Peu de changement en perspective du côté des taux directeurs européens. La BCE devrait rester en position d’attente et garder ses taux inchangés pendant de longs mois, estiment les 31 économistes interrogés par l’AFP et l’agence financière Thomson Financial News.
Depuis juin dernier, le principal taux européen est situé à 4 %. Et ce statu quo monétaire devrait rester d’actualité lors de la prochaine réunion du conseil des gouverneurs, jeudi à Athènes, sur fond d’inflation préoccupante. C’est moins les pressions actuelles - liées à la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires - qui inquiètent la BCE, car elles les tient pour provisoires, que leurs retombées, sur les négociations salariales. Les syndicats européens exigent des augmentations de salaires conséquentes pour les salariés dont le pouvoir d’achat est entamé par les hausses des prix. Mais aux yeux de la BCE, cela représente un risque de dérapage des prix durable.
Face aux tensions inflationnistes, qui empêche notamment la relance de la consommation dans la première économie de la zone euro, l’Allemagne, la politique de lutte contre l’inflation défendue par la BCE est pertinente, estiment de nombreux économistes. La force de l'euro, qui réduit la facture pétrole et matières premières libellés en dollars, a jusqu’ici freiné les tensions sur les prix.
L’inflation s’est aussi un peu assagie en avril, affichant 3,3 % sur un an selon une première estimation Eurostat, après un pic de 3,6 % en mars. Mais le taux reste nettement supérieur à l’objectif de la BCE d’une inflation légèrement inférieure à 2 %.
Quant à l’autre aspect de la politique monétaire, la croissance, l’économie de la zone euro reste robuste, selon des déclarations récentes du président de la BCE Jean-Claude Trichet. Pourtant, certains Etats commencent à souffrir davantage de la crise financière et accueilleraient avec soulagement un assouplissement des conditions du crédit, en particulier l’Espagne, qui représente 12 % de l’économie des Quinze. Et le climat économique s’assombrit tout de même dans l’ensemble de l’Euroland, comme l’a encore montré l’indice de confiance économique d’avril qui a reculé à son plus bas niveau depuis août 2005.