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Chez Renault, les syndicats s'inquiètent des suicides au travail

Article du 02/03/2007
Après le suicide le 22 janvier dernier d’un salarié de Renault, le troisième décès en quelques mois, la direction du constructeur automobile a décidé de mettre en place un plan d’ « actions concrètes ».
Les causes de ce suicides ne sont pas clairement connues mais d’aucun n’ont pas s’empêcher de dénoncer le stress au travail voire le harcèlement moral qui pèserait sur les salariés et cadres du Technocentre de Renault, à Guyancourt, dans les Yvelines.
Ce Technocentre est le plus gros site du constructeur français. Y travaillent plus de 12 000 personnes. C’est dans cette « petite ville » que sont conçues et développés les nouvelles voitures de la marque. Et dans ces temps de baisse des ventes de véhicules, la pression sur les constructeurs automobiles quels qu’ils soient est plutôt forte.

Des suicides particulièrement troublants

Le dernier suicide remonte au 16 février dernier, un technicien du Technocentre de Renault se suicide à son domicile en laissant une lettre expliquant ses difficultés professionnelles.
Fin janvier, le corps d’un homme de 44 ans qui travaillait sur la documentation technique de la nouvelle Twingo était retrouvé, deux jours après la date présumée de sa mort, dans l’un des plans d’eau artificiels qui jouxtent le site de Guyancourt. Il aurait laissé une lettre dans laquelle il évoque ses difficultés au travail.
En octobre, c’est en se jetant du 5e étage du bâtiment des bureaux d’études qu’un ingénieur de 39 ans qui travaillait sur le projet Logan avait mis fin à ce jour, en plein matinée, devant des dizaines de collègues. Au total en deux ans, cinq salariés du Technocentre ont tenté de mettre fin à leurs jours, dont quatre sur le site.
Et d’après les psychanalystes, se suicider sur son lieu de travail n’est pas un choix anodin. Le phénomène reste rare en France : le nombre de suicides sur le lieu de travail pourrait être estimé de 300 à 400 selon une enquête de 2003.
On peut donc comprendre l’émoi qui traverse le personnel du Technocentre de Renault. La direction a donc décidé de réagir en lançant un plan d’ « actions concrètes ». Sont chargés de cette mission le directeur général adjoint de Renault, Jean-Louis Ricaud, et le directeur du Technocentre, Michel Faivre-Duboz. Ils devront présenter leurs conclusions et des propositions de mesure le 15 mars prochain lors d’un comité exécutif de l’entreprise.
Hier lors d’une réunion de cadres de Renault, Carlos Ghosn, le PDG de Renault, se disant personnellement touché, a rappelé « le management est une notion fondamentale, parce qu’elle touche à la première ressource d’une entreprise : les femmes et les hommes. Sans eux, l’entreprise n’a ni avenir, ni succès possible ». Autre déclaration du manager : « Renault n’a pas le droit à l'échec, mais un salarié peut échouer. »

Les syndicats en désaccord

La direction est donc bien « consciente » du problème, à la fois en terme de management et en terme d’image, même si elle ne reconnaît pas encore l’existence d’un lien de cause à effet entre les suicides et les conditions de travail.
Les syndicats semblent, eux, plus divisés sur les actions à mener. La CGT a réclamé une « expertise indépendante » pour établir les causes « du mal vivre au technocentre ».
La CGC, FO et la CFTC s’y opposent fermement sans pour autant refuser l’aide d’un cabinet agréé par les pouvoirs publics dans le cadre du CHSCT (Comité d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail). « Les conditions de travail sont telles que cela peut craquer à tout moment », insiste Gabriel Artéro, président de la fédération CGC de la métallurgie. Pour ces trois syndicats, les causes de ces mal-être qui aboutissent à des suicides sont triples. Premièrement, « la charge de travail a augmenté » depuis la mise en place du « Contrat 2009 » il y a un an, explique les représentants ouvriers. Compte tenu de cette nouvelle stratégie, les ingénieurs de Renault doivent être en mesure d’élaborer six nouveaux modèles par an, contre quatre auparavant, sans effectifs supplémentaires.
Ensuite, une « mauvaise communication ». LA GCG, FO et la CFTC dénoncent la mise en place des entretiens annuels comme source de stress pour les salariés. Enfin, l’informatisation aurait conduit les salariés à l’isolement et à la multiplication des compétences requises.
Premier bon point, la semaine dernière, les organisations syndicales ont obtenu la suspension
des bureaux partagés, projet qui visait à économiser des frais immobilier.
L’Observatoire du stress mis en place par Renault en 1999 en collaboration avec l’Institut français d’action sur le stress, devrait également sérieusement être « dépoussiéré ».
Par ailleurs, une enquête pénale est en cours pour rechercher d’éventuelles infractions, comme le harcèlement moral, qui pourraient avoir un lien avec la mort du dernier salarié de Guyancourt.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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