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Inde : le géant est en marche

Article du 01/06/2007

On craignait la Chine et son appétit démesuré marqué par une croissance à deux chiffres depuis plusieurs années. Aujourd’hui, et après l’épopée Mittal – Arcelor, nos regards sur portent sur l’Inde. Ce pays aux allures de continent fort de plus de 1,1 milliard d’habitants ne cache plus désormais ses ambitions.
L’Inde caracole derrière la Chine en terme de croissance du PIB. La croissance indienne au plus haut depuis près de vingt ans à 9,4 % sur un an à fin mars. On est loin de la croissance moyenne de 5,7 % durant les années 1990.
Contrepartie de cet éveil économique, les autorités indiennes devraient à nouveau augmenter les taux de la banque centrale (sept tours de vis en un an et demi) pour canaliser l’inflation. Mi-mai, elle était à un plus bas à 5,27 %.
A 3,5 % du PIB, le déficit des finances publiques semble maîtrisé et les recettes fiscales sont même supérieures aux prévisions, annoncé le ministère des Finances récemment.

Un colosse …

Un atterrissage en douceur de l’économie indienne signifie tout de même pour le pays une croissance aux alentours de 8 %. Tirée par les secteurs des services et de l’industrie (+ 11 % chacun l’an passé).
Ce sont les grandes familles qui ont forgé le capitalisme indien et dominent encore 50 % du paysage économique. Fondé sur le textile en 1870, le groupe Tata, qui a commercialisé la première voiture indienne, est aujourd’hui un des leaders du software et le premier sidérurgiste du pays.
Les grands groupes de ce genre ont bien compris les enjeux d’une ouverture commerciale : investissements dans l’appareil productif, acquisitions d’entreprises étrangères - comme en témoigne l’achat de Corus par Tata Steel -, amélioration de la qualité de l’offre … les capitaines d’industrie indiens veulent aujourd’hui conquérir le monde, à l’image de Mittal.
Après avoir conquis leur pays. La société indienne est en mouvement et émerge une classe moyenne, forte de 300 000 millions de personnes, soit autant que la population des Etats-Unis. Disposant en moyenne d’un revenu de 600 euros par mois, souvent salariée dans les services informatiques, la jeune génération découvre les joies de la consommation de produits manufacturés. Ces « nouveaux riches » ont adopté une consommation ostentatoire qui dynamise l’économie nationale, des petites échoppes de coin de rue aux centres commerciaux qui prolifèrent dans les mégalopoles.
Les autorités indiennes veulent aujourd’hui se débarrasser de l’image d’un Inde grouillante et pauvre. L’anecdote est parlante : le gouvernement vient de mettre en vente un terrain de 214 hectares, situé à proximité de l’aéroport de Bombay. Mise à prix : 2,3 milliards de dollars. Il entend raser les habitations de tôles délabrées qui abritent près de 300 000 personnes dans ce qui est le plus grand bidonville asiatique pour y construire un grand complexe immobilier flambant neuf.
Cette classe moyenne attire également les industriels internationaux qui trouvent en Inde une terre de production à bas coûts et des débouchés grandissants. Les investissements directs étrangers ont atteint 12,4 milliards de dollars sur les dix premiers mois de l’exercice 2006-2007.
Autre témoin de ce dynamisme économique : la Bourse indienne. Depuis début 2007, la Bourse de Bombay a grimpé de 15 % en dollars. La capitalisation boursière en Inde a dépassé cette semaine le seuil des 1 000 milliards de dollars.
Outre la vigueur des entreprises nationales, l’Inde profite aussi d’un net intérêt des investissements internationaux. Les fonds étrangers ont ainsi été acheteurs nets d’actions pour 3,76 milliards de dollars.
Mais la Bourse indienne n’est pas dénuée d’un risque de volatilité plus élevée à l’image de ces consoeurs des pays émergents.

… aux pieds d’argile

Reste que l’Inde, ce n’est pas seulement des immeubles de services informatiques off-shore qui embauchent les quelques 2,5 millions de diplômés dont 200 000 ingénieurs qui sortent chaque année des établissements d’enseignement universitaire.
Face à une minorité de fortunés, un tiers de la population indienne vit encore sous le seuil de pauvreté de un dollar par jour. La condition de la femme dans les régions les plus reculées reste un grave sujet de préoccupation. L’éducation ne représente que 3,5 % du PIB indien même si le budget 2007-2008 présenté il y a quelques jours par le ministre des Finances entend renforcer son action sociale.
L’organisation en castes, relativement hermétiques, fondées sur la naissance et qui déterminent la profession, bien que désormais interdites par la loi mais vivace dans les mentalités, est source d’interrogations. Si cette mosaïque sociale tend à s’estomper, elle reste toujours un frein à un certain développement tout lui conférant des valeurs fortes. L’Inde arbore plus que jamais sa devise : « l’union dans la diversité ».
La faiblesse des infrastructures, la survivance de contraintes à l’entrée des investissements étrangers et d’un tissu de micro-industries interrogent la soutenabilité d’une croissance de 8 %.16 % seulement de la population possède un téléphone portable. La moitié des Indiens n’ont pas encore accès aux services bancaires et sept habitants sur 1 000 ont une voiture, contre 500 sur 1 000 en Europe de l’Ouest.
L’agriculture reste une des principales ressources de l’économie nationale, qui fournit un cinquième du PIB et emploie environ deux tiers de la population, et bien souvent le seul revenu des familles les plus pauvres. Et ce qui n’arrange rien, les produits alimentaires sont les plus touchés par la flambée des prix. Même si la part de l’agriculture est en nette diminution dans les ressources étatiques, le gouvernement devrait multiplier les mesures d’aide à ce secteur avec l’augmentation des réserves financières du fonds pour le développement des infrastructures rurales et les projets d’irrigation.
De quoi colmater quelques fissures pour ce colosse aux pieds d’argile…

Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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