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Allemagne : Le débat sur le salaire minimum réveille de vieux démons

Article du 04/12/2007

L’instauration d’un salaire minimum pour les facteurs a réveillé de vieux démons en Allemagne où le patronat menace de suppressions d’emplois par millions si une telle mesure était étendue à d’autres secteurs, comme le souhaitent les syndicats et les sociaux-démocrates.
Entre 8 et 9,80 euros : ce sont les chiffres qui font trembler les patrons allemands.
Ils définissent le salaire minimum horaire autorisé à l’avenir en Allemagne pour les salariés du secteur de la distribution de courrier, fixé la semaine dernière par le syndicat allemand des services Verdi et la poste semi-publique Deutsche Post, et adoubé par le gouvernement d’Angela Merkel.
La réaction des rares concurrents de Deutsche Post n’a pas tardé : le groupe néerlandais TNT et l’allemand Hermes Logistik ont annoncé hier qu’ils gelaient leur projet de se lancer dans la distribution de courrier en Allemagne.
Le groupe d’édition Axel Springer, propriétaire de la société de services postaux PIN, a quant à lui annoncé aujourd’hui la suppression de « plus de 1 000 emplois (...) dans un premier temps », se disant « forcé » de prendre cette mesure.
Un argumentaire « populiste », a réagi Cornelia Hass, porte-parole du syndicat des services Verdi, jointe par l’AFP. « Avec la libéralisation prévue des services postaux en Allemagne, c’est un marché de 5 milliards d’euros qui s’ouvre pour Pin Group et les autres, assez d’argent pour payer les gens décemment », a-t-elle réagi, assurant : « Certains salariés de Pin Group sont si mal payés, pas plus de 5 euros de l’heure, qu’ils doivent compléter leur salaire par des aides sociales ».
Selon les prestataires privés, l’instauration d’un salaire minimum revient de facto à préserver le monopole de Deutsche Post sur la distribution de courrier aux particuliers, qui doit pourtant légalement tomber le 1er janvier prochain.
Un argument qui ne laisserait pas insensible la Commission européenne, selon le magazine Spiegel, qui croit savoir que la commissaire à la Concurrence Neelie Kroes va soumettre à un examen pointilleux l’instauration de ce salaire minimum.
Au total, quelque 20 000 des 60 000 emplois chez les concurrents de Deutsche Post seraient menacés, ont calculé ces derniers.
Et le patronat avance des chiffres encore plus terrifiants si jamais l’Allemagne venait à adopter un salaire minimum légal généralisé, comme l’a fait la France par exemple : « ce seront alors cinq millions d’emplois qui seront sur la sellette », avertit le président de la Fédération nationale des industries allemandes (BDI), Jürgen Thumann.
La régulation du salaire par le législateur est un tabou en Allemagne où la vie de l’entreprise est réglée pour l’essentiel par des accords conclus entre patronat et syndicat, à l’exception de quelques branches ayant déjà opté pour un salaire minimum, comme par exemple les laveurs de carreau et désormais les facteurs.
Le parti social-démocrate SPD, qui partage le pouvoir avec les conservateurs, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, à un moment où la grogne monte en Allemagne sur la stagnation des salaires, rognés par l’inflation, pendant que les rémunérations des grands patrons s’envolent.
Le SPD table déjà sur un salaire minimum pour les jardiniers, les bouchers ou encore les salariés de sociétés de sécurité privées. Et compte faire de l’instauration d’un salaire minimum généralisé, réclamé en particulier par le syndicat des services Verdi, l’un de ses grands thèmes de campagne aux législatives prévues en 2009.
Sans aller aussi loin, la chancelière conservatrice Angela Merkel elle-même se dit désormais ouverte à une extension contrôlée du principe du salaire minimum, à certaines branches.
Au grand dam de la branche libérale du parti CDU/CSU. L'un de ses ténors, Günter Oettinger, qui dirige aussi le riche Etat régional du Bade-Wurtemberg, a dit ressentir « une gêne certaine » face à la décision prise pour les facteurs.


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