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L’euro monte à 1,5979 dollar, un record absolu, sous le coup d’une inflation galopante

Article du 17/04/2008

Hier, l’euro a établi un nouveau record absolu, en montant à 1,5979 dollar. Vers 18h00 GMT, un euro valait 1,5959 dollar, contre 1,5789 mardi à 21h00 GMT. En s’approchant du seuil des 1,60 dollar, à 1,5979, la monnaie unique européenne atteint un niveau inédit depuis son lancement en 1999.
Le marché des changes était dominé hier par les chiffres de l’inflation de part et d’autre de l’Atlantique et ses conséquences sur les politiques monétaires des banques centrales européenne (BCE) et américaine (Fed).
L’inflation est ressortie à 3,6 % sur un an en zone euro, contre 3,5 % annoncé précédemment par Eurostat. C’est le plus haut niveau depuis 16 ans. Il y a un an, l’inflation était de seulement 1,9 %. Mais elle ne cesse de s’emballer.
« C’est un phénomène mondial, général. Il n’y a pas un seul pays aujourd’hui qui échappe à ces tensions inflationnistes », souligne Nicolas Bouzou, économiste chez Asterès. Aux Etats-Unis, où les chiffres ont également été publiés, les prix à la consommation ont connu une hausse encore plus prononcée, de 4 % sur un an en mars. Et en Chine, ils ont bondi de 8,3 % le mois dernier.
Les prix de l’énergie sont en cause, avec un baril autour des 115 dollars. Mais pour Sylvain Broyer, économiste chez Natixis, c’est « principalement l’alimentation » qui pousse l’inflation en grevant le budget des ménages et donc leur pouvoir d’achat. En Chine, la hausse des coûts des produits alimentaires a même atteint 21 % au premier trimestre. « Ce qu’on voit sur les deux ou trois derniers mois, et qui est relativement nouveau, c’est l’inflation alimentaire », y compris dans les pays industrialisés, qui « est entre 5 et 6 % aux Etats-Unis et en zone euro », explique Sylvain Broyer. Dans la zone euro, elle s’est établie à 6,2 % en mars sur un an, contre seulement 1,9 % il y a un an. Elle est aussi élevée que lors de la crise de la vache folle, en 2001-2002, souligne l’économiste.
Pour lui, ce phénomène « va durer longtemps » et s’explique par la forte demande de matières premières au niveau mondial mais aussi par une « bulle spéculative ». « Avec la crise financière, les matières premières servent actuellement de valeur refuge aux investisseurs, qui fuient les actifs risqués comme les actions », explique-t-il. De ce fait, le prix des produits alimentaires pourrait être en 2008 supérieur d’environ 20 % à ce qu’il était l’année dernière, selon lui.
Reste qu’en Europe comme ailleurs, cette forte inflation, qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages, alimente les revendications de hausses salariales. La Banque Centrale Européenne s’en inquiète. Elle redoute qu’elles n'entraînent une « spirale inflationniste », les hausses de prix se répercutant sur les salaires puis sur l’ensemble de l’économie. Du coup, la forte inflation en zone euro éloigne d’éventuelles perspectives d’une baisse des taux d’intérêt européens. « La première baisse des taux de la BCE n’est plus attendue qu’en toute fin d’année, en novembre ou décembre », commentent les analystes de Natixis.
Parallèlement une hausse conforme aux attentes des prix à la consommation aux Etats-Unis en mars a laissé intact le scénario du cycle d’assouplissement monétaire. La Fed pourrait encore utiliser son outil monétaire pour lutter contre la récession annoncée aux Etats-Unis au vu des chiffres de l’inflation.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP

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