Fidèle parmi les fidèles. En nommant Brice Hortefeux au ministère de l’Immigration, de l’identité nationale et du codéveloppement, Nicolas Sarkozy peut compter sur la confiance d’un allié vieux de 30 ans.
Car entre le nouveau Président de la République et Brice Hortefeux, l’amitié remonte à leurs débuts en politique. Tous deux ont grandi à Neuilly-sur-Seine – Brice Hortefeux y est même né. Tous deux ont fait ensemble leurs premières armes en politique en tenant la permanence du RPR de Neuilly. Et si Nicolas Sarkozy prend de l’essor politique plus rapidement que son « frère » comme il aime à l’appeler, il ne l’oublie pas. Quand en 1995 Brice Hortefeux devient préfet, c’est grâce au soutien de son mentor. Mais il devra attendre un an d’avoir une affectation.
Brice Hortefeux choisit l’Auvergne pour doper sa carrière politique. De 1991 à 2001, il occupe le poste de secrétaire départemental de la fédération RPR du Puy-de-Dôme. Un an plus tard, il devient Conseiller régional d’Auvergne.
Un temps, Brice Hortefeux a même prétendu à la mairie de Clermont-Ferrand.
Aux européennes de juin 2004, c’est lui qui conduit la liste UMP dans la région Centre et obtient le meilleur score des candidats de l’UMP (20,36 %).
L’homme politique n’oublie pas pour autant son collègue et ami et le suit, dans l’ombre. Il sera le chef de cabinet de Nicolas Sarkozy quand celui-ci devient ministre du Budget et de la Communication et porte-parole du gouvernement de 1993 à 1995.
En 1999, Nicolas Sarkozy essuie une défaite aux élections européennes et démissionne. Brice Hortefeux le remplace.
Lorsque Nicolas Sarkozy accède au Ministère de l’Intérieur en 2002, Brice Hortefeux est encore là. En tant que conseiller. Puis, montant dans la hiérarchie, en tant que ministre délégué aux Collectivités territoriales, de 2005 à 2007.
Brice Hortfeux accède aussi à la direction de l’UMP grâce à l’intermédiation de son ami. En 2002, Nicolas Sarkozy devra se battre pour imposer à Alain Juppé la nomination de Brice Hortefeux comme secrétaire général adjoint du parti.
Malgré le coup de sang entre les deux hommes durant la campagne présidentielle, quand Brice Hortefeux parle d’introduire une dose de proportionnelle dans les élections législatives, son dévouement à Nicolas Sarkozy sera récompensé avec l’accession à ce nouveau ministère de l’Immigration, de l’identité nationale et du codéveloppement. Car les disputes entre les deux hommes sont rares. En vrais amis, ils se téléphonent même quotidiennement depuis leur rencontre en 1976 et se disent tout. Ainsi, quand le couple Cécilia et Nicolas Sarkozy a connu des heures difficiles, Brice Hortefeux était-il le premier au courant. Si Brice Hortefeux n’est pas un adepte du footing matinal, il affronte volontiers Nicolas Sarkozy lors de match de tennis amicaux.
Enfin, Témoin de Nicolas Sarkozy lors de son premier mariage, l’homme est le parrain d’un des fils du nouveau président de la République.
… pour gérer le « Home Office » à la française
Aujourd’hui, Brice Hortefeux entend se montrer digne de cette amitié et de cette confiance dans son nouveau rôle de ministre. Pour lui, il s’agit de mettre de la cohérence dans la politique d’immigration pour la rendre plus efficace. D’où la création de ce super-ministère qui regroupera désormais des compétences qui étaient jusqu’alors éclatées entre plusieurs ministères. Les visas et l’asile dépendaient des affaires étrangères, les titres de séjour de la direction des libertés publiques et des affaires juridiques (DLPAJ) du ministère de l'intérieur, l’accueil et les naturalisations sont gérés par la direction des populations et des migrations (DPM) du ministère de l’emploi, l’acquisition de la nationalité par mariage relève de la justice, et les expulsions de la police aux frontières (PAF).
Il va sans dire que le premier obstacle auquel Brice Hortefeux devra faire face, ce sont les rigidités et les lourdeurs administratives qui devraient bloquer ses premiers mois d’exercice. En effet, la nouvelle entité ne disposera pas dans un premier temps d’une administration propre mais les différents services resteront attachés à leurs administrations d’origine. Pourtant, sur le papier, seuls 500 à 600 fonctionnaires seraient concernés par un regroupement. Mais les réticences devraient être nombreuses.
L’autre difficulté est plus strictement politique. Le rassemblement sous une même bannière des notions d’immigration, d’intégration, d’identité nationale et de codéveloppement pose problème à certains. Ainsi, le jour même de l’annonce de la création de ce ministère, huit historiens de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration ont-ils démissionné en guise de protestation.
Ce nouveau ministère se veut le reflet de la politique d’immigration imaginée par Nicolas Sarkozy. Chargé de renforcer la politique d’ « immigration choisie » promue par la loi du 24 juillet 2006, Brice Hortefeux devra remplir les objectifs du Président : définir des plafonds annuels d’entrées par catégorie (immigration économique, asile, regroupement familial) – la fameuse politique des quotas longtemps critiquée par Matignon - , durcir les conditions du regroupement familial, remédier par l’immigration aux besoins de main d’oeuvre criants dans certains secteurs de l’économie française…
Une tache qui s’annonce loin d’être aisée pour Brice Hortefeux. Mais l’amitié n’a pas de prix.
Brice Hortefeux est l’auteur avec André Levôtre de Jardin à la française, plaidoyer pour une République de proximité (Editions Denoël, 2003) et a fait l’objet d’une biographie Brice Hortefeux le mécano de Sarko, rédigée par le journaliste Philippe Reinhard, parue aux éditions Le Cherche Midi en mars 2007.
