France Bourse
Abonnez-vous

Très cher caddy

Article du 25/02/2008
Les ménages français s’en rendent bien compte. Faire ses courses alimentaires revient de plus en plus cher. Dans tous les rayons, la valse des étiquettes n’a fait qu’entériner une hausse progressive mais bien réelle des prix des aliments de base.
Une flambée des prix que souligne ce matin l’Institut National des Consommateurs (INC) dans le numéro de mars de « 60 millions de consommateurs », mensuel de l’INC à paraître.
Beurres, yaourts, pâtes, céréales, biscottes, pains de mie, riz et autres jambons … ont vu leurs prix s’envoler de 5 % à 48 % entre novembre et janvier, selon cette enquête exclusive.
Toutefois, cette étude sur trois mois ne fait que confirmer d’autres chiffres. Statistique tombée la semaine dernière, les prix de l’alimentation ont progressé de 1,4 % en janvier, selon l’INSEE.
En décembre, une étude du cabinet Nielsen Panel International pour l’hebdomadaire spécialisé LSA révélait que les prix les plus bas (MDD pour marque de distributeur) et les produits dits de « premiers prix », traditionnellement moins chers que les produits de grandes marques, avaient augmenté de 2,63 % et de 3,43 % respectivement en novembre. Et de citer des chiffres : + 30,60 % pour les pâtes « premiers prix », + 15,28 % pour l’huile « premiers prix », + 21,31 % pour les œufs « premiers prix ». + 10,58 % pour les pâtes MDD, + 7,79 % pour l’huile MDD, + 19,42 % pour les œufs MDD. Selon Nielsen, en novembre, les prix des produits de grandes marques ont enregistré des hausses moindres, de 7,74 % pour les pâtes et de 7,65 % pour les oeufs, alors que l’huile a baissé de 4,95 %.
L’étude de l’INC s’est elle intéressée à 1055 références de produits laitiers et céréaliers comparés : près de la moitié ont augmenté, dont 200 de plus de 10 %. Moins de 60 références ont baissé « de quelques pour cent », selon l’observatoire de l’association.

La facture a été salée en 2007

L’INSEE a récemment annoncé que les prix à la consommation en France ont augmenté de 2,8 % sur les douze derniers mois, un record d'inflation depuis mai 1992.
Le renchérissement des matières premières, et en premier lieu de celles qui servent de base à l’alimentation, s’est fait sentir lors des passages en caisse cette année. Petit florilège de cette valse des étiquettes.
Plébiscitée par les ménagères désormais adeptes des machines à pain, la farine a connu une demande en hausse et son prix a facilement affiché une hausse de 18 %.
La pomme de terre n’est pas en reste, avec une hausse de plus de 20 % du prix des frites et autres pommes de terre surgelées. Cette progression en valeur s’explique en grande partie par la très mauvaise récolte de pommes de terre en 2006, qui a fait s’envoler les prix de 11 %.
Les légumes et les fruits ont également connu des hausses de tarifs. Et le prix des produits préparés s’en est ressenti : + 10 à 11 % pour les jus de fruits frais et les légumes d’accompagnements en conserve.
Viande et poisson ont également coûté plus cher en 2007. Ainsi, les produits élaborés à base de volaille, viande préférée des Français (90 % en consomment régulièrement) ont grimpé de 17 %. Les produits panés frais ont vu leur prix prendre 12 % environ. + 11 % pour le poisson fumé frais.
Même l’alimentation pour animaux a affiché des hausses tarifaires de l’ordre de 8 %.
Enfin, la palme revient aux plats cuisinés étrangers, lasagnes, raviolis, couscous, paella...., qui ont connu des ventes en hausse de 29,5 % et une augmentation en valeur de 31,8 %.

Le renchérissement des matières premières n’explique pas tout

On était de toutes façons prévenu : à l’automne, Danone avait averti ses consommateurs. Et comme convenu, le groupe agroalimentaire a procédé à compter du 21 novembre à une hausse « moyenne » de ses tarifs aux distributeurs de 10,48 %.
Danone a été suivi par les groupes laitier Lactalis et de légumes Bonduelle évoquant les mêmes raisons de hausse des matières premières.
Or, selon l’INC, la hausse des matières premières ne justifie pas une telle flambée. « La flambée des matières premières ne peut justifier des hausses d’une telle ampleur », souligne Marie-Jeanne Husset, directrice de rédaction du mensuel « 60 millions de consommateurs ».
« Le prix du lait ne représente que le tiers du prix final du yaourt. Comment expliquer que certains yaourts aient augmenté de 40 % ? »
, s’étonne-t-elle.
Distributeurs et industriels s’accusent mutuellement de la flambée des prix.
Le patronat des PME (CGPME), qui rappelle que les cours du blé ont grimpé de 72 % et des oeufs de 36 % en un an, estime que les industriels « n’ont d'autre choix que de répercuter » ces hausse, mais rend les distributeurs « coupables » de la flambée. Le patronat des distributeurs (FCD) rétorque que « certaines hausses de tarifs d’industriels ne sont pas justifiées ». « Il y a une manipulation dans le discours des industriels et des distributeurs. La hausse des matières premières profite aux uns et aux autres », estime Marie-Jeanne Husset.
Dans cette valse des étiquettes, certains y voient l’occasion pour les grands groupes de distribution d’augmenter leurs prix et donc leurs marges avant la réforme de la loi régissant les relations entre distributeurs et industriels de ce printemps. Une loi jugée insuffisante par la plupart des associations de défense des consommateurs qui veulent régler le problème de quasi monopole d’enseignes comme Leclerc, Carrefour ou Auchan dans certaines régions en France.
Enfin, les producteurs, qui ont vu leurs revenus dopés de 12 % en 2007 grâce à la flambée des cours des matières premières, ne souhaitent pas s’arroger la responsabilité de l’inflation en magasin.
« La flambée actuelle des prix, c'est l’éternel problème de l’évolution des tarifs entre les producteurs, les intermédiaires et les distributeurs : chacun prend sa marge », conclut Thierry Pouche, responsable du service d’études économiques à l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture.
Au titre du principe de la « non-discrimination » prévu dans la loi Galland, les fournisseurs imposent le même prix à tous les distributeurs, qui n’ont pas le droit de le négocier immédiatement, mais le font au moment de décider des volumes achetés ou promotions.
Les distributeurs militent depuis l’été dernier pour mettre fin au principe de « non-discrimination », soutenant que cela permettrait de faire baisser les prix à la consommation. A l’inverse, les fournisseurs sont radicalement opposés à la remise en question de ce principe, estimant que les distributeurs ont déjà suffisamment de marges pour baisser les prix.
Le gouvernement a confié une étude sur la faisabilité d’une libre négociation des tarifs entre distributeurs et industriels, qui pourrait donner lieu à une réforme au printemps.

Et cela devrait continuer

Reste que face à de dilemme, les consommateurs devraient encore rester confrontés à des prix tirés vers le haut pendant encore quelques temps. En effet, la flambée devrait durer encore quelques mois selon le cabinet Nielsen et l’INSEE.
Récemment, l’enseigne Leclerc a fait un coup médiatique en livrant son point de vue en la matière. Pour Michel-Edouard Leclerc, patron des centres éponymes, les prix des produits de grande consommation devraient augmenter de 4 % cette année. En guise de contestation, les centres Leclerc s’en sont pris à plusieurs grandes marques, dans une campagne publicitaire parue dans la presse, et ont même menacé de les retirer des rayons.
Le mensuel Linéaires a comparé les prix de 102 produits dans 165 magasins en France entre juillet et décembre 2007. E. Leclerc reste l’enseigne de la grande distribution la moins chère, suivie par Intermarché, Auchan, Carrefour et les Magasins U. Arrivent ensuite Champion, Géant Casino, Atac, Cora, Match et Casino. Les Monoprix viennent en onzième position.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP




Sur le même sujet
Nos portefeuilles
Performances actualisées le 01/12/2022
Croissance : 754%
Depuis sa création en 2001
Rendement : 247%
Depuis sa création en 2012
Déposées à la Bibliothèque Nationale de France
Actuellement
Recommandation
Avis JDH
Suivi de recommandation
Analyses technique
Analyses fondamentales