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Cession de 2,5% d'EDF : 3,7 milliards d'euros pour les universités

Article du 04/12/2007
Encore une fois Nicolas Sarkozy n’aura pas perdu de temps. Jeudi soir dernier, le président de la République annonçait aux Français vouloir céder une partie du capital d’EDF détenu par l’Etat afin de financer un plan d’investissement permettant de doter la France « des meilleures universités du monde » et des « plus beaux campus ». C’est chose faite. Hier, l’Etat a cédé 2,5% du capital du groupe d'électricité, via un placement accéléré auprès d'investisseurs institutionnels, pour 3,7 milliards d'euros. Une vente qui se situe en bas de la fourchette prévue le matin même par Bercy, qui avait annoncé que la cession pourrait aller de 2,5% à 3,7%, du capital du groupe public.
Après cette cession, la participation de l'Etat dans EDF, qui était de 87,3%, sera donc réduite à « 84,8% du capital d'EDF, dans le respect de la loi qui fixe à 70% la participation minimale de l'Etat au capital de la société », souligne Bercy dans un communiqué. Conformément à la loi, une offre réservée aux salariés et anciens salariés de l'entreprise, sera organisée ultérieurement.
Le ministère des Finances poursuit ainsi la vente des participations de l'Etat dans des groupes publics, mais cette fois cette cession ne sert pas à alléger la dette.
Cette somme servira à financer un plan d'investissement dans les universités, « un schéma totalement nouveau », relève Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès.
Depuis 2005, la quasi totalité des cessions d'actifs de l'Etat était en effet affectée à la réduction de la dette publique de la France (Etat et administrations publiques), qui, à plus de 64% du PIB, outrepasse largement le plafond de 60% exigé par le pacte de stabilité européen.
L'an dernier, la France avait inscrit noir sur blanc cet engagement dans son programme de stabilité transmis à la Commission européenne. Le nouveau programme, rendu public lundi avec un objectif de dette publique révisé en légère hausse, ne fait plus état de cet engagement.
« A l'époque de Thierry Breton (ministre de l'Economie de 2005 à 2007, ndlr), toutes les cessions de l'Etat devaient aller au désendettement » mais il s'agissait « d'un engagement politique, sans obligation légale », rappelle Elie Cohen, directeur de recherches au CNRS.
En 2006, les quelque 17 milliards d'euros de cessions d'actifs réalisées, avec notamment la vente des différentes sociétés d'autoroutes, avaient ainsi été consacrés à 95% à l'allègement de la dette.
« Aujourd'hui on estime qu'il peut y avoir des causes supérieures », poursuit Elie Cohen, pour qui le gouvernement a voulu faire cette fois « une annonce politique très forte, très visible ».
Pour Christian Saint-Etienne, professeur à Tours et Paris-Dauphine et membre du Conseil d'analyse économique, « 2006 a été une exception, durant laquelle le gouvernement a voulu être extrêmement vertueux et plaire à l'opinion alors qu'on avait beaucoup parlé du problème de la dette ».
En cédant de nouveaux actifs, « l'Etat pouvait choisir d'affecter le produit de la cession au désendettement et diminuer ainsi les intérêts de la dette, ou bien investir à long terme, ce qu'il fait », note Jérôme Sgard, économiste au Cepii.
« Il y a eu un arbitrage entre le court terme et le long terme, mais la cession revient à abandonner maintenant une partie du patrimoine pour accroître le potentiel de croissance à l'avenir », renchérit Mathieu Kaiser, économiste de BNP Paribas.
« Aujourd'hui, l'Etat reste impécunieux, mais pour une noble cause », juge pour sa part Elie Cohen. « Il semble seulement étonnant que la cession porte sur une participation aussi faible », ajoute-t-il.
La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a toutefois souligné lundi qu'il restait « de la marge » pour une nouvelle vente de titres EDF ouverte aux particuliers, qui pourrait intervenir dès 2008.
Avant l'annonce jeudi de cette cession, le montant des privatisations atteignait 3,7 milliards d'euros en 2007.
Fin septembre, Christine Lagarde avait annoncé que le gouvernement avait prévu de céder pour 5 milliards d'euros de participations de l'Etat en 2008, en fonction des « conditions de marché » et de leur « caractère stratégique ou non ».
Pour le parti socialiste, la vente de 2,5% du capital d’EDF n’est qu’un « tour de passe-passe comptable ». « La privatisation ne rapportera rien à EDF, ne va servir à l’Etat qu’à payer ce qu’il avait prévu de faire sur son propre budget », a estimé hier Bruno Le Roux, secrétaire national du PS.

Le mouvement étudiant faiblit

Ce « cadeau » de 3,7 milliards d’euros pour les universités va-t-il permettre de mettre fin à la mobilisation étudiante contre la loi Pécresse ? Hier, après être entré dans sa cinquième semaine, le mouvement semblait s’essouffler. Une quinzaine de sites restaient bloqués contre une quarantaine une semaine plus tôt. La coordination nationale étudiante a cependant appelé à de nouvelles journées de mobilisation aujourd’hui et jeudi afin de maintenir la pression sur le gouvernement.
La ministre de l’Enseignement supérieur Valérie Pécresse a indiqué dans une interview à Métro publiée mardi 4 décembre n’avoir pas modifié la loi sur l’autonomie des universités qui est restée « intacte » mais avoir « donné des garanties pour rassurer les étudiants quant à son contenu ». En revanche, les discussions avec les syndicats étudiants ont permis d’accélérer certains chantiers. « Dès janvier, un 6e échelon de bourse va être créé pour les 100 000 étudiants les plus défavorisés. Ils toucheront en 2008 des bourses d’un montant de 7,2% supérieur à ce qu’ils ont touché en 2007 », note Valérie Pécresse.
Quant aux 5 milliards d’euros dégagés pour financer un grand plan campus, un scénario sur lequel le gouvernement planche depuis plusieurs mois, ils permettront de « faire des interventions volontaristes et de grande ampleur sur les campus les plus dégradés, mais aussi de constituer des campus modèles qui auront une forte visibilité à l’international, et enfin d’accélérer les travaux de rénovation en cours », explique la ministre. A terme, Valérie Pécresse souhaite que la France soit doté de 15 ou 20 grands pôles universitaires de recherche et d’enseignement supérieur. Et « chaque pôle deviendra le porteur d’une ambition commune, celui qui donnera la visibilité internationale, rassemblera les écoles doctorales, la recherche mais aussi les grandes écoles ».

Francebourse.com – Manuelle Tilly, avec AFP


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