La SNCF lance une offre publique d’achat (OPA) sur sa filiale Geodis, spécialisée dans le transport de marchandises et de logistique, déjà détenu à 42,37 %.
L’annonce a été faite hier soir par le nouveau président de la SNCF Guillaume Pepy. La compagnie ferroviaire a fixé le prix de l’offre à 135 euros par action avant paiement du dividende 2007, soit 132,15 euros après. Geodis est ainsi valorisée à près de 1,1 milliard d’euros, a-t-il précisé en marge d'une conférence de presse. L’offre, qui sera réalisée intégralement en cash, propose un prix « attractif », a estimé Guillaume Pepy.
Selon les calculs de l’AFP, le groupe devra débourser environ 600 millions d’euros pour racheter la part qu’il ne détient pas encore, à savoir 57,63 %. La SNCF est déjà le premier actionnaire de Geodis dont il détient 42,37 % du capital et 45,79 % des droits de vote. Outre la SNCF, l’assureur AGF Vie détient 9,2 % du capital, la société d’investissement Salvepar 5,9 %, et près de 30,5 % sont cotés en Bourse. Les salariés détiennent près de 5 % du capital.
Les administrateurs indépendants de Geodis, non liés à la SNCF, vont étudier l’opération avant de se prononcer d’ici trois semaines sur l’offre de la SNCF.
Le comité central d’entreprise de la SNCF sera réuni lundi. Sud-Rail et la CGT-Cheminots ont exprimé hier des craintes notamment pour l’avenir de Fret SNCF, tandis que le secrétaire d’Etat chargé des Transports Dominique Bussereau s’est « réjoui » d’une opération qui vise à « relancer le fret ferroviaire ». Le chef du gouvernement François Fillon a indiqué que ce rachat donnerait naissance à « l’un des tous premiers acteurs en Europe dans le domaine du transport de marchandises ».
Guillaume Pepy a proposé à Pierre Blayau de diriger le nouvel ensemble, en devenant directeur général délégué Logistique et Transport de marchandises du groupe SNCF, tout en conservant son poste de PDG de Geodis.
Sauver le fret
Cette annonce intervient alors que le redressement de la branche fret de la SNCF, en déficit depuis des années, est un des objectifs du nouveau patron, nommé fin février en remplacement d’Anne-Marie Idrac. Guillaume Pepy s’est fixé pour objectif de faire entrer la SNCF « dans le ‘top 5’ des opérateurs mondiaux de logistique », notamment via des acquisitions à l’étranger, d’ici 2012.
La compagnie publique a, qui plus est, les moyens de ses ambitions puisqu’en 2007 elle a enregistré un bénéfice net record de plus d’un milliard d’euros, soit trois fois supérieur à celui de 2006. Ce pactole serait justement utilisé pour transformer la SNCF en groupe de dimension mondiale d’ici quatre ans, avait promis Guillaume Pepy lors de la présentation des résultats 2007 le 19 mars dernier.
Le rachat de Geodis marque donc une nouvelle étape du développement de la compagnie publique qui ambitionne de devenir un acteur mondial du secteur et souhaite dynamiser le fret. En 2007, la filiale a enregistré un chiffre d'affaires de 4,78 milliards d’euros, en hausse de 26,4 %, pour un bénéfice net de 53,7 millions d’euros (+ 11 % sur un an), le meilleur de son histoire. Présent dans 120 pays, Geodis emploie 26 000 personnes. « Pour nous, c’est une petite révolution, cela fait du transport et de la logistique le premier métier de la SNCF », a déclaré hier soir le patron de la compagnie ferroviaire. Il faut dire que le nouvel ensemble (Geodis plus les deux filiales de la SNCF, Fret SNCF et Transports et Logistique Partenaires) deviendrait numéro quatre en Europe. Regroupant 50 000 salariés, il représenterait un chiffre d’affaires de 7,7 milliards d’euros en 2007, avec l’ambition d’atteindre 8,5 milliards en 2008. « Nous devons être un champion français dans la mondialisation de la logistique, et nous le serons », a déclaré le patron du transporteur français.
Le patron de la SNCF a assuré que l’opération permettrait un développement du fret ferroviaire, grâce à une offre combinée à même de séduire les clients qui demandent un réseau « mondial », « multi-modal » associant rail, route, mer et air, et soucieux des préoccupations environnementales. Cette opération vise à « rassembler les forces, mais sans changer les structures », a-t-il encore souligné.
Par ailleurs, en ce qui concerne d’éventuelles acquisitions à l’étranger évoquées par Guillaume Pépy, ce dernier a hier soir indiqué qu’une opération de rachat par la SNCF d’un opérateur ferroviaire européen serait « annoncée dans les tout prochains jours », sans donner de détails.
