France Bourse
Abonnez-vous

Economie : Un tableau contrasté

Article du 25/06/2008

Le tableau de la Banque de France sur l’économie française est pour le moins « contrasté ». Selon le rapport annuel de la BdF, si l’économie tricolore souffre d’un déficit de compétitivité liée aux conséquences de la réduction du temps de travail, elle accumule les bons points du côté de la croissance, de l’emploi et du marché immobilier.
Dans la lettre introductive au rapport, signée de Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, on peut lire le constat suivant : « au printemps 2008, l’économie française offre un tableau contrasté. Plusieurs indicateurs essentiels paraissent bien orientés : le rythme de croissance annuel reste pour l’heure proche de 2 %, le nombre de demandeurs d’emplois continue de baisser et le marché immobilier ne connaît plus de progressions déraisonnables des prix.
En revanche, la France enregistre depuis plusieurs années un déficit important de son commerce extérieur, qui s’est encore creusé en 2007, à près de 40 milliards d’euros. La hausse des prix du pétrole n’est naturellement pas indifférente, mais c’est l’excédent commercial hors énergie qui s’est abaissé, revenant d’environ 18 milliards d’euros en 2006 à 6 milliards en 2007. Certes, l’appartenance à la zone euro protège l’économie française des turbulences financières qui auraient autrefois menacé, dans une telle circonstance, la stabilité de sa monnaie. Si en union monétaire le solde externe n’est plus une contrainte financière de court terme, il reste cependant un indicateur éclairant des capacités d’une économie à préserver ses capacités concurrentielles.
Comment comprendre, en effet, la hausse de ce déficit extérieur ? La demande intérieure française, portée par une consommation des ménages plus dynamique que elle de la moyenne européenne, a pu y contribuer dans les années passées. Une spécialisation géographique et sectorielle insuffisamment adaptée peut être invoquée pour rendre compte du fléchissement de nos performances à l’exportation, mais elle ne peut expliquer le décrochage du solde de nos échanges extérieurs depuis 2005.
Plus fondamentalement, la compétitivité-prix de nos industries s’est sensiblement dégradée dans les années récentes. L’appréciation de l’euro a sans doute joué un rôle pour les branches principalement exportatrices et dont les concurrents sont localisés dans d’autres zones monétaires. Mais l’Allemagne, avec la même monnaie, n’a pas souffert des mêmes maux et c’est bien à l’intérieur de la zone euro que se dégradent principalement nos échanges extérieurs.
Le facteur critique de nos difficultés semble bien être les conséquences diffuses de la réduction du temps de travail. La compétitivité française a été affectée par les hausses et les rattrapages de salaires liés à la réduction de la durée du travail, alors même que l’Allemagne, de son côté, touchait les dividendes de plusieurs années consécutives de modération salariale. »

Dans cette introduction, le gouverneur de la Banque de France appelle, suite à cette analyse, à la poursuite des réformes structurelles et de la réduction des déficits publics.

Il s’agit selon lui de mettre les moyens en œuvre pour « pérenniser la dynamique de croissance de notre pays » ce qui suppose d’abord « une forte augmentation de la quantité de travail mobilisée ». La France dispose, notamment grâce à sa démographie, d’importantes réserves de croissance, note-t-il. « Si celles-ci peuvent être sollicitées par des politiques appropriées, notre pays devrait, en quelques années, accroître substantiellement le niveau du revenu par tête et au minimum rejoindre le groupe des européens les plus performants. »
La législation sur les 35 heures est visée de manière à peine dissimulée. « Il n’est ni économiquement ni socialement souhaitable que la France soit l’un des pays de l’OCDE où le nombre annuel d’heures travaillées par personne exerçant un emploi est le plus faible, ni l’un des pays de la zone euro où le taux d’emploi des travailleurs âgés est le plus bas », écrit-il soulignant les reformes entreprises dans le domaine.
Alors que le gouvernement annonce une revalorisation du Smic de + 0,9 % au 1er juillet, après + 2,3 ù au printemps, Christian Noyer déclare : « à un moment où la compétitivité relative de la France commence à se redresser, il importe d’être extrêmement vigilant quant aux développements touchant à la formation des salaires en général et aux revenus minimaux, dont le SMIC, en particulier. Sauf à provoquer une hausse des prix qui annule immédiatement ses effets en termes de pouvoir d’achat, et pénalise en particulier les personnes en situation fragile, la hausse des salaires doit se fonder sur la redistribution, au niveau de chaque entreprise, d’une partie des gains de productivité réalisés. En sens inverse, une hausse trop rapide du SMIC, aux effets horizontaux et indiscriminés, comporterait un risque pour la compétitivité de certaines de nos entreprises, donc pour la croissance et pour l’emploi. »
Le gouverneur de la Banque de France encourage également les réformes sur le marché des biens. « Les pays qui ont réussi ces changements sont ceux qui ont pu développer une logique vertueuse de l’activité, de la productivité et de l’emploi », note-t-il. « Un réexamen serein de l’ensemble des conditions légales et réglementaires d’exercice d’un grand nombre d’activités de commerces et de services paraît, à cet égard, constituer une priorité et une urgence. Le projet de loi de modernisation de l’économie comporte dans ce domaine des dispositions d’une grande importance ».

Concernant le déficit (2,7 % du PIB en 2007) et la dette publics (63,9 % du PIB), la situation des finances publiques appelle là aussi à de nombreuses réformes afin de tenir les engagements français de respecter le Pacte européen de stabilité et de croissance. « Dans l’intérêt de notre économie et de nos concitoyens, une attention toute particulière doit être plus que jamais accordée à la soutenabilité des finances publiques », demande Christian Noyer. « En premier lieu, un examen critique de la qualité des dépenses publiques s’impose. La France est le pays de la zone euro où la part des dépenses publiques par rapport au PIB est la plus élevée », rappelle-t-il. « En second lieu, les dépenses de structure méritent d’être allégées », comme le gouvernement a commencé à le faire avec la Fonction publique notamment, dans le domaine de la Sécurité sociale.

« Des réformes d’envergure sont donc plus que jamais nécessaires dans la gestion publique, pour réduire le fardeau que nous léguerons aux générations futures. Ce qui serait légitime si cette dette servait à constituer un capital productif dont bénéficieraient ces générations devient économiquement inefficace et moralement injuste quand ces générations futures se voient, en réalité, imposer le financement des dépenses courantes des générations présentes », conclue Christian Noyer.

Francebourse.com


Sur le même sujet
Nos portefeuilles
Performances actualisées le 01/12/2022
Croissance : 754%
Depuis sa création en 2001
Rendement : 247%
Depuis sa création en 2012
Déposées à la Bibliothèque Nationale de France
Actuellement
Suivi de recommandation
Recommandation
Suivi de recommandation
Analyses technique
Analyses fondamentales