Politique : François Fillon écrit un nouveau chapitre dans son analyse économique
Article du 01/04/2008
Dimanche soir, sur le plateau de TF1, le Premier ministre s’est livré à un point sur les réformes à l’œuvre et les chantiers de l’actualité.
Le chef du gouvernement s’est notamment appesanti sur le RSA ou Revenu de solidarité active, projet destiné à lutter contre la pauvreté mais menacé par les contraintes budgétaires. Il assurait alors qu’il était hors de question d’abandonner cette mesure qui est déjà expérimentée dans 27 départements. « Toutes les réformes sociales, celle sur le RSA, celle sur le logement, l’augmentation de l’allocation pour les adultes handicapés, l’augmentation du minimum vieillesse, ce sera fait, nous tiendrons nos engagements », expliquait François Fillon.
Pourtant, depuis quelques jours, le coût et l’efficacité du RSA faisaient débat au sein même de la majorité. Son promotteur, le Haut Commissaire aux solidarités actives Martin Hirsch, avait craint publiquement que le RSA ne soit victime des contraintes budgétaires. Selon le livre vert publié par Martin Hirsch, qui sert de base à une consultation devant aboutir le 15 mai, le coût du RSA généralisé est estimé entre 2 et 3 milliards d’euros.
Malgré tout, dimanche François Fillon n’enterrait pas le RSA et ambitionnait de trouver des financements sans toutefois augmenter la dépense publique. « Donc il faut trouver des économies ailleurs pour pouvoir réaliser des réformes sociales », a-t-il poursuivi.
Du coup, dimanche soir, François Fillon s’est bien gardé de parler de « plan de rigueur » mais la nécessité de réaliser des économies. Pour tenir le cap des réformes, une « gestion sérieuse » des dépenses s’imposera, a-t-il préféré, expliquant que « des impôts supplémentaires, c’est l’assurance de casser la croissance qui reste ».
Hier lundi se tenait un séminaire gouvernemental sur l’économie et le social. A l’issue de la réunion, François Fillon a approfondi ses remarques de la veille. Le Premier ministre a annoncé « l'intégration de mesures d'économies liées à la réforme de l'Etat » au budget 2009 et a précisé que ces mesures seraient présentées « à la fin de cette semaine », c’est-à-dire lors du Conseil de modernisation des politiques publiques (CMPP) prévu vendredi à l'Elysée.
François Fillon n’a pas attendu vendredi pour revenir sur le sujet hautement polémique. Ce matin, sur France Inter, le chef du gouvernement a déclaré que le gouvernement ferait « des économies partout », rappelant que Nicolas Sarkozy s’était engagé pendant la campagne à « geler les dépenses publiques pendant cinq ans ».
Le Premier ministre a donc appelé « tout le monde » à « faire des efforts » pour limiter les dépenses publiques. Ces efforts pourraient bien finalement mettre à mal le fameux RSA. Si François Fillon a assuré que le projet n’était pas « enterré », reste que le RSA est pour le moment « trop coûteux » à mettre en œuvre car il supposerait de tailler sérieusement dans l’enveloppe prévue pour le paiement des primes pour l’emploi. Sa généralisation prévue à l’origine pour 2008 pourrait donc être retardée. Preuve en est : l’hôte de Matignon a dit travailler à « d’autres alternatives ». « On est en Europe l’Etat qui a les budgets sociaux les plus importants. On doit pouvoir à l’intérieur de ces budgets sociaux trouver une meilleure organisation des choses », a-t-il assuré.
