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Zone euro : Déficits et euro fort au menu de l'Eurogroupe

Article du 13/11/2007
Hier se tenait la réunion des ministres de l’Economie de la zone euro. L’occasion pour ces dirigeants de souligner la vigueur de la monnaie unique, à quelques jours d’un voyage diplomatique en Chine, mais aussi de pointer du doigt la France, mauvais élève européen sur son déficit.

Paris fait bande à part

En effet, Paris n’en finit pas de se faire réprimander par ses collègues européens. Selon la Commission européenne, la France reste le cancre de la zone euro en matière de réduction des déficits et de croissance économique.
Dans ses prévisions économiques d’automne, publiées vendredi dernier, la Commission a sérieusement corrigé ses pronostics pour les finances publiques tricolores. Elle table désormais sur un déficit à 2,6 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2007 comme en 2008, contre un pronostic de respectivement 2,4 % et 1,9 % auparavant.
Pour la croissance, elle a abaissé ses prévisions pour 2008 à 2 %, contre 2,3 % auparavant. Et Bruxelles n’anticipe aucune amélioration en 2009, où elle table sur une croissance de 1,8 %. La Commission s’attend à ce que l’horizon s’assombrisse pour la croissance française, en raison notamment de l’euro fort, qui « freine les exportations », même si la consommation des ménages devrait continuer à tirer l’économie française.
Que nenni pour la ministre de l’Economie et de Finances, Christine Lagarde, qui trouve « la prévision, en particulier les hypothèses de la Commission concernant le déficit budgétaire de la France, un peu pessimiste et ne tenant probablement pas suffisamment compte d’un certain nombre d’éléments de fait, concernant les recettes et les dépenses », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse. La Commission et les autres Etats de la zone euro reprochent à la France de vouloir s’affranchir de l’engagement commun pris en avril au niveau de la zone euro de parvenir à un rétablissement du déficit en 2010. Paris fait profil bas. A défaut, ce sera 2012, a-t-il prévenu.
« J’ai pu faire état (lors de la réunion) des plus récents chiffres concernant le chômage et surtout de l’estimation de croissance pour le troisième trimestre (...) dont je sais qu’il sera très nettement supérieur au deuxième trimestre et de toute façon encourageant », a-t-elle ajouté.
Et la ministre d’encourager « vivement la Commission à continuer son travail d’analyse avec nous, à nos côtés, pour bien apprécier le prévisionnel de déficit sur 2007 et sur 2008 », a-t-elle poursuivi.
De fait, la Commission européenne a prévenu dès vendredi qu’elle allait examiner avec « avec beaucoup d’attention » les grandes orientations budgétaires que la France doit lui présenter début décembre. Paris explique que les réformes structurelles programmées (retraites, marché du travail...) permettront au final de réduire les déficits. Le président Nicolas Sarkozy se refuse en revanche à mener une politique d’ « austérité ».
Mais ces mesures coûteront également à la croissance tricolore. La déduction fiscale des intérêts des emprunts immobiliers, le bouclier fiscal à 50 % des revenus, l’élimination des droits de succession, la défiscalisation des heures supplémentaires et la réduction de la taxe professionnelle représenteraient un coût équivalent à un demi-point de PIB.
Hier, lors du forum des ministres de l’Economie de la zone euro, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a réaffirmé que tous les membres devaient respecter l’équilibre de leurs finances publiques au plus tard en 2010. Selon toute probabilité, la France ne parviendra donc pas à tenir son engagement de parvenir à un déficit zéro en 2010.
« Le déficit est trop près de 3 % », le seuil maximal autorisée dans l’Union européenne, estime Joaquin Almunia, le commissaire européen aux Affaires économiques.
L’Allemagne a, elle, assaini ses finances à vitesse accélérée au prix de grands efforts, comme l’a rappelé hier Angela Merkel à son homologue français, Nicolas Sarkozy.

Unis derrière la monnaie unique

La réunion de l’Eurogroupe a également été l’occasion pour les treize ministres de l’Economie et des Finances de préparer la visite de la « troïka » européenne en Chine – Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, Joaquin Almunia et Jean-Claude Trichet président de la Banque centrale européenne - à la fin du mois.
La question du taux de change taraude en effet les Treize. La Chine est accusée de maintenir sa monnaie à un niveau artificiellement bas pour soutenir ses exportations et sa croissance économique. Ce qui pousse l’euro à la hausse.
Objectif de cette visite : instaurer un « dialogue macro-économique régulier ». Il ne s’agit pas pour l’Europe de « donner des leçons » aux Chinois, ce qui, au contraire, nuirait au dessein européen.
Si la vigueur de la monnaie unique pèse sur les exportations en les rendant moins compétitives, elle permet à l’Europe de limiter sa facture pétrolière, libellée en dollars, ont nuancé plusieurs ministres.
Plus directe, Christine Lagarde a souligné « qu’une réévaluation du yuan ferait probablement du bien à tout le monde ». Il est « probablement tout à fait utile pour tout un chacun y compris pour les Chinois d’observer une réorientation de la croissance chinoise vers le marché domestique, accompagnée d’une réévaluation du yuan », a-t-elle souligné.
L’euro ne grimpe pas seulement face au yuan. Le billet vert s’affaiblit. A ce sujet, les ministres de l’Eurogroupe se sont contentés de « dénoncer des mouvements brutaux récents sur les taux de change », comme l’avait fait la semaine dernière le président de la BCE. « Nous n’aimons pas la volatilité excessive (des monnaies) et nous portons une grande attention aux développements récents » de l’euro, a renchéri Jean-Claude Juncker en pesant ses mots.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP



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