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Frederic Granotier (Lucibel) s'exprime après les résultats 2017

Article du 22/04/2018
Le PDG de Lucibel, bien connu des lecteurs de Francebourse, s'est exprimé suite aux résultats 2017 et alors que le titre Lucibel a, ces derniers mois, reperdu tout ce qui avait été gagné depuis 2 ans.

JDH : Monsieur Granotier, bonjour. Nos lecteurs ont pris des bénéfices sur Lucibel mais continuent de suivre assidûment le titre Lucibel. Vous venez d’annoncer vos résultats. En quelques mots, comment qualifiez-vous l’exercice 2017 ?

Fréderic Granotier : 2017 a été une année de recentrage sur nos métiers stratégiques. Nous avons sorti de notre périmètre deux sociétés : Citeclaire, qui était positionnée sur les marchés publics, et Lucibel Middle East dont nous avons gardé 40% du capital en cédant le contrôle au manager qui maîtrise les marchés du Moyen Orient. 2017 a aussi vu la fin de notre activité sur les certificats d’économie d’énergie, ce qui n’est pas de notre fait mais qui est dû à une évolution réglementaire de l’ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie). Cela a impacté notre chiffre d’affaires de plus de 5 millions d’euros.
Donc, en résumé, 2017 est une année de recentrage, au cours de laquelle nous avons maintenu un effort humain et financier soutenu en R&D sur nos sujets d’innovation.

JDH : Recentrage et transition, donc ?

FG : Oui, tout à fait. Transition avant 2018 qui verra la montée en puissance de nos innovations, le LiFi notamment.

JDH : A présent, si vous le voulez bien, parlons de chiffres. Nos lecteurs ont du mal à comprendre pourquoi la société est repassée dans le rouge en 2017 après avoir eu un EBITDA positif en 2016 et une augmentation de capital réussie en avril dernier. Quelle explication leur donner?

FG : Comme je l’ai indiqué, nous nous sommes recentrés. Pour partie de manière volontaire, pour partie de manière involontaire (ndlr : arrêt des certificats d’économie d’énergie). Notre chiffre d’affaires a donc baissé, et l’EBITDA ainsi que le résultat net ont suivi le mouvement. Cependant, ils l’ont suivi dans une bien moindre mesure, grâce à une bonne maîtrise de nos coûts. Nous avons perdu en tout 7 millions de chiffre d’affaires, mais « seulement » moins d’un million de résultat net. En effet, ce dernier est passé de -0.9M€ à -1.8M€. Ce qui a de quoi nous rendre confiants pour la suite et en particulier sur l’impact d’une remontée du CA sur notre rentabilité. On notera aussi que nous n’avons sacrifié aucun euro d’investissement dans notre activité de R&D, cruciale pour une société comme la nôtre.

JDH : 2015 était un exercice en pertes, 2016 bénéficiaire, 2017 en pertes. Peut-on espérer que 2018 soit à nouveau bénéficiaire? Plus ironiquement y aurait-il une fatalité des années impaires?

FG : Non, aucune fatalité ! L’historique de notre parcours est effectivement en dents de scie mais cela n’a pas vocation à se pérenniser, évidemment. Aujourd’hui, nous n’avons plus d’activité liée à des réglementations de l’ADEME, aujourd’hui nous n’avons que du cœur de métier ! De quoi nous rendre très sereins pour l’avenir !

JDH : Quelques mots sur la structure financière ?

FG : Nous avons près de 15 millions d’euros de capitaux propres fin 2017, un endettement en baisse sensible avec un gearing qui n’est désormais que de 15%.

JDH : Le cours de bourse a dévissé lorsque vous avez annoncé l'acquisition de votre site de Barentin. Pourtant, en termes de stratégie patrimoniale, cela me semble être une belle opération surtout que vous ne l'avez pas payé cher du tout! L'opération a-t-elle mal été expliquée? Souhaitez-vous y revenir?

FG : Oui, nous l’avons mal expliquée. Oui, je souhaite y revenir !

JDH : Nous vous sommes tout ouïe !

FG : Au moment de la transaction, Schneider, à qui nous avons racheté le site, ne souhaitait pas que nous communiquions sur le prix de rachat. Aujourd’hui je vais être très transparent : ce site, c’est 12.400 mètres carrés de bâti (bureaux + entrepôts + ateliers), sur une superficie de 4.5 hectares. Nous l’avons payé 700.000 euros. Faites le calcul !

JDH : Je prends ma calculette…

FG : Je vous en prie…

JDH : J’arrive à 56 euros du mètre carré ! Sans parler du foncier… Impressionnant… Et ça vaut combien d’après vous ?

FG : Je laisserai chacun faire les calculs compte-tenu du prix de l’immobilier en France en 2018, qui plus est à 120 km de Paris et dans la métropole de Rouen.

JDH : Vous connaissez le « sale and lease back » ? Consistant à vendre un local ou un site puis continuer de l’occuper en le louant à l’acquéreur… Y pensez-vous ?

FG : Bien sûr que je connais ! Même PSA l’a fait sur son siège de l’avenue de la grande Armée à Paris! C’est une bonne question, j’y réfléchis !

JDH : Le montage a été fait sans SCI je présume ?

FG : Cela va de soi. C’est Lucibel SA qui est pleinement propriétaire de son site de Barentin.

JDH : Bon, parlons de ce sur quoi vous êtes intarissable… Le LiFi !

FG : Notre solution « LiFi by Lucibel » a remporté un franc succès en 2017 avec plus de 70 grands comptes qui en sont devenus clients : BASF, Alstom, SNCF, Arkea Crédit Mutuel etc. Nous sommes dans les starting blocks pour mettre sur le marché notre prochaine génération LiFi. Elle sera plus performante en termes de débit, coutera 2.5 fois moins cher, et aura une clé d’accès beaucoup plus petite. D’ailleurs, regardez… La voilà ! Et la voilà comparée à l’ancienne ! Ndlr : voir photo.

JDH : Bravo ! Beau petit objet ! (rires)

FG : J’ai toujours dit que la première génération était une génération pilote et que les vrais déploiements significatifs vont se faire avec cette nouvelle génération.

JDH : Mais le LiFi de masse c’est toujours pas pour maintenant !

FG : C’est pour 2020, quand la norme LiFi aura été rédigée et que les fabricants d’ordinateurs, tablettes et smartphones auront intégré le LiFi dans leur matériel, ce qui permettra alors de se passer de la clé. A ce moment-là, on verra une forte pénétration du LiFi dans le BtoB mais aussi dans le BtoC. Le LiFi aujourd’hui, c’est le WiFi d’il y a 10 ou 12 ans ! C’est ce qu’il faut se dire. Mais sans attendre 2020, il peut y avoir aujourd’hui une utilisation du LiFi dans des cas d’usage professionnels, par exemple dans la robotique. Ou bien encore dans la télémédecine, qui n’a jamais décollé, car il y a un temps de latence trop élevé avec le WiFi : quand le chirurgien actionne ses mains, le robot qui reproduit ses gestes à distance les reproduit avec trop de décalage. Cela peut être corrigé avec le LiFi, qui a un temps de latence de 0,4 milliseconde.

JDH : Et le circadien dont vous nous aviez parlé ?

FG : Nous avons mis sur le marché, en novembre 2017, la solution CRONOS, premier luminaire qui imite la lumière naturelle pour en apporter les bienfaits à ses utilisateurs ! Il permet de mieux synchroniser notre horloge biologique grâce à la lumière naturelle, ce qui est très utile pour tous ceux qui en sont privés, notamment parce qu’ils passent de longues heures dans des bureaux. CRONOS permet ainsi d’améliorer les conditions de sommeil, la mémoire, la concentration, réduit le stress, etc. Courant mai, nous allons également mettre sur le marché le luminaire HYPNOS, lui aussi conçu avec des médecins. HYPNOS favorise l’endormissement car il permet au corps humain d’accélérer la sécrétion de mélatonine en fin de journée.

JDH : Vous basculez dans le BtoC…

FG : Oui, c’est vrai, comme avec le Line 5 que j’ai présenté l’an dernier à vos lecteurs. D’ailleurs HYPNOS sera commercialisé par le réseau Line 5.

JDH : Avez-vous pensé à filialiser Line 5 et l’introduire en bourse ?

FG : Line 5 est déjà filialisée et détenue à 100% par Lucibel. Nous visons plus de 1M€ de CA en 2018 sur cette activité. Dès que le CA aura atteint un niveau significativement plus élevé, je réfléchirai sérieusement à votre idée !

JDH : Dernière question… Que souhaitez-vous dire de plus à nos lecteurs ?

FG : Que je les remercie de leur confiance et de leur patience ! Je suis très confiant sur la capacité de Lucibel à créer beaucoup de valeur actionnariale sur le moyen et long terme. Il faut parfois semer longtemps avant de pouvoir récolter, en particulier lorsqu’on travaille sur des innovations de rupture. Mais le temps est notre allié !

JDH : Merci de cette interview

FG : Merci à vous.

Jean-David Haddad, pour Francebourse.com
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