Nicolas Sarkozy s’envole pour la Chine dimanche pour un voyage diplomatique de deux jours où les questions économiques devraient être au premier rang, sa visite précédent celle d’une délégation européenne de haut rang sur les enjeux de l’euro fort.
Nicolas Sarkozy part accompagné de plusieurs membres de son équipe ministérielle. Mais Rama Yade en sera la grande absente, notait ce matin Europe 1. La secrétaire d’Etat en charge des droits de l’homme au Quai d’Orsay avait pourtant été confirmée pour le voyage. Mais son nom n’apparaît plus sur la liste finale des participants. La jeune femme l’a appris très récemment par la presse. Elle ne sera donc pas le porte-parole de la France au sujet des droits de l’homme, un sujet hautement polémique en Chine et qui n’a pas manqué d’éveiller les critiques de certaines associations à l’aube de cette visite présidentielle.
Durant son séjour, le président français dînera avec son homologue chinois Hu Jintao et avec le Premier ministre Wen Jiabao, ce qui est « exceptionnel dans le protocole chinois », selon l’Elysée.
Outre les rendez-vous diplomatiques, les visites culturelles – Nicolas Sarkozy devrait découvrir Xian, l’ancienne capitale impériale, où se situe le Mausolée de l’empereur Qin, célèbre pour son armée de terre cuite composée de milliers de guerriers et chevaux grandeur nature ; il devrait également se rendre sur les installations olympiques – les sujets abordés au cours de cette visite seront avant tout économiques. « Nous voulons établir avec la Chine une relation forte, au moment où les relations entre Pékin et certains pays occidentaux ont tendance à se tendre », affirme l’Elysée. « L’Eldorado chinois attire massivement les entreprises françaises (800 implantées dans le pays) mais nous avons un effort de rattrapage à accomplir », ajoute-t-on.
Des contrats à signer
Nicolas Sarkozy part avec, dans sa valise, des contrats à signer et moult chefs d’entreprise. D’ores et déjà, la Chine a prévu d’acquérir 100 à 150 Airbus, notamment une centaine d’appareils appartenant à la famille A320, rapporte La Tribune. Une commande qui devrait être passée à l’occasion de ce rendez-vous franco-chinois. Les compagnies chinoises sont également intéressées par des long-courriers de la famille des A330, ajoute le journal, et par des A350, selon Les Echos. Airbus devrait logiquement profiter de l’explosion du trafic aérien chinois.
En revanche, le très gros porteur d’Airbus, l’A380, ne bénéficierait d’aucune nouvelle commande, « en dépit de nombreuses rumeurs », selon les informations de La Tribune.
L’autre quotidien économique, Les Echos, chiffre à « 10 milliards d’euros » les « contrats en vue » en précisant que d’importantes commandes sont attendues également pour Areva, EDF, CMA CGM, Alcatel et Alstom.
Selon Les Echos, Areva devrait « signer la vente de deux réacteurs EPR au premier électricien nucléaire du pays, China Guangdong Nuclear Power Corp. (CGNPC) » « après avoir perdu, l’an dernier, face à Westinghouse le contrat géant portant sur la livraison de quatre réacteurs de troisième génération ». Le journal cite également pour Areva un contrat de « fourniture, pendant vingt ans, de l’uranium nécessaire au fonctionnement des deux EPR. Un contrat estimé à plus de 1,5 milliard d’euros. »
EDF devrait tirer profit des opérations d’Areva en entrant « à hauteur de 30 %, au capital d’une la coentreprise créée par CGNPC pour construire et exploiter les deux nouveaux EPR chinois. EDF cherchait depuis plusieurs mois à s’imposer, en Chine, comme un partenaire et un investisseur financier et non plus comme un simple prestataire d’ingénierie », note le journal économique.
Concernant le CMA CGM, spécialiste du transport de conteneurs, Les Echos fait état d’ « un accord de coopération l’autorisant à investir dans un terminal conteneurs du port de Xiamen. Ce serait la première fois qu'un groupe français serait autorisé à investir directement dans un port du pays. »
Le journal économique cite également Alcatel qui « devrait signer, lundi, de nouveaux contrats avec les grands opérateurs mobile chinois portant sur l’extension de leurs réseaux GSM en province » et Alstom qui « pourrait, lui aussi, finaliser plusieurs commandes à l’occasion de la visite présidentielle ».
Par ailleurs, Nicolas Sarkozy devrait plaider la cause de Schneider et Danone, « plongés dans des démêlés juridico-économiques en Chine », note enfin le quotidien économique.
Enfin, autre sujet abordé au cours de la visite d’Etat française : la question de la protection de l’environnement et du développement durable. « La marque de cette visite », c’est « le mot environnement », affirme Jean-David Levitte, conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy. Ce dernier prononcera d’ailleurs un discours sur ce thème devant les étudiants de l’université de Qinghua, à Pékin.
