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Nicolas Sarkozy devant l’Eurogroupe : un pari osé mais bien mené

Article du 10/07/2007

Décidément il ne fait rien comme les autres. Hier, Nicolas Sarkozy s’est invité à la réunion de l’Eurogroupe, habituellement réservée aux ministres des Finances des 13 membres de la zone euro.
C’est donc avec culot et audace que le Président de la République français est allé défendre ses réformes devant ses voisins européens. Et Nicolas Sarkozy n’a pas manqué de se faire rappeler à l’ordre en toute diplomatie.

A Bruxelles

Comme pour attiser la colère de ses pairs, la France a repoussée à 2012 le retour à l’équilibre de son budget, alors qu’elle s’était engagée en avril sur la date de 2010. Si les pays membres doivent diminuer leur déficit d’au moins 0,5 point de PIB par an, en période de bonne conjoncture comme actuellement, afin d’atteindre l’équilibre au plus tard en 2010 – date butoir –, la France avertit : elle mettra deux ans de plus à rentrer dans les clous du Pacte de Stabilité et de Croissance.
« Je ne demande pas des délais pour différer un effort de maîtrise des finances publiques mais une application intelligente et dynamique du pacte de stabilité », a déclaré Nicolas Sarkozy au cours d’une conférence de presse commune avec le président de l’Eurogroupe et premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker.
Le creusement annoncé du déficit français s’explique en partie par les baisses d’impôt que le gouvernement doit présenter dans la journée devant l’Assemblée nationale : le coût du « paquet fiscal » est estimé à 11 milliards d’euros en 2008, puis entre 13 et 15 milliards d’euros par an à partir de 2009.
Ce manque à gagner de recettes fiscales est annoncé alors que les déficits budgétaires et sociaux ont dérapé au premier trimestre. La dette publique a augmenté de plus de 33 milliards d’euros et est repassée à 65 % du PIB, contre 63,7 % fin 2006.
Enfin, les réformes de la présidence Sarkozy qu’a présentées le chef d’Etat français aux douze autres membres de la zone euro (suppression de postes dans la fonction publique, réforme de la carte judiciaire, fusion des services de renseignement et des administrations fiscales …) grèveront automatiquement le budget. « L’année des réformes, on a besoin de mettre de l’argent pour les accompagner et on ne peut pas me demander des résultats (budgétaires, NDLR) tout de suite », a-t-il argumenté.
« Je me devais d’être réaliste et transparent », a indiqué le Président français. Si « la croissance est supérieure » aux prévisions, « alors on pourra être au rendez-vous de 2010 » au lieu de 2012.
De quoi irriter les ministres des autres pays qui se serrent la ceinture pour respecter leurs engagements. De nombreux responsables européens n’ont pas manqué d’appeler l’Hexagone à une vraie « discipline budgétaire ». « La France est une économie très importante. Il est crucial qu’elle ait une bonne croissance économique et de bons chiffres, et il est aussi très important qu’il y ait de la discipline budgétaire en France », a déclaré le commissaire aux Questions économiques, Joaquin Almunia. En Allemagne et en Belgique, deux pays qui ont multiplié les efforts pour atteindre l’équilibre budgétaire, l’annonce de Nicolas Sarkozy a été vue d’un assez mauvais œil.
D’autres sont restés plus prudents sur la décision de Nicolas Sarkozy et semblent finalement avoir apprécié qu’un chef d’Etat se déplace pour expliquer la situation budgétaire de son pays.
Au final, après avoir fait adopter à ses voisins européens son « mini traité européen », Nicolas Sarkozy s’en sort une nouvelle fois plutôt bien. Même si la présidence portugaise de l’UE prévient que Nicolas Sarkozy sera sous « pression de ses pairs » pour respecter ses engagements, la Commission européenne, auparavant très critique envers la France, s’est dite satisfaite des engagements français. « La France n’est plus le pays de l’immobilisme, c’est une bonne nouvelle, d’autant qu’il n’y a plus de contradictions entre les réformes structurelles et la consolidation budgétaire », a rassuré Jean-Claude Juncker.
Il faut bien dire aussi que les moyens de pression de l’Union européenne sont limités dans ce genre de situation. Bien qu’étant le cancre de l’Euroland en terme de déficit, la France ne dépasse plus la barre des 3 % de déficit fixée par le PSC, seuil qui autorise la mise en place de contraintes financières – lesquelles n’ont jamais vraiment été appliquées à l’égard de la France d’ailleurs.
Paris devra présenter à ses partenaires un programme de stabilité actualisé en septembre, qui sera régulièrement révisé.
Nicolas Sarkozy, à l’issue de cette réunion de l’Eurogroupe, s’est engagé à ce que le fruit des recettes extraordinaires générées par une croissance supplémentaire soit entièrement affecté à la réduction de la dette et des déficits.
Le Président de la République a accepté de diminuer son déficit public à 2,4 % du PIB dès cette année (contre 2,5 % l’an dernier) et à un niveau plus bas en 2008.
Par ailleurs Nicolas Sarkozy a de nouveau proposé que les dirigeants européens se rencontrent pour un sommet économique « à la rentrée ». Le président français ne cache pas son ambition de faire de l’Eurogroupe un contrepoids à la Banque centrale européenne, à laquelle il reproche de ne pas se soucier assez de la croissance dans ses décisions de politique monétaire.

A Alger

Autre défi pour Nicolas Sarkozy aujourd’hui. Après avoir réussi son pari à Bruxelles hier, Nicolas Sarkozy se rend à Alger aujourd’hui pour sa première visite en Algérie depuis son accession à l’Elysée.
Ce premier déplacement hors d’Europe de Nicolas Sarkozy, est une visite surtout symbolique qui marque sa volonté d’associer plus fortement les pays du Maghreb à l’Europe. L'objectif de cette visite, qui se poursuivra en Tunisie, après avoir été amputée d’une étape au Maroc, est double, selon le porte-parole de l’Elysée David Martinon : réaffirmer « l’amitié profonde » de la France pour les pays du Maghreb et présenter le projet d’Union méditerranéenne, un « axe majeur de la politique étrangère » de Nicolas Sarkozy.
Présenté lors de la campagne présidentielle à Toulon, ce projet d’Union méditerranéenne veut renouer le contact avec les grands pays du bassin méditerranéen, trop longtemps oubliés, déplorait alors Nicolas Sarkozy. Il expliquait en février dernier que cette « union de la Méditerranée pourrait s’organiser autour d’une rencontre périodique de ses chefs d’Etats et de gouvernements comme les grands pays industrialisés ont leur G8. Elle aurait un Conseil de la Méditerranée comme l’Europe a le Conseil de l'Europe ». Elle serait également dotée d’un système de sécurité collective qui « lui permettrait de garantir la paix autrement que par la course aux armements et l'intimidation » et d’une « Banque méditerranéenne d’investissement » qui financerait les projets communs à tous les membres.
Une telle construction politique reposerait sur quatre piliers : une stratégie écologique avec, entre autres, une gestion commune de l’eau ; une politique commune de co-développement ; la coopération dans la lutte contre la corruption, le crime organisé et le terrorisme et la création d’un « espace judiciaire commun » ; enfin une politique commune d’immigration choisie.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP

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