Les marchés internationaux ont été hier attentifs aux décisions des banque centrales américaine et européenne. Toutes n’ont finalement annoncé aucune grande surprise, notamment la BCE, mais leur discours était radicalement différent.
Outre-Atlantique, le président de la banque centrale américaine, Ben Bernanke, a clairement annoncé que la Fed allait de nouveau baisser son taux directeur et de façon sans doute importante, pour éviter à la première économie mondiale de tomber en récession.
Si la Réserve fédérale ne prévoit toutefois pas « de récession pour le moment », elle entrevoit une période de « croissance lente » et elle « se tient prête à prendre, si nécessaire, d’importantes mesures supplémentaires pour soutenir la croissance ».
Les investisseurs attendaient un geste de la Fed après la publication d’un très mauvais rapport sur l’emploi qui a donné corps au scénario d’une récession. Ben Bernanke a souligné la dégradation récente des perspectives de croissance pour 2008 et jugé « décevant » le dernier rapport sur l’emploi, qui a fait ressortir un bond du chômage à 5 % de la population active en décembre, contre 4,7 % en novembre. L’autre grande inconnue pour la croissance est la détérioration des marchés financiers qui « continue de poser un risque pour les perspectives de croissance », a-t-il ajouté.
Face à ces risques, les experts estiment que la Fed devra abaisser ses taux d’un demi-point dès la prochaine réunion, les 29 et 30 janvier, et qu’elle pourrait ensuite avoir à descendre jusqu’à 2,5 % voire plus bas. Le taux directeur de la Fed est actuellement fixé à 4,25 %.
En Europe, au contraire, le ton était plutôt « haussier » dans la bouche du président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, qui a maintenu son taux à 4 %. Jean-Claude Trichet ne démord pas de son obsession sur l’inflation et a soulevé les risques de spirale inflationniste - les fameux « effets de second tour » - liée aux salaires alors qu’en Allemagne, les syndicats se montrent plus combatifs que jamais dans leur revendication –jusqu à 8 % de hausse de salaires pour préserver le pouvoir d’achat. Aux yeux de la BCE, de fortes augmentations des traitements auraient des effets catastrophiques, transformant une tension sur les prix jugée provisoire en un phénomène durable.
L’inflation, alimentée par la grimpée des prix du pétrole et des denrées alimentaires, plafonne à un sommet depuis six ans et demi dans la zone euro. En décembre, le taux a atteint de nouveau 3,1 % sur un an et devrait rester élevé dans les mois à venir.
La BCE se tient prête « à agir de façon préventive » afin d’éviter tout risque de dérapage des prix, a déclaré son président qui n’exclut donc pas de relever de nouveau le principal taux directeur. La politique monétaire reste orientée vers une hausse des conditions du crédit.