Présidentielle : José Bové, candidat derrière les barreaux ?
Article du 07/02/2007
Verdict pour le leader altermondialiste : la Cour de Cassation a rejeté le pourvoi de José Bové contre la condamnation en appel en novembre 2005. L’homme ira donc purger une peine de quatre mois de prison ferme. Une décision qui devrait compliquer la campagne électorale du candidat de la gauche antilibérale.
La décision de la Cour de Cassation met fin au procès initié suite au fauchage illégale d’une parcelle d’OGM à Menville, près de Toulouse, en juillet 2004. José Bové est donc sanctionné pour la « destruction d’un bien appartenant à autrui en réunion et en récidive ».
Les sept autres accusés qui comparaissaient avec lui, parmi lesquels le député Verts Noël Mamère et le député européen Gérard Onesta, ont également vu leur pourvoi rejeté. Tous deux écopent de trois mois avec sursis, les cinq autres de deux mois avec sursis.
La justice devra cependant encore travailler sur le dossier : la procédure devant passer par un juge d’application des peines (pour discuter d’éventuelles modalités d’exécution alternative de la peine, semi-liberté, placement sous bracelet électronique ou liberté conditionnelle), puis par le procureur général de Toulouse (qui aura la décision finale), devrait prendre du temps et la condamnation ne pourrait arriver qu’après les élections.
Pour l’heure, José Bové entend bien maintenir sa candidature à l’Elysée et se présente comme le « premier prisonnier politique à être en même temps candidat à l’élection présidentielle », car sa condamnation ne le priverait pas de ses droits civiques. « Si je vais en prison, c’est la tête haute, c’est pour m’être battu pour la démocratie, pour le droit des Français qui refusent les OGM à 80 % », a déclaré l’homme devant la presse. « Je serai peut-être le premier prisonnier politique qui sera en même temps candidat à l’élection présidentielle. Je ne m’attendais pas à une telle situation. Si je dois y aller, j’assumerai cette responsabilité, je ne me cacherai pas », a-t-il ajouté.
D’ailleurs, José Bové a précisé qu’il refuserait tout aménagement de peine qui lui serait proposé. « Je refuserai le bracelet », a-t-il déclaré sur Canal Plus en estimant qu’un tel dispositif n’était « pas acceptable ».
« Je continue mon combat »
Marie-George Buffet, également candidate et par la suite concurrente de José Bové dans la course à l’Elysée, a jugé cette condamnation comme un « signe de très mauvaise santé pour notre démocratie ». « Cette décision criminalise l’action syndicale [..."> La place de José Bové n’est pas en prison », a-t-elle déclaré.
Autre candidat en lice, Olivier Besancenot, de la LCR, s’exprimait lundi : « José risque d’aller derrière les barreaux, je serai à ses côtés, j’espère que tout le monde le sera ».
L’homme qui ne nie pas qu’une condamnation puisse être pour lui « un coup de pub » sera en meeting ce soir à Aubagne, près de Marseille, l’un des berceaux du mouvement antilibéral. L’ancien leader paysan sera entouré des chefs de file du mouvement antilibéral comme le maire de Saint-Denis Patrick Braouezec, l’élue francilienne Claire Villiers, le président de la Fondation Copernic Yves Salesse et l’élue francilienne des Verts Francine Bavay.
Il devrait revenir sur sa lutte contre les cultures transgéniques.
Une pétition circule sur Internet pour soutenir sa démarche a d’ailleurs déjà été signée par 37 173 personnes. Sa candidature est soutenue par des « Comités Bové », qui se sont créés dans le sillage des Collectifs unitaires antilibéraux, pour soutenir sa campagne. Mais il se pourrait que José Bové n’obtienne pas les 500 parrainages nécessaires.
Pour l'heure, le leader altermondialiste est crédité dans les sondages de 2,5 à 4 %, tout comme Olivier Besancenot, Arlette Laguiller et Marie-George Buffet.
Déjà emprisonné dans les années 1970, l’ancien leader de la Confédération Paysanne a été condamné à plusieurs reprises à la fin des années 1990 pour le saccage du restaurant McDonald’s de Millau, pour l’exécution du reliquat de la peine de trois mois de prison ferme prononcée pour ces faits et enfin pour l’exécution d’une peine de six mois ferme prononcée dans une première affaire de fauchage de plants d’OGM.