France Bourse
Abonnez-vous

L'économie française meurtrie par l'inflation

Article du 20/06/2008

Les prévisions du gouvernement sur l’économie française n’étaient déjà pas glorieuses. Voilà que l’INSEE vient renforcer le pessimisme ambiant en diffusant des chiffres révisés… à la baisse.

Une croissance en berne…

L’institut national de la statistique prévoit en effet un « net coup de frein » à la croissance cette année. Ses dernières prévisions font état d’une croissance de 1,6 % au mieux. On est en deçà de la fourchette de Bercy, de 1,7 % à 2 %. L’INSEE estime qu’après une hausse inattendue de 0,6 % au premier trimestre, le PIB de la France, rattrapée par la crise financière internationale, ne progressera plus que de 0,2 % au deuxième trimestre. Il stagnerait ensuite (+ 0,0 %) au troisième, avant de rebondir faiblement (+ 0,2 %) les trois derniers mois de l’année.
Un niveau médiocre et de mauvais augure pour la croissance en 2009 que le gouvernement annonce pourtant en légère accélération (entre 1,75 % et 2,25 %).

… meurtrie par une inflation crescendo…

La principale responsable est l’inflation, attisée par la hausse des prix du pétrole et produits alimentaires. L’inflation devrait rester supérieure à 3 % une bonne partie de l’année, estime l’INSEE qui parle même d’un pic à 3,6 % en juillet. Elle devrait ensuite progressivement s’assagir, pour atteindre une inflation moyenne de 3,2 % sur l’ensemble de 2008. Un taux élevé lié pour environ 1,2 point au prix de l’énergie et pour 1 point aux prix alimentaires. Cela suppose toutefois que le baril de pétrole se maintienne autour de 130 dollars.
Dans ses dernières prévisions publiques, le gouvernement français prévoyait une inflation moyenne de 2,2 %. Mais avec un baril de Brent à 100 dollars... Ces prévisions d’inflation seront réévaluées prochainement, assure-t-on dans l’entourage de la ministre de l’Economie Christine Lagarde. A Bercy, on juge toutefois « assez pessimistes » ces prévisions de croissance et d’inflation, soulignant qu’elles sont inférieures à celles, déjà sévères pour la France, des principales institutions internationales (OCDE, FMI, Commission européenne).
Reste que les premiers chiffres de l’année ne vont pas dans le sens des espérances de Bercy. En mai, le taux d’inflation a enregistré une hausse de 3,3 % sur un an, un record depuis juillet 1991. Les prix à la consommation ont augmenté de 0,5 % entre avril et mai, selon l’INSEE.
L’indice des prix IPCH, qui permet une comparaison au niveau européen, a augmenté de 0,6 % en mai par rapport à avril, soit une hausse de 3,7 % sur un an.
Les prix de l’énergie ont bondi de 4,2 % d’avril à mai, sous l’effet de la hausse du gaz de ville (+ 6,1 % en mai, + 10,9 % sur un an) et de celle des produits pétroliers (+ 5,4 % en mai, + 22,4 % sur un an) suivant l’évolution des cours du pétrole brut. Les seuls carburants enregistrent une hausse de 4,8 % en mai (après + 1,4 % en avril), soit une augmentation de 17,9 % par rapport à mai 2007.
L’indice des prix de l’alimentation a augmenté de 1 % en mai (+ 5,7 % sur un an). Pour les seuls produits frais, la hausse est de 5,9 % en mai par rapport à avril et de 4 % par rapport à mai 2007.
En mai, l’indice des prix des produits de grande consommation dans la grande distribution s’accroît de 0,2 % après une hausse de 0,3 % en avril. Sur un an, l’augmentation est de 5,3 %.
Au cours des trois derniers mois, les prix dans la grande distribution ont progressé de 0,7 % alors qu’ils étaient stables sur la même période un an auparavant.
Sur un an, la hausse des prix des produits de grande consommation est de 5,9 % dans les hypermarchés et de 5 % dans les supermarchés. Dans les autres formes de vente, l’indice des prix des produits de grande consommation grimpe de 0,4 % en mai 2008 et sur un an de
+ 6,2 %.

… qui ampute le pouvoir des ménages…

Cette inflation record depuis 1991 « ampute » inévitablement le pouvoir d’achat des Français qui ne progressera que très faiblement tout au long de l’année, prévient l’INSEE. Il ne gagnerait au total que 0,9 %.
Quant au pouvoir d’achat « par unité de consommation », qui prend mieux en compte les évolutions démographiques de la société, il devrait même stagner (+ 0 %) sur l’ensemble de l’année.
Il s’agit en outre d’une moyenne sur l’ensemble de la population française. Or les carburants et l’alimentation étant les dépenses qui pèsent le plus lourd dans le budget des foyers les plus pauvres, il est vraisemblable que le pouvoir d’achat de ces derniers régressera purement et simplement cette année.
Le pouvoir d’achat du revenu disponible brut des ménages, c’est-à-dire la masse des ressources à leur disposition une fois déduit les impôts et cotisations sociales moins la hausse des prix à la consommation, a progressé de 3,3 % en 2007, après + 2,6 % en 2006, selon l’INSEE. Le pouvoir d’achat « par unité de consommation » a progressé de 2,4 % en 2007, après + 1,7 % en 2006.

…affaiblit la consommation et sape la croissance à venir

Autant de facteurs négatifs qui vont fatalement peser sur la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance française ces dernières années, explique l’INSEE. Déjà mal en point au premier trimestre de l’année, cette consommation restera « atone » et la consommation alimentaire devrait même reculer fortement (- 1,1 %).
Autre victime de la crise financière et d’une croissance en berne : l’investissement en logement des ménages, qui devrait reculer. Pour l’INSEE, le « retournement » de l’immobilier « est désormais engagé en France », même si son ampleur reste encore incertaine.
Dans un environnement mondial moins porteur, le commerce extérieur devrait encore creuser un peu plus son déficit et peser davantage sur la croissance.
Seule consolation, le taux de chômage devrait lui continuer à baisser légèrement pour atteindre 7,1 % en métropole fin 2008.
Mais cette embellie sur le front de l’emploi ne suffira sans doute pas à faire « passer la pilule en 2008 ». Qui plus est, le rétablissement économique risque d’être long et difficile. Les difficultés d’aujourd’hui sapent le potentiel de demain et la croissance en 2009 est loin d’être garantie.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP

Sur le même sujet
Nos portefeuilles
Performances actualisées le 01/12/2022
Croissance : 754%
Depuis sa création en 2001
Rendement : 247%
Depuis sa création en 2012
Déposées à la Bibliothèque Nationale de France
Actuellement
Suivi de recommandation
Recommandation
Suivi de recommandation
Analyses technique
Analyses fondamentales