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La zone euro résiste assez bien

Article du 16/05/2008

Malgré un contexte économique difficile, la zone euro ne s’en sort pas si mal. Selon une première estimation de l’office statistique européen Eurostat, le PIB a augmenté de 0,7 % au premier trimestre 2008. Après le coup de frein du quatrième trimestre 2007, où la croissance était tombée à 0,4 %, l’embellie est plus forte qu’anticipée par les économistes.
L’Allemagne, première économie de la zone euro, y est pour beaucoup : elle a démarré l’année sur les chapeaux de roue avec une croissance robuste de 1,5 %, un record depuis douze ans dû notamment au bâtiment et à des investissements industriels très dynamiques.
D’autres pays européens ont annoncé hier un regain de croissance au premier trimestre, à 0,6 % en France et 0,8 % en Autriche.
La fête pourrait être de courte durée. Beaucoup d’économistes prédisent un ralentissement dès le deuxième trimestre. 2008 s’annonce difficile avec un pétrole cher et l’euro fort.
L’euro a perdu de sa superbe ces dernières semaines mais son dernier record, à 1,6019 dollar, remonte seulement au 22 avril. Cela pourrait finir par peser sur les exportations européennes, surtout avec le ralentissement de l’important débouché américain.
Avec la flambée du pétrole et des denrées alimentaires, l’inflation reste « trop élevée » en zone euro selon le commissaire européen Joaquin Almunia, à encore 3,3 % sur un an en avril après un record à 3,6 % en mars. Cette inflation risque de menacer la consommation des ménages, moteur de l’économie.
« Les mauvaises nouvelles se multiplient maintenant », selon Howard Archer de Global Insight. Il évoque la diminution de la confiance des consommateurs et des milieux d’affaires, les ventes de détail décevantes et la baisse de la production industrielle en mars en zone euro.
Et la crise financière devrait peser pendant encore « plusieurs trimestres » sur l’économie mondiale, a estimé hier le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn. « Les prochains six, ou peut-être neuf mois vont certainement être un test de résistance très intéressant pour l’économie européenne », a-t-il ajouté.
Dans certains pays, le ralentissement a déjà commencé. Aux Pays-Bas, la croissance est tombée au premier trimestre à son plus bas niveau en trois ans (+ 0,2 %).
L’économie espagnole est aussi en phase de ralentissement, avec une croissance au plus bas depuis 1995 (+ 0,3 %) suite à un coup d’arrêt dans le secteur immobilier et à une moindre demande intérieure.
Et en Italie, « l’économie est peut-être même tombée en récession technique au premier trimestre », estime Jennifer McKeown, économiste chez Capital Economics.
En France, il faut s’attendre à d’éventuelles désillusions dans les mois à venir. Paris table pourtant sur une progression du PIB comprise entre 1,7 % et 2 % pour cette année, plus optimiste que les prévisions de le Commission Européenne à son égard. Pour l’heure, grâce à ces bons résultats, l’acquis de croissance pour 2008, c’est-à-dire le niveau dont on est sûr qu’il sera atteint sauf récession au cours des trimestres suivants, s’établit à 1,4 % à fin mars, selon la première estimation de l’INSEE.
« Loin de nous rassurer complètement, les comptes du premier trimestre servent plutôt de miroir déformant de la réalité économique française », résume Alexander Law, économiste en chef au cabinet Xerfi. « Nous sommes désormais rentrés dans une zone de forte turbulence et le deuxième trimestre devrait être nettement moins bon », prévient-il, tandis que Marc Touati (Global Equities) estime que « le plus dur reste à venir ».
Contrairement aux ménages, qui étaient jusqu’à présent le principal moteur de l’économie française, les entreprises ont fortement contribué à la croissance au premier trimestre, à la fois par leurs investissements (+ 1,8 %) et les exportations (+ 3,1 %).
Malgré ces chiffres meilleurs que prévu, l’économie française reste également en-deçà de la moyenne de la zone euro et fait pâle figure comparé à celle de l’Allemagne.
Et si la révision à la hausse de la croissance 2007 à 2,1 % contre 1,9 % précédemment permet à la France de réduire sa dette publique (Etat, Sécurité sociale et collectivités locales) à 63,9 % du PIB en 2007, contre 64,2 % précédemment, le déficit se maintient à 2,7 %, proche de la limite de 3 % prévue dans le Pacte de Stabilité et de Croissance de l’Union Européenne. Trop proche même pour la Commission Européenne qui prévoit que le déficit de la France atteindra 2,9 % cette année et 3 % l’an prochain et s’apprête à lancer une mise en garde à Paris.
Enfin, pour Holger Schmieding, de la Bank of America, « même l’Allemagne n’est pas complètement immunisée contre les taux de change » dont les variations se ressentent généralement sur l’économie avec un délai d’environ neuf mois.
Pour l’instant, la croissance affichée par la zone euro semble conforter le choix de la Banque Centrale Européenne, qui a préféré se concentrer sur les risques inflationnistes plutôt que sur les menaces pour l’activité économique. « Les dernières données sur la croissance vont fournir des munitions supplémentaires aux faucons du conseil des gouverneurs de la BCE. Et avec l’inflation à un niveau élevé, il faudra probablement attendre encore plusieurs mois avant de voir des baisses de taux d’intérêt », selon Jennifer McKeown.

Francebourse.com, avec AFP

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