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La Poste : condamnée par la justice pour des CDD à répétition

Article du 20/03/2008
Soixante-six CDD en six ans pour une factrice, 117 et même 574 pour des guichetières: la Poste a été plusieurs fois condamnée pour l'embauche de salariés sur des CDD à répétition, une situation qu'elle dit révolue, mais qui reste le cheval de bataille de plusieurs syndicats.
Mercredi, la CGT a envoyé un huissier à la direction de La Poste d'Albi pour obtenir le paiement de 200.000 euros que celle-ci doit verser à sept postiers qui avaient multiplié des CDD (contrats à durée déterminée), suite à une décision du conseil des prud'hommes en février.
Des condamnations similaires ont été prononcées ces derniers mois à Saint-Nazaire, Figeac (Tarn) et Quimper. Et d'autres dossiers sont en attente dans la Creuse, la Haute-Vienne, le Cantal, l'Arriège et le Lot, selon Sud-PTT et la CGT.
Le record de CDD est détenu par une guichetière qui en a cumulé 574, à Albi, où plus d'une cinquantaine de cas ont été jugés en deux ans.
Parmi eux, Odile Guibert a obtenu 66.000 euros pour 247 CDD en 16 ans, et la requalification de ses contrats en CDI (contrat à durée indéterminée).
D'abord employée par La Poste comme femme de ménage, puis au tri, au guichet et enfin comme factrice jusqu'en 2006, elle a eu des contrats d'une journée, une semaine ou un mois, qu'elle ne refusait jamais, par crainte « de ne plus être rappelée ».
« Je ne pouvais jamais prendre de vacances », explique cette femme de 52 ans, qui espérait voir un jour son travail « reconnu » par un CDI. Mais au final, « c'est un jeune qui a été embauché en CDI, avec des intérimaires ».
Pour Thomas Barba, délégué CGT à Albi et spécialiste de ces dossiers, il faut « attaquer la Poste au niveau de l'image et du portefeuille ».
Selon lui, le groupe postal a pendant une quinzaine d'années « choisi une gestion par le risque, embauchant des salariés en contrats précaires par dizaines de milliers, même illégalement, en se disant que seulement une minorité irait jusqu'au procès ».
La Poste reconnaît qu' « à une époque, face à des pointes d'activité saisonnières ou quand des personnes étaient absentes, des managers locaux ont eu recours à des CDD en dépannage ».
Mais les dossiers en justice sont « des cas anciens », assure-t-elle, car « à partir de 2003 », une politique de « déprécarisation de l'emploi » a été mise en place, privilégiant le travail en équipe et le remplacement des absents par des titulaires. Ainsi, au service du courrier, « 20% du personnel est payé à remplacer les autres ».
En novembre 2004, un accord syndicats-direction a conclu à « la transformation progressive de CDD en CDI » au sein du service courrier, explique la Poste, qui « transformé 11.000 CDD en CDI entre 2004 et 2006 ».
Au final, le groupe a réduit le nombre de CDD de 56% en quatre ans, de 28.468 fin 2003 à 12.603 fin 2007 (sur un effectif de près de 290.000 salariés).
La CGT parle d'une « grande bataille gagnée », mais souligne que les procédures judiciaires se poursuivent, notamment pour ceux qui sont désormais en CDI mais dont l'ancienneté en CDD n'est pas prise en compte.
De plus chaque affaire médiatisée provoque un afflux de demandes. « Les gens découvrent par hasard qu'ils ont été lésés, parfois après avoir quitté l'entreprise », souligne Régis Blanchot (Sud-PTT).
Pour lui, « le contentieux va aussi se développer vers les intérimaires, que la Poste recrute de plus en plus ». Mais la direction affirme n'en employer que 1% en 2007.
Il y a aussi beaucoup d'arrangements à l'amiable, pour éviter d'aller en justice, souligne Daniel Chevée (FO). Mais « l'emploi précaire existe toujours, comme dans la branche colis, qui fait beaucoup appel à la sous-traitance », souligne-t-il.

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