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Merrill Lynch : La banque américaine, encore en pertes, peine à solder l’aventure du « subprime »

Article du 18/04/2008

La banque d’affaires américaine Merrill Lynch affiche encore de lourdes pertes au titre du premier trimestre, dues à la nécessité de procéder à de nouvelles dépréciations massives d’actifs invendables, hérités de sa folle aventure sur le marché du « subprime ».
Sa perte nette trimestrielle atteint 1,9 milliard de dollars alors que la banque était bénéficiaire de 2,1 milliards de dollars un an plus tôt. Par action, la perte s’affiche à 2,19 dollars, nettement plus lourde qu’attendue. C’est pour Merrill Lynch son troisième trimestre consécutif dans le rouge, après des pertes de 2,2 milliards au troisième trimestre 2007 et de 9,8 milliards au quatrième trimestre.
Le produit net bancaire de Merrill Lynch a dégringolé pendant le trimestre de 69 %, à 2,9 milliards, bien en dessous des 3,7 milliards attendus, à cause d’un effondrement dans la branche obligataire.
Comme lors des trimestres précédents, la perte s’explique largement par des dépréciations massives d’actifs. Pour 6,6 milliards de dollars, ces ajustements portent sur la valeur de titres adossés à des créances (CDO), de crédits accordés aux fonds d’investissement et d’actifs garantis par des rehausseurs de crédit. La banque a aussi passé environ 3 milliards de dépréciations supplémentaires dans son bilan sur les titres liés à des crédits hypothécaires.
Elle avait déjà effectué des dépréciations colossales depuis six mois, de 7,9 milliards au troisième trimestre, puis encore 11,5 milliards au quatrième trimestre, portant le total des dépréciations d’actifs depuis neuf mois à près de 29 milliards de dollars. Merrill Lynch compte ainsi pour une bonne part des quelque 200 milliards de dépréciations des banques américaines depuis le début de la crise.
C’est d’ailleurs pour l’instant la plus touchée par la crise du crédit, devant l’autre grande perdante de Wall Street, Citigroup, qui a déprécié près de 21 milliards d’actifs en 2007.
Merrill Lynch est aussi la deuxième banque mondiale la plus touchée après la suisse UBS.
Ses pertes contrastent avec les bénéfices annoncés au premier trimestre par ses grandes rivales Goldman Sachs, JPMorgan, Lehman Brothers et Morgan Stanley, mêmes si leurs bénéfices ont diminué en moyenne de moitié. Même Bear Stearns, qui a frôlé la faillite sur une crise de liquidités début mars et a dû se vendre à un prix bradé à JPMorgan, a affiché un résultat positif, quoique divisé par cinq, à 115 millions de dollars.
Pour redresser ses finances, Merrill Lynch a annoncé encore 4 000 suppressions d’emplois par rapport à ses effectifs de fin 2007 (- 10 %). Ces coupes seront réalisées dans la division de banque d’investissement ainsi que les fonctions supports. La banque de Wall Street avait déjà réduit ses effectifs d’environ 1 000 personnes au début du trimestre, notamment dans sa filiale de crédit hypothécaire Franklin. La banque attend de ces suppressions d’emplois des économies de 800 millions en année pleine mais il lui faudra aussi passer une charge de restructuration de 350 millions au second trimestre.
Ses ennuis ne sont pas terminés pour autant : suite à ces résultats bien plus mauvais que prévu, l’agence Moody’s réfléchit à un possible abaissement de sa note long terme, estimant que la banque risque d’annoncer de nouvelles dépréciations de 6 milliards de dollars dans les prochains trimestres.
Seule « bonne nouvelle », le nouveau PDG de Merrill Lynch, John Thain, qui a remplacé San O’Neal, débarqué en novembre quand a été révélée l’ampleur des pertes, a aussi souligné que le niveau des liquidités de la banque avait augmenté depuis la fin 2007 pour atteindre 82 milliards de dollars et qu’il n’avait donc pas besoin de lever de nouveau fonds, ce qui a rassuré les marchés. Pour mémoire, la banque a levé ces derniers mois plus de 12 milliards de dollars par des appels de fonds notamment en Asie, davantage que les pertes cumulées de 2007 et du premier trimestre (9,8 milliards de dollars).

Francebourse.com, avec AFP

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