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Alimentation : Victime de son succès, le bio a des états d'âme

Article du 22/01/2008

L’alimentation bio est victime de son succès: en Europe, la production ne peut plus répondre à une demande en forte croissance, tandis qu’aux yeux de certains, la démocratisation du segment trahit ses idéaux.
Croissance de 15 % du chiffre d’affaires du secteur en Allemagne l’an dernier, de près de 10 % en France, multiplication des enseignes « tout bio » et lancement par la grande distribution de lignes bio : l’engouement pour les produits cultivés ou élevés proprement, qui a commencé comme la marotte de quelques écologistes forcenés, surtout d’Europe du nord, fait de plus en plus d'adeptes.
Au salon agricole allemand Grüne Woche (« Semaine verte »), qui se tient à Berlin du 18 au 27 janvier, le bio occupe un hall entier et les visiteurs se pressent devant les stands de saucisse bio avant de s’accorder un verre de vin, bio bien sûr.
Revers de la médaille : en Europe, la production ne suit pas. Fruits, légumes ou encore miel doivent donc être importés, par exemple de Turquie ou d’Amérique Latine. Et « cela pose un problème de crédibilité », commente Alexander Rogge, de la fédération française du commerce et de la distribution (FCD).
Car si l’étiquette bio renvoie au sens strict à un mode de production qui n’a pas recours aux engrais et pesticides et qui respecte certaines normes d’alimentation des animaux, elle est aussi pour beaucoup une profession de foi en un mode de vie sain et respectueux de l’environnement.
Un idéal qui s’accommode mal du transport en avion sur des milliers de kilomètres de tomates chiliennes ou d’agneau néo-zélandais, générateur de pollution atmosphérique. « Pour beaucoup, les produits bio ce sont des produits de la région », résume Rainer Mihr, rédacteur en chef du mensuel allemand des professionnels de l’alimentation Lebensmittel Praxis.
En outre, « qu’en est-il de la qualité, de la certification ? » des produits importés, s’interroge Uli Schnier, qui dirige le comité « Agriculture bio » du secteur néerlandais de la distribution. Comment être sûr en effet que les fruits secs turcs sont soumis aux même critères que, par exemple, les produits français labellisés AB (agriculture biologique) ?
Au-delà de la seule question de l’importation, pour les puristes, c’est toute la démocratisation du secteur qui pose problème. « Nous nous félicitons que tout le secteur du commerce, y compris la grande distribution, ait rejoint le mouvement », assure Alexander Gerber, qui dirige la fédération allemande du commerce alimentaire écologique. Néanmoins, trouver du bio dans les rayons de tous les supermarchés et de discounters comme Aldi ou Lidl lui cause des états d’âme.
« De nos jours, la qualité n’est considérée que du pur point de vue de la matière », déplore-t-il, or le bio est beaucoup plus que cela, il repose sur « le respect de l’environnement et de la nature » au sens large et est lié à « une qualité émotionnelle ». « Bio, ce n’est pas une question d’absence d’élément toxique, c’est quelque chose qui se concentre sur tout le processus d’élaboration », renchérit Wolfgang Gutberlet, patron de la chaîne de supermarchés allemande tegut. Ainsi, la saucisse bio vendue dans certains supermarchés est certes confectionnée à partir de viande estampillée bio mais elle contient quand même des substances de maturation, rejetées par la stricte orthodoxie bio, explique Alexander Gerber, pour qui, au final, on n’est jamais mieux servi en bio que dans les magasins spécialisés.
Un avis que ne partage pas Uli Schnier : « dans les petits magasins bio ça pue, les pommes de terre sont toutes fripées, vous y allez une fois et après plus jamais ».



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