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La flambée des prix alimentaires touche toute la planète et menace les plus pauvres

Article du 14/04/2008
Le prix des aliments ne cesse d’augmenter. Les Français le constatent tous les jours à la boulangerie, dans les rayons des supermarchés, chez le primeur. Et alors que le débat se porte sur l’érosion du pouvoir d’achat, cette inflation n’est pas sans inquiéter.
En 2007, le caddy tricolore a coûté plus cher. Plébiscitée par les ménagères désormais adeptes des machines à pain, la farine a connu une demande en hausse et son prix a facilement affiché une hausse de 18 %.
La pomme de terre n’a pas été en reste, avec une hausse de plus de 20 % du prix des frites et autres pommes de terre surgelées. Cette progression en valeur s’est expliquée en grande partie par la très mauvaise récolte de pommes de terre en 2006, qui a fait s’envoler les prix de 11 %.
Les légumes et les fruits ont également connu des hausses de tarifs. Et le prix des produits préparés s’en est ressenti : + 10 à 11 % pour les jus de fruits frais et les légumes d’accompagnements en conserve.
Viande et poisson ont également coûté plus cher en 2007. Les produits élaborés à base de volaille, viande préférée des Français (90 % en consomment régulièrement) ont ainsi grimpé de 17 %. Les produits panés frais ont vu leur prix prendre 12 % environ. + 11 % pour le poisson fumé frais.
La palme revient aux plats cuisinés étrangers, lasagnes, raviolis, couscous, paella...., qui ont connu des ventes en hausse de 29,5 % et une augmentation en valeur de 31,8 %.

Faire les courses coûte plus cher

Les ménages s’en rendent bien compte. Faire ses courses alimentaires revient de plus en plus cher. Dans son numéro de mars de « 60 millions de consommateurs », l’Institut National des Consommateurs (INC) a mené sa propre enquête sur cette valse des étiquettes depuis le début de l’année. Beurres, yaourts, pâtes, céréales, biscottes, pains de mie, riz et autres jambons … ont vu leurs prix s’envoler de 5 % à 48 % entre novembre et janvier, selon cette enquête.
Cette étude sur trois mois n’a fait que confirmer d’autres chiffres. Les prix de l’alimentation ont progressé de 1,4 % en janvier, selon l’INSEE.
En décembre, une étude du cabinet Nielsen Panel International pour l’hebdomadaire spécialisé LSA révélait que les prix les plus bas (MDD pour marque de distributeur) et les produits dits de « premiers prix », traditionnellement moins chers que les produits de grandes marques, avaient augmenté de 2,63 % et de 3,43 % respectivement en novembre. Et de citer des chiffres : + 30,60 % pour les pâtes « premiers prix », + 15,28 % pour l’huile « premiers prix », + 21,31 % pour les œufs « premiers prix ». + 10,58 % pour les pâtes MDD, + 7,79 % pour l’huile MDD, + 19,42 % pour les œufs MDD. Selon Nielsen, en novembre, les prix des produits de grandes marques ont enregistré des hausses moindres, de 7,74 % pour les pâtes et de 7,65 % pour les oeufs, alors que l’huile a baissé de 4,95 %.
On était de toutes façons prévenu : à l’automne, Danone avait averti ses consommateurs. Et comme convenu, le groupe agroalimentaire a procédé à compter du 21 novembre à une hausse « moyenne » de ses tarifs aux distributeurs de 10,48 %. Danone a été suivi par les groupes laitiers Lactalis et de légumes Bonduelle évoquant les mêmes raisons de hausse des matières premières.
Cette hausse de matières premières incite donc les industriels agro-alimentaires à répercuter sur les prix de vente afin de conserver leurs marges.

Quand les prix des matières premières fait planer des risques de crise alimentaire

Si en France, cette inflation alimentaire fait gronder, on est tout de même loin de la situation de pénurie alimentaire qui se profile dans certains pays. Car, par endroits, la nourriture de base est presque devenue un bien de luxe. Du coup, la population se crispe et les émeutes de la faim pourraient devenir de plus en plus fréquentes et vindicatives, voire violente.
Déjà, en Haïti, un des pays les plus pauvres de la planète, la crise alimentaire a généré de violentes manifestations, faisant au moins cinq morts et 200 blessés, et a coûté son poste au Premier ministre. La Banque Mondiale a décidé en urgence d’octroyer 10 millions de dollars au pays et d’envoyer des experts pour aider les autorités haïtiennes à répondre à la crise alimentaire. La Banque Mondiale souligne qu’en Haïti « le prix du riz, du maïs, des haricots, de l’huile de cuisson et d’autres denrées alimentaires de base ont augmenté significativement ces derniers mois ». Le prix d’un sac de 50 kilos de riz, l’aliment de base en Haïti, a doublé pour atteindre 70 dollars dans un pays où 80 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. Pour tenter d’apaiser la colère de la population, après une semaine de manifestations violentes et de pillages, le président René Préval a annoncé une baisse de 15 % du prix du sac de riz.
Ces derniers mois, la flambée alimentaire a également entraîné des manifestations violentes en Egypte, au Cameroun, en Côté d’Ivoire, en Mauritanie, en Ethiopie, à Madagascar, aux Philippines, en Indonésie...
L’institution multilatérale a décidé de prendre le problème de la flambée de l’alimentation en main. L'organisation estime que la hausse des prix du blé a atteint 181 % en trois ans et celle des prix alimentaires 83 % sur la même période. Et considère que 33 Etats dans le monde sont menacés de troubles politiques et de désordres sociaux à cause de la montée brutale des prix des produits agricoles et énergétiques.
La Banque mondiale, qui réunissait hier son comité pour le Développement, a appelé les gouvernements des pays membres à intervenir d’urgence pour éviter que la crise alimentaire n’appauvrisse encore davantage quelque 100 millions de personnes dans le monde. Le président de l’institution Robert Zoellick a même parlé d’un « New Deal » alimentaire.
Le dirigeant a indiqué que le programme alimentaire mondial (PAM) avait déjà reçu plus de la moitié des 500 millions de dollars qu’il a demandés à la communauté internationale avant le 1er mai. Présent dans 78 pays où il nourrit 73 millions de personnes, le PAM est l’agence humanitaire la plus importante au monde et joue un rôle essentiel concernant la sécurité alimentaire. L’Agence a fourni en aide alimentaire près de 88 millions personnes dans 78 pays dans le monde en 2006.
La Banque Mondiale pour sa part prévoit de presque doubler ses prêts agricoles en Afrique en les portant à 800 millions de dollars.


Francebourse.com – Alexandra Voinchet, avec AFP
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