Si la Réserve fédérale américaine a baissé en urgence de trois quarts de point son taux directeur hier pour le ramener à 3,50 %, la BCE ne semble pas partie sur cette voie. Au contraire. Devant des parlementaires européens à Bruxelles, Jean-Claude Trichet a même laissé entendre que l’institut européen n’avait pas l’intention de suivre l’exemple de la Fed.
La BCE préfère se concentrer sur l’inflation, même en cette période de turbulences financières. « En toutes circonstances, mais plus encore lors des périodes difficiles de correction significative sur les marchés, et de turbulences, la responsabilité de la banque centrale est d’ancrer solidement les anticipations d’inflation, afin d’éviter davantage de volatilité sur les marchés », a déclaré son dirigeant.
Le Français ne semble donc pas disposé à changer de credo. Pourtant, la décision de son homologue américaine est un véritable appel du pied, qui plus est quand la rumeur évoque une possible nouvelle baisse des taux lors de la réunion de la Fed de fin janvier.
Jean-Claude Trichet admet pourtant que la zone euro ne sera pas exemptée de difficultés cette année, notamment au niveau de sa croissance. D’ailleurs, beaucoup reprochent à la BCE de ne pas assez s’intéresser à ce sujet. Ce à quoi Jean-Claude Trichet a répondu ce matin : « nous n’avons pas sur notre boussole deux aiguilles, une qui serait celle de l’économie réelle, et l’autre qui serait l’aiguille de l’inflation. Nous avons une seule aiguille, celle qui nous indique comment faire pour donner (...) la stabilité des prix ». « Notre mandat consiste à donner aux citoyens la stabilité des prix et à être crédible » dans ce domaine, « c’est la condition nécessaire pour que l’on ait une croissance durable et soutenable », a encore martelé le Français.