages contaminés depuis l’apparition de la maladie.
2007
24 juin : la France renforce son dispositif de prévention et de surveillance dans « les zones écologiques à risque particulier » après la découverte de trois cas de grippe aviaire en Allemagne.
5 juillet : les analyses confirment que le virus H5N1 est à l’origine de la mort de trois cygnes découverts fin juin sur un étang d’Assenoncourt (Moselle).


Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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