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Matières premières : le beurre et l’argent du beurre

Article du 17/08/2007

Les matières premières destinées à la consommation n’échappent à ce cycle de hausse des prix : + 40 % pour le blé, + 35 % pour le maïs, + 17 % pour le cacao, + 24 à + 46 % pour les huiles.
Nos tartines vont coûter plus cher. Le prix de la baguette de pain devrait augmenter d’environ 4 % à la rentrée. Même le beurre s’y met. A 4 euros le kilo, le prix du beurre industriel a augmenté de 40 % en un an.
Si au petite déjeuner, le différentiel de prix est marginal, chez les industriels de l’alimentation, cela commence à chiffrer en revanche. Notamment chez ceux qui l’utilisent en masse comme les fabricants de palets, de galettes bretonnes ou de « kouign amann ».
« Le marché du beurre n’a jamais été aussi tendu », s’inquiète le Syndicat de la biscuiterie française (SBF). L’anecdote peut faire sourire mais le renchérissement de cette matière première pourrait bientôt peser sur les marges des pâtisseries industrielles spécialisées dans les gâteaux pur beurre.
Seule solution alors pour les entreprises et notamment les PME, les premières touchées : augmenter les prix de vente auprès des distributeurs avec le risque que cette hausse soit répercutée auprès des consommateurs finaux. Danone a annoncé, fin juillet, une augmentation de ses tarifs de 2,5 %.
En attendant, les entreprises subissent un « effet de ciseaux », aggravée par une demande croissante en produits laitiers frais et fromages.
La hausse de la consommation est très forte en Europe depuis 2002 pour les fromages (+ 8,7 % en volume) et les produits frais (yaourts et desserts lactés, + 17,2 %). Même les Chinois ont découvert le yaourt en 2001 (cf encadré).
« Les prix des produits de grande consommation comme les yaourts, les fromages, les crèmes et le lait devraient augmenter en moyenne de 4 % à 5 % d’ici la fin de l’année », estime Olivier Picot, président de l’Association de la transformation Laitière.
Qui plus est, la conjoncture agricole ne devrait pas favoriser un atterrissage des prix. La production laitière française et européenne est en net recul. Les vaches à lait ont parfois été remplacées par des vaches à viande, diminuant de fait les capacités de production laitière.
D’où une diminution de la collecte de lait. La France, deuxième pays producteur avec 23 milliards de litres fournis par 3,8 millions de vaches et 100 000 producteurs, n’arrive même plus à réaliser le maximum du « quota » qui lui a été accordé jusqu'en 2015.
D’après la Maison du lait, qui représente quelque 120 000 producteurs français, la production européenne aurait diminué d’un milliard de litres sur l’année écoulée,
Enfin, les réaménagements de certains agricoles et la sécheresse en Australie qui plombe la production font de l’Europe le seul fournisseur de lait.
Et le prix du lait devrait logiquement augmenter : on attend une hausse de 10 euros pour 1 000 litres cette année, alors que la consommation de ce liquide blanc est en augmentation continue dans les pays émergents.
Le prix de la poudre de lait, utilisée aussi bien pour engraisser les animaux que pour fabriquer les yaourts, a, lui, presque doublé entre 2006 et 2007, s’envolant de 2 090 à 4 000 euros la tonne.
Enfin, les stocks d’intervention de beurre à l’échelon européen sont quasiment inexistants. On est loin des années de surproduction au début de la décennie 1980. Pourtant, « nous n’allons tout de même pas faire des gâteaux bretons à la margarine ! », s’indigne Mickaël Le Jossec, le président de Pâtisseries gourmandes, le spécialiste des quatre-quarts.
Presque toutes les matières premières agricoles sont touchées et entraînent par effet de domino des produits alimentaires variés. En un an, les prix du blé ont plus que doublé et sont ainsi passés de 100 euros la tonne lors de la récolte de 2006-2007 à 210 euros la tonne lors de celle de 2007-2008. Du poulet à la baguette, tout ce qui est produit à base de céréales devrait augmenter de 5 à 10 % en moyenne.
Ainsi, la flambée des cours des céréales a entraîné une augmentation de 20 % du prix de la volaille. Après une dure négociation avec les distributeurs, les producteurs ont obtenu une hausse de 5 à 6 %.
Si la rareté régit désormais les cours agricoles, la pression à la hausse est notamment accentuée par la possibilité pour les céréaliers de basculer d’une production alimentaire à une culture plus rentable, destinée uniquement à des fins énergétiques, tels les biocarburants.
En septembre, le consommateur pourrait également payer les morceaux de porc à la découpe jusqu’à 15 % plus cher. La côtelette pourrait grimper de 5 % et le jambon cuit de 6,5 %.


Quand la Chine découvre le lait

Cela fait peu de temps que les Chinois goûtent au yaourt. Certes, ce dessert laitier reste un produit de luxe réservé à une frange de la population mais cette frange se compte en millions de personnes. D’où une hausse exponentielle de la demande en produits laitiers transformés et notamment en lait en poudre. Nestlé y voit là un potentiel de développement non négligeable et vient donc d’ouvrir une nouvelle usine de transformation laitière dans la région autonome chinoise de Mongolie intérieure. Nestlé investit en Chine depuis vingt ans et a implanté dans le pays 21 usines dans 18 sites. Le groupe agro-alimentaire emploie environ 13 000 personnes.


Combien vous coûte une baguette de pain ?

Une baguette s’il vous plait. Sur les 80 centimes à un euro que vous versez à votre boulangère, 48 % servent à payer les salaires des employés mis en œuvre pour fabriquer le pain.
22 % paient les matières premières, essentiellement la farine. 5 % l’énergie utilisée pour la fabrication du pain.
Les taxes représentent 6 % du prix de la baguette, le loyer et les charges du boulanger 6 % également, les investissements 5 %.
Restent 8 % de revenu pour l’artisan.


Francebourse.com – Alexandra Voinchet
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