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Cher baril

Article du 16/04/2008
A plus de 114 dollars à New York, le pétrole a à nouveau battu un record historique. Plus que jamais l’or noir mérite son nom.
Ce record a été atteint lors des échanges électroniques après la clôture officielle des marchés.
En séance, les prix du pétrole ont tout de même surperformé puisqu’ils ont établi de nouveaux records à New York (113,99 dollars le baril) et à Londres (112,08 dollars). Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » pour livraison en mai a fini la séance à 113,76 dollars, un niveau inédit en clôture, en hausse de 2,03 dollars par rapport à lundi. Le baril de Brent de la Mer du Nord, coté à Londres, a aussi aligné un nouveau sommet en clôture, en terminant à 111,31 dollars (+ 1,47 dollar).

Une tendance lourde au renchérissement dopée par des facteurs conjoncturels

Cette poussée de fièvre de l’or noir est due à des éléments conjoncturels, à la suite de la fermeture de terminaux au Mexique, de perturbations sur des infrastructures pétrolières au Nigeria et d’une anticipation de baisse de la production russe.
Au Mexique, quatre terminaux alimentant les Etats-Unis, premier consommateur mondial d’or noir, ont été fermés hier par la société pétrolière publique Petroleos Mexicanos (PeMex), pour cause de mauvais temps, suscitant des craintes sur les approvisionnements.
Par ailleurs, des incendies se sont déclarés sur les installations de la Naoc, filiale du groupe italien Eni, dans la région pétrolière du delta du Niger au Nigeria. La perte de production est évaluée à 5 000 barils par jour. Premier producteur africain d’or noir, le Nigeria a vu environ un quart de sa production totale réduite en raison des violences dans les zones de production depuis janvier 2006.
En outre, l’Agence internationale de l'Energie (AIE) a estimé hier que la production pétrolière de la Russie - un des principaux producteurs hors OPEP - allait baisser en 2008, une première depuis environ une décennie.
Parallèlement, la Chine a annoncé de son côté un bond de 49% des importations de gazole en mars, selon Phil Flynn (Alaron Trading).

Le baril pourrait continuer de flamber

Autant de facteurs qui ont favorisé hier la hausse du prix du baril. Mais le mouvement de renchérissement du pétrole est bien plus général. Depuis quelques jours, les cours du baril de brut battent quotidiennement leurs records, sous l’effet soit de fondamentaux haussiers, soit de facteurs conjoncturels tel l’effritement du dollar, qui rend moins chères les matières premières et pousse les investisseurs à se protéger de l’inflation.
Le prix du baril d’or noir s’est renchéri de plus de 50 dollars par rapport à son niveau de 2007 à New York et d’environ 44 dollars à Londres. Cette flambée va se poursuivre, avancent les analystes, qui estiment que les 115 dollars le baril sont à portée de main.
Il ne faut pas s’attendre en tous cas à voir le pétrole retrouver ses niveaux de début 2007 (aux alentours de 50 dollars en janvier). Pour le ministre saoudien du Pétrole et chef de file de l’OPEP, Ali al-Nouaïmi, dans un entretien à la revue Pétrostratégies en mars, les prix du baril de brut ne tomberont plus sous une limite de 60 à 70 dollars.

Une demande forte qui ne sera peut-être pas entièrement satisfaite

Tout d’abord parce que la demande pétrolière est sur une dynamique croissante. Et malgré une baisse de la demande énergétique prévue aux Etats-Unis, à cause du ralentissement économique, la progression de la consommation en Chine et en Inde par exemple, dont les économies sont en forte croissance, devrait tirer la demande.
La publication du rapport d’avril de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) qui a maintenu se prévision d’une hausse de 1,4 % de la demande de brut dans le monde en 2008, participe aussi à l’envolée de l’or noir. « La demande mondiale de brut devrait croître de 1,2 million de barils par jour (mbj) en 2008 pour atteindre une moyenne de 87 mbj, soit pratiquement le même montant que lors de l’estimation du mois dernier », estime le cartel.
De son côté, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE, qui défend les intérêts énergétiques des pays industrialisés), qui a plusieurs fois revu en baisse ses prévisions suite à la dégradation des perspectives de croissance mondiale par le FMI, table sur une demande de 87,2 millions de barils par jour (mbj), soit une progression de 1,5 % sur un an.
Des chiffres un peu différents de ceux de l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économiques) qui prévoit une baisse de la demande de 0,3 % par rapport à 2007, essentiellement à cause des difficultés de l’économie américaine. Les pays hors-OCDE devraient eux avoir une consommation en hausse de 3,9 % en 2008 par rapport à 2007, une prévision inchangée, signe encore du dynamisme de la demande des pays émergents.
Si la demande devrait donc augmenter, la production devrait elle rester stable, assure le cartel pétrolier qui craint au contraire les effets négatifs d’une augmentation de la production. Voire diminuer.
La flambée des prix du pétrole traduit en effet une autre inquiétude de fond : vu les investissements engagés, le marché redoute que la capacité de production mondiale ne puisse répondre à l’essor de la demande. « Le problème de fond est très simple : les besoins augmentent plus vite que la capacité de production », affirmait en mars dernier François Lescaroux, de l’Institut Français du Pétrole.
Les raisons de ce déficit d’investissement sont multiples : les compagnies internationales ont difficilement accès aux grands gisements, situés pour la plupart au Moyen-Orient. Elles doivent se tourner vers des pétroles non-conventionnels techniquement difficiles et économiquement très coûteux à exploiter, tels que les sables bitumineux de l’Alberta ou les pétroles extra-lourds du Venezuela. Les producteurs, eux, mettent en avant une demande trop incertaine pour investir plus, accusant notamment les énergies alternatives de concurrencer le brut et de menacer la sécurité de la demande.
Pour répondre à une explosion de la demande et compenser le déclin de nombreux gisements, l’Agence Internationale de l’Energie estime qu’il faut fournir 37,2 millions de barils par jour (mbj) de plus d’ici 2015.Or, selon l’AIE, les 230 projets identifiés en cours ne pourront fournir que 25 mbj.

L’or noir, une valeur refuge dans la tempête financière

Ensuite, parce que l’or noir est devenu une valeur refuge avec la crise financière. « Les marchés pétroliers sont devenus un refuge pour les fonds spéculatifs, qui y investissent massivement, désertant les autres types de placements financiers », estime Phil Flynn.
Les cours sont également soutenus par la faiblesse du dollar, qui s'échangeait autour d'1,58 dollar pour un euro hier à la mi-journée, non loin de son plus bas historique face à la monnaie unique (1,5913 dollar pour un euro) atteint jeudi. Chaque baisse du billet vert, dans lequel sont libellés les prix des matières premières, alimente une nouvelle ruée des investisseurs munis d’autres devises (dont le pouvoir d’achat est ainsi augmenté) et qui veulent se prémunir contre l’inflation. En plus d’une stratégie de placements, la faiblesse du dollar, devenue chronique depuis plusieurs mois, renforce le pouvoir d’achat des investisseurs hors zone dollar, puisque la facture de l’or noir est libellée en dollars.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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