Alcatel-Lucent : Gérard Larcher met son nez dans l’entreprise
Article du 23/02/2007
Comme ils l’avaient annoncé, les syndicats ouvriers de l’entreprise Alcatel-Lucent n’entendent pas désarmer de suite face à l’annonce de la suppression de 1 468 emplois en France, soit 12 % des effectifs, et de 12 500 chez le groupe.
Hier, leurs représentants ont été reçus au Ministère de l’Emploi. Et Gérard Larcher, le ministre délégué à l’Emploi, a tout simplement exigé « la suspension du plan social. » Le ministre devait rencontrer dans la soirée d’hier la direction générale du groupe. « Le gouvernement a appelé Alcatel-Lucent à faire preuve de beaucoup de responsabilités, tant sur le plan social qu’industriel », déclarait hier Jean-François Copé.
Et Gérard Larcher de souhaiter « la mise en place d’un groupe de travail sur la place et la stratégie des Télécoms, notamment de la Recherche et Développement (R&D), en France ».
Les représentants du personnel menacent « un durcissement du conflit qui s’installera alors dans la durée » alors que la tenue d’un comité de groupe européen aujourd’hui est incertaine.
Hier, la direction générale d’Alcatel-Lucent faisait état d’une mobilisation de 25 % des salariés des filiales du groupe concernées par les suppressions d'emplois, celles d’Alcatel-Lucent France (ALF) et d’Alcatel Business System (ABS). Quelques 1 500 manifestants se sont réunis devant le site de Vélizy (Yvelines), où des employés de la région ont bloqué l’entrée. Une manifestation européenne est prévue à Paris pour le 5 mars prochain.
En Allemagne également, un rassemblement est prévu. Outre-Rhin, le groupe emploie 5 300 personnes et va comprimer 20 % des effectifs.
Des perspectives moroses
L’équipementier de télécommunications est né du rapprochement entre le français Alcatel et l’américain Lucent. Après une fusion, qui avait fait grand bruit, les résultats sont quelque peu décevants avec un bénéfice « pro forma » divisé par plus de trois, à 522 millions d’euros contre 1,67 milliard en 2005. Au quatrième trimestre 2006, Alcatel-Lucent a accusé une perte nette ajustée pro forma de 618 millions d’euros contre un bénéfice de 381 millions un an plus tôt.
Pour l’année 2006, le chiffre d'affaires s’élève à 12 282 millions d’euros. Alcatel-Lucent enregistre par ailleurs une perte nette part du Groupe de 176 millions. Conformément aux obligations réglementaires de publication, les résultats publiés pour l’année 2006 comprennent les activités seules d’Alcatel de janvier à novembre 2006, et les activités combinées d’Alcatel-Lucent pour décembre 2006.
Le groupe a donc annoncé un plan d’économies de 1,7 milliards d’euros sur trois ans qui passe par la suppression de 12 500 emplois.
Toutefois, le PDG d’Alcatel-Lucent, l’américaine Patricia Russo, se veut rassurante. Et d’ajouter concernant la stratégie du nouveau groupe : « L’ambition de notre nouvelle société est d’accompagner la transformation de notre industrie, ce qui inclut l’évolution des réseaux vers la transformation tout-IP, la vidéo et les contenus multimédias pour enrichir les services de communication, le haut débit en mobilité et les services à valeur ajoutée. »
« Nous croyons maintenant que notre plan de synergie initial (1,4 milliard d’euros) ajouté aux réductions additionnelles de coût nous permettront de réaliser un total de 1,7 milliard d’euros d’économies de coûts avant impôt d’ici 3 ans, dont au moins 600 millions d’euros sur 2007. Ces économies prennent en compte, entre autres, l’optimisation de notre chaîne logistique et de nos services, l’optimisation des ressources et la rationalisation des produits. Nous pensons que ces actions amélioreront notre compétitivité dans cette industrie dynamique. »
« Pour l’ensemble de l’année 2007, nous tablons sur une croissance des revenus à un taux de croissance au moins égal à celui du marché opérateurs, que nous estimons autour de 5% », ajoute-t-elle dans un communiqué.