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Quelle croissance pour 2008 ?

Article du 21/03/2008

Bonnes et mauvaises nouvelles s’enchaînent dans l’Hexagone. Préoccupation des Français sur leur pouvoir d’achat, ralentissement de la croissance, poussée inflationniste mais aussi diminution du chômage, bonne tenue des exportations, résistance européenne face à la crise financière américaine … le pays est aujourd’hui tiraillé entre plusieurs extrêmes. Attention à ne pas casser la corde !
D’ailleurs, en parlant de corde, la France joue les équilibristes. Jugée pourtant « plutôt plus solide et plus résistante » que celle de nos voisins européens, l’économie française pâtit du contexte morose actuel. Cela se voit dans les chiffres. Des chiffres de croissance que Paris va d’ailleurs réviser en « légère baisse » pour 2008, a annoncé hier la ministre de l’Economie Christine Lagarde. Elle s’est refusée à donner un chiffre mais il est vraisemblable que la croissance soit de l’ordre de 1,8 %, après 1,9 % l’an dernier. Fin septembre, lors de la présentation de son budget 2008, le gouvernement tablait sur une croissance comprise entre 2 % et 2,5 % pour cette année.
Même constat à l’échelle européenne : l’OCDE a, à l’occasion de la publication de ses prévisions intérimaires, abaissé ses prévisions de croissance pour la zone euro pour le premier semestre 2008 (0,5 % au premier trimestre et 0,4 % au deuxième contre respectivement 0,4 % et 0,5 % dans le précédent rapport).
L’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) précise que ces prévisions intérimaires pourraient être révisées ultérieurement et font l’objet d’un « biais baissier ». La prévision pour l’année 2008, actuellement à 1,9 %, sera également revue en mai. La croissance de la zone euro devrait rester « dans le bas de son potentiel pendant un certain temps », à savoir inférieure à 2 % par an, indique le rapport.
Pour la France, l’OCDE estime que la croissance sera de 0,4 % pour chacun de ces trimestres.
Dans sa note de conjoncture du jour, l’INSEE de la statistique prévoit moins : une progression du PIB de 0,4 % au premier trimestre et de 0,3% au deuxième trimestre, soit un acquis de croissance de 1,4 %. Dans cette hypothèse, pour atteindre les 2 % de croissance en 2008 sur lesquels le gouvernement tablait jusqu’à présent, il faudrait une progression de 0,8 % pour chacun des deux derniers trimestres de l’année... une performance des plus difficiles à atteindre au vu des mauvaises conditions économiques mondiales suscitées par la crise financière. En revanche, sur la base des prévisions de l’institut de statistiques, une croissance de 1,8 % impliquerait une progression du PIB de 0,5 % pour chacun des deux derniers trimestres, soit le rythme de croisière de l’économie française.
La Commission européenne table quant à elle sur 1,7 % tandis que l’Unedic (assurance chômage) a retenu cette semaine 1,6 % pour son « scénario central ». Le Fonds monétaire international (FMI) table lui sur 1,5 % et pourrait abaisser sa prévision.

Une croissance pénalisée par l’inflation

Dans la conjoncture économique actuelle, le PIB français ne sera pas aidé par le commerce extérieur, pénalisé par le renchérissement de l’euro, même si, pour l’OCDE, la hausse de l’euro aura des « effets limités » sur la croissance économique en zone euro.
La baisse de l’activité et le resserrement des conditions de crédit dans le monde freineront également l’investissement productif (+ 0,5 % par trimestre), deuxième pilier de la croissance.
La croissance française sera donc une fois encore entraînée par son principal moteur, la consommation des ménages. Reste que ce moteur toussote depuis quelques mois sous le coup d’une poussée de l’inflation. Et ce n’est pas fini. Le pic d’inflation initialement prévu par l’INSEE en février à 3 % devrait finalement intervenir en mars et se maintiendrait à ce niveau jusqu’en juin.
La palme de la valse des étiquettes reviendrait à l’alimentation, au centre de tous les regards depuis le début de l’année. « Entre juillet 2007 et juin 2008, les prix alimentaires contribueraient à l’inflation à hauteur de 1 point, dont 0,7 lié aux seuls prix des matières premières agricoles », explique Pierre-Olivier Beffy, conjoncturiste à l’INSEE. « Cette hausse de l’inflation n’est pas une bonne nouvelle pour les ménages, même si ceux-ci devraient résister à l’érosion de leur pouvoir d’achat », poursuit-il. La consommation des ménages accuserait tout de même une baisse d’un peu moins de 2 % en rythme annuel.
A noter que pour maintenir leur consommation à un niveau stable, les manéges auront peut-être tendance à puiser dans leurs économies accumulées en 2007. Entre décembre 2006 et décembre 2007, leur taux d’épargne a augmenté de 0,6 point, pour atteindre 16,2 %.
Un moindre mal : l’inflation énergétique tendrait à se modérer tout en restant élevée, avec un baril de pétrole stabilisé autour de 95 dollars. Par comparaison avec l’alimentaire, l’inflation énergétique serait de l’ordre de 0,6 point entre juillet 2007 et juin 2008.
Même topo en zone euro, avertit l’OCDE : l’inflation a atteint 3,3 % en février, ce qui constituait son plus haut niveau depuis plus de dix ans. La hausse de l’inflation de base, hors prix de l’énergie et de l’alimentation, est élevée, particulièrement dans la zone euro, ce qui pourrait « coûter assez cher » en termes de croissance, a estimé l’économiste en chef de l’OCDE, Jurgen Elmeskov.

Un marché du travail pourtant dynamique

Face à ce « pouvoir d’achat atone », il faut néanmoins souligner une bonne nouvelle : le dynamisme du marché du travail dynamique. Après une baisse « quasi ininterrompue » en 2006 et 2007 « et une nouvelle forte baisse au quatrième trimestre 2007 », le chômage devrait se stabiliser au premier semestre 2008 « autour de 7,5 % » de la population active en France métropolitaine, affirme l’INSEE. Plus de 350 000 emplois ont été créés en 2007.
Au quatrième trimestre 2007, « le taux de chômage (7,5 %) a baissé plus fortement que ne le suggèrent l’augmentation de l’emploi et la hausse tendancielle de la population active », observe l’institut. « L’ampleur de cette baisse nous a un peu surpris », admet Eric Dubois, chef du département de la conjoncture, qui invoque « un aléas statistique » comme explication.
Au cours du premier semestre 2008, les créations d’emploi (96 000) restent « soutenues » mais « moins dynamiques » en raison du tassement de la croissance et de la baisse des contrats de travail aidés. Dans l’industrie, 35 000 emplois devraient être détruits au premier semestre (- 41 000 en 2007). Dans la construction, l’emploi augmenterait « un peu moins rapidement » avec 23 000 créations d’emploi (+ 59 000 en 2007). Et dans le tertiaire marchand, l’emploi croîtrait de 89 000 postes (+ 276 000 en 2007).
Par ailleurs, l’INSEE considère que la loi en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat (TEPA) devrait avoir à court terme un impact « modéré » sur la durée du travail car « le ralentissement de l’activité limiterait le besoin d’heures supplémentaires pour les entreprises ». L’institut laisse aussi entendre que la loi TEPA n’aurait pas augmenté sensiblement le recours aux heures supplémentaires, en notant que les résultats du quatrième trimestre 2007 « sont comparables à ceux de l’année 2005, mais probablement un peu supérieurs si l’on tient compte du délai de montée en charge du dispositif ». Les données de l’Acoss faisaient état de sept heures supplémentaires en moyenne par salarié au quatrième trimestre dans les entreprises de plus de 10 salariés, contre environ huit heures dans l’enquête INSEE de 2005 sur le coût de la main d’oeuvre et la structure des salaires.
Enfin, autre impactfavorable pour la croissance tricolore en 2007 : le paquet fiscal voté l’été dernier, qui pourrait faire progresser le pouvoir d’achat global des ménages. D’ailleurs, les premiers résultats semblent satisfaire le gouvernement. « On va prendre d’autres mesures et on ne s’arrêtera pas de prendre des mesures de ce type pour que l’économie française résiste mieux que les autres », affirme Christine Lagarde. La prochaine loi de modernisation de l’économie comportera notamment des mesures censées favoriser l’essor des PME.


Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP


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