Le projet de loi sur le pouvoir d'achat, qui permet, entre autres mesures, le rachat de RTT jusqu'au 31 décembre 2009, a été adopté jeudi définitivement par le Parlement alors que les frustrations des salariés pèsent sur la cote de confiance, en chute, du chef de l'Etat.
A l'Assemblée puis au Sénat, l'UMP a voté pour et l'opposition contre ce texte qui inscrit dans la loi les annonces de Nicolas Sarkozy fin novembre (rachat des RTT, déblocage de la participation ou prime exceptionnelle de 1.000 euros, encadrement de la hausse des loyers).
A 38 jours de municipales, l'UMP a voulu envoyer un nouveau message aux électeurs, qui pourraient sanctionner en mars la majorité en raison de la stagnation de leur pouvoir d'achat alors que croît le prix des loyers, des carburants, des denrées alimentaires...
D'après les sondeurs, la détérioration de l'image de Nicolas Sarkozy, qui affirmait pendant sa campagne vouloir être « le président du pouvoir d'achat », témoigne d'une « frustration » de l'électorat sur ce sujet. « Nicolas Sarkozy se voulait le président du pouvoir d'achat et aujourd'hui, à part le sien, rien n'a augmenté pour les Français en termes de revenus », a lancé jeudi le patron du PS, François Hollande, lors d'un déplacement à Palaiseau (Essonne).
« Les Français sont impatients, ils veulent des résultats », a reconnu dans l'hémicycle l'un des orateurs UMP, Frédéric Lefebvre. « Ces sondages sont pour l'UMP un encouragement pour travailler plus et gagner plus la confiance de nos concitoyens », a ajouté le député sarkozyste, qui a imputé aux 35 heures le problème de pouvoir d'achat en France.
Frédéric Lefebvre et Jérôme Chartier (UMP), qui font un « tour de France du pouvoir d'achat », se sont prévalus d'autres sondages pour affirmer que les Français approuvaient les mesures sur l'encadrement des loyers, le déblocage de la participation et les heures supplémentaires.
La ministre du Logement Christine Boutin a tenté de chiffrer les bénéfices attendus par la loi: un ouvrier qui monétiserait 10 jours de RTT « verrait sa rémunération augmenter de 740 euros ». « Un cadre payé environ 3.800 euros par mois qui monétiserait 10 jours de RTT, gagnerait 1.950 euros en plus » par an.
Tous ces arguments n'ont pas convaincu la gauche qui a qualifié la loi de « supercherie » par la voix de la sénatrice PS Raymonde Le Texier. A l'Assemblée, Gérard Bapt (PS), a de nouveau dénoncé le paquet fiscal, prédit un « plan de rigueur » après les municipales et demandé un débat sur la situation économique et sociale de la France. Gérard Bapt a rappelé les propositions du PS pour le pouvoir d'achat: majorer de 50% la PPE, revaloriser les petites retraites, baisser la TVA sur les produits de première nécessité, renoncer au bouclier fiscal, taxer les compagnies pétrolières...
Au Sénat, Annie David (Communiste, républicain et citoyen) a redouté que le rachat des RTT ne remplace dans l'entreprise l'augmentation des salaires dans le cadre de la négociation annuelle obligatoire, qualifiant la loi d' « écran de fumée à la vraie préoccupation des salariés ».