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Alimentation : l’opération « coup de poing » de François Fillon

Article du 26/02/2008
Le débat sur l'envolée des prix des produits alimentaires a été relancé dimanche par une enquête de l'Institut national de la consommation (INC). Beurres, yaourts, pâtes, céréales, biscottes, pains de mie, riz et autres jambons … ont vu leurs prix s’envoler de 5 % à 48 % entre novembre et janvier, selon cette enquête exclusive.
Toutefois, cette étude sur trois mois ne fait que confirmer d’autres chiffres. Statistique tombée la semaine dernière, les prix de l’alimentation ont progressé de 1,4 % en janvier, selon l’INSEE. Cette enquête appuie également les chiffres du cabinet Nielsen Panel publiés il y a quelques jours, montrant une augmentation globale des prix dans les magasins physiques en janvier (+2,39%), pour le quatrième mois consécutif, avec des hausses de plus de 10% pour les pâtes, les oeufs et le lait.
L’étude de l’INC s’est intéressée à 1055 références de produits laitiers et céréaliers comparés : près de la moitié ont augmenté, dont 200 de plus de 10 %. Moins de 60 références ont baissé « de quelques pour cent », selon l’observatoire de l’association.
L’INSEE a en outre récemment annoncé que les prix à la consommation en France ont augmenté de 2,8 % sur les douze derniers mois, un record d'inflation depuis mai 1992.

Déceler les « abus »

Réaction immédiate du gouvernement : le Premier ministre a réuni en fin de journée les ministres de l'Economie, Christine Lagarde, de l'Agriculture, Michel Barnier, et de la Consommation, Luc Chatel pour prendre des « mesures » sur « l'évolution des prix des denrées alimentaires ». A l'issue de cette réunion à Matignon, François Fillon a dénoncé des « abus de la part des industries et des distributeurs qui profitent (des) hausses des matières premières agricoles pour accroître leur marge ».
Le Premier ministre a annoncé une « opération coup de poing » dès mardi. Les services du ministère de l'Economie vont conduire une enquête pour déceler « les abus » qui ont mené à la flambée des prix des produits alimentaires, d'autant que la réforme de la loi Galland engagée en décembre semble avoir peu d'impact sur les étiquettes. « L'objectif est également d'expliquer les raisons des prix plus élevés en France que chez nos voisins européen », ajoute Matignon.

L’envolée des matières premières n’explique pas tout

Les pouvoirs publics et les associations de consommateurs s'étonnent en effet de l'ampleur des hausses, estimant que l'envolée des matières premières ne justifie pas la flambée dans les magasins.
« Le prix du lait a augmenté de 30% à la production. Il pèse pour environ 20% à 30% dans la fabrication d'un yaourt, donc l'augmentation du yaourt n'aurait pas dû » dépasser « 10% », a estimé lundi Luc Chatel. Or l’enquête INC montre que certaines marques de yaourts ont augmenté de 40%.
Les distributeurs estiment que les industriels exagèrent les hausses de leurs tarifs. Mais ces derniers les justifient par la forte hausse des cours des matières premières (céréales, lait, pétrole). Pourtant, selon l’INC, la hausse des matières premières ne justifie pas une telle flambée. « La flambée des matières premières ne peut justifier des hausses d’une telle ampleur », souligne Marie-Jeanne Husset, directrice de rédaction du mensuel « 60 millions de consommateurs », qui publie l'étude dans son numéro de mars.
« Le prix du lait ne représente que le tiers du prix final du yaourt. Comment expliquer que certains yaourts aient augmenté de 40 % ? », s’étonne-t-elle.
Les distributeurs soulignent en outre que la nouvelle législation donne une plus grande marge de manoeuvre aux enseignes pour baisser les prix. En effet, la réforme de la loi Galland qui régit les relations entre distributeurs et industriels, intervenue en décembre, assouplit le seuil de revente à perte et donne la possibilité de baisser les prix plus facilement qu'auparavant.
Il y a quelques mois, Luc Chatel avait estimé que cette réforme entraînerait une baisse des prix de 3% à 7% sur les produits de grandes marques. Lundi, il a refusé de donner des prévisions, mais selon lui, les prix en France sont « 5% plus chers en moyenne que les autres pays européens dans la grande consommation ».

La hausse pourrait se poursuivre…

Les distributeurs préviennent que les prix vont continuer de monter. Michel-Edouard Leclerc, patron des centres éponymes, prévoit une augmentation de 4% chaque mois au cours du premier semestre, alors que le patronat des distributeurs (FCD) évoque +3% sur 2008.
Jérôme Bédier, président de la FCD, estime de son côté que l'étude de l'INC est « partiale » car elle ne tient pas compte de l'activité promotionnelle. Il a affirmé espérer « réenclencher une baisse en 2008 ».
Auchan a pour sa part souligné que les produits de grande consommation n'ont augmenté « que de 2,54% » entre novembre et janvier.

Francebourse.com, avec AFP




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