Après la dégringolade de vendredi – séance durant laquelle l’indice parisien a terminé en chute de 1,91 % à 5 524,18 points –, le CAC 40 ouvrait ce matin en repli de 0,61 % à 5 490,32 points. Mais une dizaine de minutes après le début de la séance, le CAC semblait se reprendre et passait au dessus du seuil symbolique des 5 500 points.
Les courtiers semblaient sereins ce matin. « Le marché devrait commencer à se stabiliser, la plupart des mauvaises nouvelles sont déjà connues et déjà intégrées dans les cours. Il y a peut-être encore les informations sur les crédits risqués chez HSBC qui sortiront peut-être mercredi, mais cela est déjà connu aussi », a commenté un vendeur d’actions parisien.
Sur la semaine écoulée, le CAC 40 a perdu 3,43 %, terminant vendredi à 5 524,18 points, après avoir déjà accusé un recul de 1,28 % la semaine précédente.
Depuis le début de l’année, il affiche une baisse de 0,32 %, les fortes hausses d’EDF (+ 51 %) ou Arcelor (+ 58 %) étant compensées par l’effondrement de sociétés comme l’équipementier télécom Alcatel Lucent (- 48 %) ou le banque Natixis (- 42 %).
Le secteur bancaire a de nouveau été au centre des inquiétudes cette semaine, en raison de sa vulnérabilité aux rumeurs et aux mauvaises nouvelles.
Aux Etats-Unis
A New York, vendredi a aussi été synonyme de baisse pour la troisième baisse consécutive en raison de nouvelles craintes liées à la crise des crédits hypothécaires à risque (« subprime ») et d’un indice de confiance des consommateurs décevant. Le Dow Jones a perdu 1,69 % et le Nasdaq 2,52 %.
L’indice de confiance des consommateurs américains mesuré par l’Université du Michigan est tombé à 75 points en novembre contre 80,9 en octobre, alors que les analystes tablaient sur une stabilité de l’indice à 80 points. « Malheureusement, la situation risque de se détériorer encore plus compte tenu de l’aggravation des conditions sur le marché du logement, de l’effet négatif de la baisse des marches d’actions et de l’érosion du pouvoir d’achat causé par la hausse de l’essence », a commenté James Knightley, économiste chez ING.
Selon l’économiste, ce climat morose devrait amener la Réserve fédérale américaine à baisser à nouveau son taux d’intérêt directeur d’ici la fin de l’année, pour tenter de redonner un peu de tonus à un secteur bancaire à court d’oxygène.
Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Ben Bernanke, auditionné jeudi devant le Congrès américain, a estimé à ce sujet que la croissance de l’activité économique américaine allait « ralentir sensiblement au quatrième trimestre ».
Mais il a en même temps fait part de ses inquiétudes au regard de l’inflation, dans un contexte de pétrole cher et de dégringolade du dollar.
En Asie
Les Bourses d’Asie ont connu une nouvelle journée de frayeur lundi, minées par les inquiétudes concernant le secteur financier aux Etats-Unis, la nouvelle baisse à Wall Street et par des mesures prises par la banque centrale de Chine pour refroidir l’économie.
L’indice composite de la Bourse de Shanghai s’effondrait ainsi de 5,22 % en début d’après-midi. A Hong Kong, l’indice Hang Seng suivait le mouvement et s’affichait en très lourde perte de 4,46 % à la mi-séance.
A Tokyo, l’indice Nikkei des valeurs vedettes a fondu de 2,48 % à la clôture, revenant à son plus bas niveau en quinze mois sous l’effet de sept séances consécutives de recul. Sa chute a même atteint 3,75 % en cours de journée.
Séoul, pour sa part, a terminé sur un plongeon de 3,37 %.
Selon les analystes, les investisseurs sont de plus en plus pessimistes concernant les répercussions sur l’ensemble de l’économie américaine des difficultés du secteur financier, profondément meurtri par la crise des prêts immobiliers à risque.
Au Japon, c’est la remontée du yen face au dollar qui constitue la principale contrariété pour les investisseurs, qui craignent pour les bénéfices futurs des exportateurs nippons et se débarrassent donc de leurs titres. Le billet vert est brièvement tombé lundi sous les 110 yens, évoluant à son plus bas niveau en un an et demi face à la devise japonaise, laquelle sert de valeur refuge pour des investisseurs de plus en plus allergiques au risque.
La Banque populaire de Chine a annoncé samedi qu’elle allait relever fin novembre, pour la neuvième fois cette année, le taux des réserves obligatoires des banques commerciales, afin d’empêcher une surchauffe de l’économie.
Par ailleurs, la Chine annonce un excédent commercial chinois qui établit un nouveau record mensuel en octobre à 27,05 milliards de dollars, en progression de 13,5 % sur un an, selon les Douanes. Le précédent record mensuel datait de juin, avec 26,91 milliards de dollars.
Au mois d’octobre, les exportations se sont élevées à 107,73 milliards de dollars, en hausse de 22,3 % sur un an. Les importations ont progressé de 25,5 % à 80,67 milliards de dollars, selon un communiqué des Douanes.
Entre janvier et octobre, l’excédent se monte à 212,4 milliards de dollars, soit une augmentation de 59 % sur un an, dépassant déjà le record établi en 2006 (177,5 milliards de dollars).
Ces chiffres ne vont pas manquer de renforcer les pressions des deux principaux partenaires commerciaux de la Chine, Etats-Unis et Union européenne, qui dénoncent un yuan sous-évalué, donnant un avantage aux exportations chinoises.
Les statistiques de la semaine
Les investisseurs seront cette semaine particulièrement attentifs aux baromètres de l’inflation aux Etats-Unis, avec la publication mercredi de l’indice des prix à la production suivie jeudi de celle des prix à la consommation.
Le chiffre le plus attendu sera cependant demain celui des reventes de logements existants pour septembre, qui avait provoqué le mois dernier une chute du marché boursier, les investisseurs s’inquiétant d’un assèchement temporaire du marché immobilier faute de suffisamment de candidats à l’achat. Cette statistique comporte une estimation des prix de l’immobilier aux Etats-Unis, qui sera importante pour les investisseurs.
Comme les prix de l’immobilier « ne progressent plus ou reculent (parfois brutalement selon les zones), les ménages n’ont plus la possibilité de refinancer leur crédit, d’autant plus que les conditions de crédit se sont durcies, ce qui ne leur laisse pas d’autre alternative que la saisie », expliquent les économistes du courtier Global Equities.
Pétrole et devises
Les cours du brut refluaient ce matin dans les échanges électroniques cotés en Asie après que l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) eut indiqué qu’elle examinerait une possible augmentation de la production pour freiner l’envolée des cours, selon des courtiers.
A 03H35 GMT, le baril de « light sweet crude » perdait 1,02 dollars à 95,30 dollars.
La monnaie américaine a encore baissé sur la semaine et l’euro valait 1,4679 dollar vendredi à 18 heures, ce qui pénalise les ventes en zone dollar des grandes sociétés exportatrices, particulièrement bien représentées au sein de l’indice CAC 40.