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Les leçons du premier tour

Article du 10/03/2008
Et de un ! Après ce premier tour des municipales, l’heure est au bilan de mi-course. Le point sur les enseignements de ce rendez-vous aux urnes.

Une participation moindre

Première leçon de ces municipales : la participation pourrait être inférieure à ce qui est habituel dans ce type de rendez-vous électoral. Alors qu’à gauche, on avait craint un manque de participation, les sondages anticipant une élection « pliée d’avance », les électeurs se sont toutefois mobilisés hier pour ce premier test d’envergure nationale dix mois après la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle.
La participation définitive pourrait se situer entre 68 % et 70,5 %, selon les premières estimations, hier soir, de trois instituts de sondages (67,29 % en 2001). En revanche, selon une totalisation du ministère de l’Intérieur portant sur 26 millions d’inscrits, la participation, ne pourrait se situer qu’aux environs de 61 %, contre 67,29 % au premier tour en 2001. Elle serait donc moins forte qu’attendu, comme le laissait pourtant présager les premiers chiffres tombés dans la journée de dimanche. Selon des chiffres du Ministère de l’Intérieur à 4 heures 50, le taux d’abstention s’établirait à 38,96 % des inscrits.
Bien évidemment, la mobilisation est restée contrastée selon les régions. Elle est ressortie en baisse dans la plupart des départements de la région parisienne (où le scrutin coïncidait avec le dernier jour des congés scolaires) et a parfois enregistré parfois des poussées spectaculaires : + 20 % dans le Haut-Rhin, + 14 % dans les Bouches-du-Rhône.

Une vague rose …

Objectif de la gauche : assurer ses positions locales, reconquérir certaines villes prises par la droite en 2001 - François Hollande espère voir le PS reconquérir 30 des 40 villes perdues en 2001 afin d’avoir « un peu plus de villes » de plus de 20 000 habitants que la droite (223 à droite contre 178 à gauche aujourd’hui) – et infliger un vote sanction à la politique de la majorité.
Bilan : la gauche a marqué des points hier mais le vote sanction n’a pas clairement eu lieu.
Avec plus de 47 % des voix contre 45 % pour la droite, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, cette nuit, les listes de gauche et des Verts ont réalisé une poussée attendue mais loin de la percée que laissaient présager les premières estimations de dimanche soir. En 2001, les listes de droite avaient obtenu 46,8 % des voix, contre 43 % pour la gauche.
La gauche remporte des villes détenues par la droite comme Rouen, Laval, Châlons-sur-Saône, Alençon ou encore Rodez. Dans les quelques villes où elle était menacée, la gauche l’a finalement emporté, notamment à Dijon, Tourcoing ou Chambéry.
La gauche conserve Lyon (Gérard Collomb devance l’UMP Dominique Perben) et Nantes. Le premier secrétaire du Parti socialiste a été réélu à Tulle sans problèmes. François Hollande pourrait devenir président du conseil général de Corrèze et Arnaud Montebourg de la Saône-et-Loire.
A Paris, le PS et Bertrand Delanoë (41,6 % des voix) devancent nettement l’UMP de Françoise de Panafieu (27,92 %), celle du MoDem de Marielle de Sarnez (9,06 %) et des Verts menés par Denis Baupin (6,78 %).
A Lille, Martine Aubry est en ballottage très favorable avec 46,02 % des voix.
Dans d’autres communes, le PS est bien placé pour faire basculer la majorité municipale comme à Cahors, Quimper ou Blois.
Le premier secrétaire du Parti socialiste a lancé hier soir un appel à la mobilisation pour le deuxième tour. « Tout reste ouvert et rien n’est gagné ou joué. C’est encourageant mais une autre étape doit être maintenant franchie », a-t-il déclaré lors d’une déclaration télévisée.

… mais pas de tsunami socialiste

Ce matin, la presse était unanime pour reconnaître une poussée de la gauche mais pas un « raz-de-marée » en sa faveur : « La gauche progresse, la droite résiste mieux que prévu » (Le Figaro), « L’avertissement », « forte poussée de la gauche » (Le Parisien/Aujourd’hui en France), « Gauche : un air de printemps » (Libération), « Avantage à gauche » (La Croix), « La gauche en conquête » (L’Humanité).
La droite a hier soir reconnu avoir réalisé des résultats médiocres mais se refuse à tout défaitisme, le premier ministre François Fillon ayant une nouvelle fois tenté de replacer l’élection au plan local. Car, si le gouvernement a un temps voulu considérer les élections municipales comme un enjeu national, la baisse de popularité de Nicolas Sarkozy et la montée des critiques ont fait changer d’épaule le fusil du gouvernement.
Hier soir, le Premier ministre a demandé aux électeurs de « ne pas mélanger les enjeux » lors du second tour, assurant que l’opposition voulait « exacerber les clivages » et que son gouvernement « tiendra le cap des réformes ». Même discours pour Rachida Dati, hier soir sur le plateau de TF1 : il ne faut, selon elle, « pas donner de chèque en blanc au Parti socialiste » et il faut « absolument se mobiliser pour le second tour ».
Avant l’ouverture des bureaux de vote hier matin, le secrétaire général de l’UMP Patrick Devedjian déclarait espérer « gagner une quinzaine de grandes villes de plus de 30 000 habitants » et conserver « Marseille et Toulouse ».
De facto, la droite a résisté dans ces villes symboles même si la situation est serrée à Marseille où le maire UMP sortant, Jean-Claude Gaudin, recueille 41,03 % des voix et son adversaire PS Jean-Noël Guérini 39,14 %.
Alain Juppé est lui réélu à Bordeaux - là même où il avait subi un cuisant revers il y a neuf mois aux législatives -, dès le premier tour avec 56,62 % des voix, battant la liste socialiste, créditée de 34,14 %. François Fillon est réélu dans son fief de la Sarthe. A Saint-Quentin, le ministre du Travail Xavier Bertrand annonce sa réélection dès le premier tour. A Meaux, le président de l’Assemblée national et maire sortant, Jean-François Copé, est réélu avec 74 % des voix. A Valenciennes, la liste UMP où figurait le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo est également réélue, avec 55,54 % des voix.
Jean Sarkozy s’impose aux cantonales dans le fief de son père à Neuilly-sur-Seine. Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, est élue à Saint Jean de Luz.
A noter que 22 membres du gouvernement étaient candidats. Seuls quatre - tous n’étaient pas tête de liste - abordent en situation délicate le second tour : Christine Lagarde (Economie) et Christine Albanel (Culture) sont très largement distancées à Paris, Xavier Darcos (Education), maire sortant de Périgueux, devra batailler face au PS Michel Moyrand et Rama Yade (Droits de l'Homme) est en difficulté à Colombes. A Mulhouse, le maire sortant et secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Jean-Marie Bockel, est en ballottage favorable.
Laurent Wauquiez s’empare en revanche du Puy-en-Velay, Luc Chatel gagne à Chaumont, l’ancienne ministre UMP-dissidente Catherine Vautrin obtient un meilleur score que le candidat investi par l’UMP, Renaud Dutreil.

Rendez-vous dimanche

Au Modem, hier soir, Marielle de Sarnez, à Paris, ne cachait pas sa joie malgré un score qui ne la propulsera pas sur le devant de la scène. Toutefois, le report de votes centristes sur un des deux candidats dans la capitale devrait être essentiel.
Les regards se tournent aussi vers Pau où se présentait la tête de liste du Modem, François Bayrou. Hier soir, ce dernier a recentré sa bataille sur l’enjeu local palois, où il est arrivé deuxième derrière les socialistes (33,87 % des suffrages exprimés) mais devant la liste du maire sortant soutenue par l’UMP (27,8 %).
Ségolène Royal a appelé à faire des alliances partout avec le Modem en vue du second tour. L’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle a estimé hier soir sur France 2 que le premier tour des élections municipales était un « vote sanction » pour le pouvoir. « Il faut que ce vote sanction s’amplifie dimanche prochain sinon rien ne changera », a-t-elle appelé.
Comme lors de la présidentielle de mai dernier, le Modem devrait donc faire figure d’arbitre dimanche prochain. Toute stratégie de report des voix sera cependant examinée « ville par ville, candidat par candidat », a déclaré François Bayrou sur TF1 hier soir.
Autre parti à prendre en compte, le Front national, bien qu’étranglé par d’importantes difficultés financières après ses très mauvais scores aux législatives. A Hénin-Beaumont, où le FN avait placé beaucoup de ses espoirs en la personne de Marine Lepen, la liste d’extrême-droite est largement devancée avec 28,5 % des voix par le maire sortant divers gauche Gérard Dallongeville (43,1 %).
Enfin, le PCF a conservé la quasi totalité de ses bastions en région parisienne et conquis Dieppe et Vierzon. Marie-George Buffet a jugé que son parti avait « la possibilité de reconquérir beaucoup d’autres » mairies au second tour.
Quant aux Verts, dont les listes autonomes se sont bien maintenues, ils voient dans leurs résultats « une petite renaissance » après la présidentielle.

Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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